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13/02/2025

Vous devez savoir que les lettres voyagent tout ouvertes, et que la vôtre a passé par Paris au lieu de passer par Limoges

.... C'est la version XVIIIè siècle des aléas du courrier qui, devenu immatériel aujourd'hui, transite par une foule de serveurs et est lisible par n'importe qui pour peu qu'il soit équipé d'un logiciel adéquat facilement disponible . Demandez au Chat-j'ai-pété ce qu'il en sait, vous verrez sa conclusion qui est conforme à ce que sait le Patriarche : https://talkai.info/fr/chat/

Le-Chat-pete-le-feu.jpg

Le seul chat qui fasse vraiment rire

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« A François Achard Joumard Tison, marquis d'Argence, Brigadier des armées

du roi etc.

À Angoulême

7è auguste 1769

Je reçois, mon cher et vertueux ami, votre lettre du 1er de ce mois. Vous devez savoir que les lettres voyagent tout ouvertes, et que la vôtre a passé par Paris au lieu de passer par Limoges.

Il y a un paquet adressé pour vous, à Limoges, par le coche de Lyon qui va en droiture. Il est à l’adresse du sieur Morand, trafiquant en pelleteries, pour vous être rendu. C’est par ce M. Morand que je vous écris ce petit billet . L’état cruel de ma santé ne me permet pas d’écrire de longues lettres.

Mandez-moi, je vous en prie, si ce billet et ce ballot vous sont parvenus.

Souvenez-vous toujours de votre ami, qui vous sera tendrement attaché tant qu’il respirera. »

Si les intolérants n’étaient que ridicules, ce ne serait qu’un demi-mal ; mais ils sont barbares, et c’est là ce qui est affreux. Si je faisais une religion, je mettrais l’intolérance au rang des sept péchés mortels

... On ne peut dire mieux , et ce triste constat est parfaitement d'actualité en ce bas monde .

 

 

« A Gottlob Louis, comte de Schomberg

4è auguste 1769

Je conçois bien, monsieur, que les guerriers grecs et romains faisaient quelquefois des cent lieues pour aller voir des grammairiens et des raisonneurs en us et en es ; mais qu’un maréchal de camp des armées des Welches 1, très entendu dans l’art de tuer son prochain, vînt visiter dans des déserts un vieux radoteur, moitié rimeur, moitié penseur, c’est à quoi je ne m’attendais pas. L’amitié dont vous m’honorez a été le fruit de ce voyage. Je vous assure qu’à votre camp de Compiègne le roi n’aura pas deux meurtriers plus aimables que vous et M. le marquis de Jaucourt. Vous avez tous deux rendu ma retraite délicieuse. Je vois que vous vous êtes bien aperçus que vous faisiez la consolation de ma vie, puisque vous me flattez d’une seconde visite. Il semble que je ne me sois séquestré entièrement du monde que pour être plus attaché à ceux qui, comme vous, sont si différents du monde ordinaire, qui pensent en philosophes, et qui sentent tous les charmes de l’amitié.

Je ne doute pas, monsieur, que votre suffrage ne contribue beaucoup au succès dont vous me dites que Les Guèbres sont honorés. Je souhaite passionnément qu’on les joue, parce que cet ouvrage me paraît tout propre à adoucir les mœurs de certaines gens qui se croient nés pour être les ennemis du genre humain. L’absurdité de l’intolérance sera un jour reconnue comme celle de l’horreur du vide et toutes les bêtises scolastiques. Si les intolérants n’étaient que ridicules, ce ne serait qu’un demi-mal ; mais ils sont barbares, et c’est là ce qui est affreux. Si je faisais une religion, je mettrais l’intolérance au rang des sept péchés mortels.

Je ne voudrais mourir que quand M. le duc de Choiseul aura bâti dans mon voisinage la petite ville de Versoix, où j’espère qu’on ne persécutera personne.

Adieu, monsieur ; vous m’avez laissé en partant bien des regrets, et vous me donnez des espérances bien flatteuses. Je vous suis attaché avec le plus tendre respect jusqu’au dernier jour de ma vie. »