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03/03/2025

Je voudrais que mon âge et ma santé me permissent d'être un jour le témoin de vos progrès

... Paroles papales de François qui est heureusement soigné par des médecins qui font plus d'effet que les moulins à prières sur pattes de la place Saint Pierre .

What's new : https://www.vaticannews.va/fr/pape.html

 

 

« A Jean Houel 1

et à Hubert Robert 2

Du château de Ferney 20 auguste 1769 3

Vous pardonnerez, messieurs, à un vieillard malade, s'il n'a pas répondu plus tôt à votre lettre obligeante . Je ne manquerai pas de vous faire tenir sa médaille, dès qu'elle sera finie ; vous me faites beaucoup d'honneur de l'accepter .

Je voudrais que mon âge et ma santé me permissent d'être un jour le témoin de vos progrès, et de renouveler, dans l'ancienne métropole des arts, les sentiments avec lesquels j'ai l'honneur d'être, messieurs, votre très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire. »

3 Original signé passé aux enchères , Karl et Faber (Munich le 16 mai 1936 ) ; éd. Œuvres complètes de Voltaire, 1873 . D'après le catalogue, la lettre est adressée à « Messieurs Houel et Robert à l'académie royale de Rome » dont la lettre ne nous est pas parvenue .

02/03/2025

je ne crois pas que les postes soient assez dérangées ou assez infidèles pour que mes paquets n'aient pas été reçus

... C'est un des services publics qui marche encore et que des raisons financières font rétrécir comme peau de chagrin . 

Bientôt nous aurons des guichets de poste couplés avec ceux de la banque et du dépôt de colis, menant tout droit vers une cabine de consultation médicale couplée à un drugstore et une borne de recharge électrique, tout ça avec une personne sensée originellement vendre tabac et journaux . Pourquoi ne fait-on pas le même raisonnement pour réduire les frais causés par nos élus et nos ministres ?

 

 

 

« A Marie-Louise Denis

rue Bergère vis-à-vis l'hôtel des Menus

à Paris

[19 août 1769] 1

Je répondis hier au soir vendredi à la lettre reçue par M. Des Franches . Je réponds aujourd'hui samedi 19 à 2 heures de l’après-midi, à la lettre du 15 août ou auguste 2 . Il y a dix jours que j'écrivis à M. le duc d'Aumont . Vous devez, ma chère amie, avoir reçu la copie de cette lettre par M. de La Borde, à qui j'en envoyai aussi une copie . M. d'Argental a eu la sienne 3 . Je fais aujourd'hui sur-le-champ ce qu'on me prie de faire, et je ne crois pas que les postes soient assez dérangées ou assez infidèles pour que mes paquets n'aient pas été reçus .

Je crois qu'on va jouer Les Guèbres à Bordeaux et à Lyon ; mais Dieu me préserve de demander qu'on les joue sitôt à Paris .

Ne me grondez donc point quand je pense en tout comme vous, et quand je fais à la minute tout ce qu'on veut que je fasse . La poste part ; je n'ai que le temps de vous dire combien je vous aime . »

1 Original, cachet « de Lyon » daté par Mme Denis « ce 11 auguste 1769 » mais on connaît ses démêles courants avec les dates .

2 Lettre Best., D 15826.

3 Mme Denis a demandé à V* d'écrire au duc d'Aumont pour Pandore ( lettre du 30 juillet 1769 ) et à Richelieu pour Les Scythes . Voir lettre à d'Aumont du 9 août 1769 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/02/15/blame-qui-ne-pourra-retomber-que-sur-moi-6535528.html

et à Richelieu du 30 août 1769 : https://www.monsieurdevoltaire.com/2015/09/correspondance-annee-1769-partie-29.html

J'oublie entièrement les choses auxquelles il n'y a point de remède

.... C'est dit, c'est fait .

 

 

« A Marie-Louise Denis

rue Bergère vis-à-vis l'hôtel des Menus

à Paris

Par Lyon ce 18 août au soir 1769

Je reçois dans ce moment votre lettre du 10 août 1 par M. Des Franches, ma chère amie . Elle est curieuse . D'abord je vous envoie par M Lefèvre la seconde édition d'un livre qui parait dans les pays étrangers 2 . Vous ne recevrez par ce courrier que le second volume pour ne pas faire un trop gros paquet . Il y en a encore d'autres éditions, mais elles ne sont pas parvenues jusqu'à moi .

Il y a quelques jours que j'envoyai par M. de La Sourdière à Mme la présidente 3 une petite édition fort jolie du Siècle de Louis XIV et de Louis XV, dans laquelle on avait inséré de petits papiers qui indiquaient les endroits les plus gérables pour son notaire et pour M. de La Sourdière lui-même . Peut-être n'y aura-t-on pas fait beaucoup d'attention, mais on ne me saura pas mauvais gré .

Venons au fait actuellement . Je suis bien vieux et bien faible ; je ne suis pas fait pour habiter auprès de Gonesse 4, à moins que je n'y vécusse dans la plus profonde solitude . Je touche à ma soixante et seizième année, tout fracas me tuerait en trois jours . Si j'allais auprès de Gonesse, ce ne serait que pour vous voir et pour y être ignoré .

Je dis plus que jamais : Vanité des vanités, et tout n'est que vanité 5. Cependant j'aurais la vanité de souhaiter que Les Guèbres réussissent . Je suis persuadé qu'ils seront très bien joués par La Harpe . Vous faites très bien d'y aller, et je ne veux pas qu'il croient jamais que je me plaigne de lui 6 . J'oublie entièrement les choses auxquelles il n'y a point de remède 7. Ce serait pour moi une chose essentielle que cette tragédie réussit ; j'en suis le parrain, j'ai aidé l'auteur, je m'y intéresse comme si je l'avais faite . Mais quand on la jouerait actuellement sur le théâtre de Paris, je ne pourrais venir la voir, quelque envie que j'aie de vous embrasser . Non seulement il me faut du temps pour raccommoder un peu ma machine, mais la crise où je suis avec les agents de M. de Virtemberg ne me permet guère de m'écarter avant le mois de novembre ; je ne crois pas d'ailleurs qu'avant ce temps-là il faille faire la moindre tentative pour les affaires que je puis avoir avec le notaire Wim 8. Il serait bon sans doute de ménager les bonnes intentions de Mme la présidente Le Long . Je dois absolument ignorer si elle est bien ou mal avec votre beau-frère . Mon âge et mon éloignement me mettent à couvert de toutes ces tracasseries de famille .

La conduite de M. et Mme Binet ne me parait pas adroite , mais je le crois riche et au-dessus de ses affaires .

Pour moi tout ce que je puis dire pour le moment présent, c'est que je dois envisager une mort prochaine et qu'il faut que je vous embrasse avant de sortir de ce monde . Encore une fois, attendons jusqu'au mois de novembre . Si je suis assez heureux pour être en état de venir passer trois mois avec vous, et vous amener ensuite à votre campagne, je voudrais absolument ne prendre que l'appartement de Mme Dupuits ; j'y serais très bien, je n'irais souper chez qui que ce soit, je ne sortirais point ; nous donnerions à souper chez nous à nos amis trois ou quatre fois par semaine, après quoi vous viendriez voir votre château et votre Châtelard, qui consolent bien de toutes les amertumes de la vie, et qui font oublier toutes les illustres misères de ce monde .

Adieu ma chère amie, vous êtes ma consolation et mon espérance . »

1 Il s'agit d'une seconde lettre du même jour où Mme Denis parle librement des intrigues opposant à la cour Choiseul et Mme Du Barry . Mme Denis propose à V* de venir à Paris, en disant « que ce n'est que pour trois mois », puis éventuellement de s'y installer, en achetant une maison de campagne . Après avoir convenu d'un code pour désigner les principaux personnages de la cour ('« je serai en état de vous mander dans huit jours la réponse du roi . Je l'appellerai M. de La Vime, Mme Du Barry Mme Le Long, vous M. Talon, et M. de Choiseul mon beau-frère », elle conclut en disant à son oncle « Souvenez-vous bien qu'il faudra que vous accordiez Mme Du Barry avec M. de Choiseul » . Le porteur de la lettre devait être le sieur Des Franches, d’où la liberté d'expression de Mme Denis .

2La seconde édition de l'Histoire du Parlement de Paris

3 Cet exemplaire destiné à Mme Denis avait été envoyé en même temps que la lettre du 31 juillet 1769 à Richelieu : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/02/04/bien-presenter-cette-edition-telle-qu-elle-est-sans-oter-les-6533870.html

4 Dans la région Nord de paris ; allusion au projet de maison de campagne de Mme Denis .

6 Dans la lettre évoquée plus haut, Mme Denis a rapporté à V* que La Harpe l'a invitée à assister à une représentation privée des Guèbres à Orangis, avec les d'Argental : « […] M. d'Argental a accepté et veut que j'y aille avec lui. Je me suis hasardée dans l’espoir que le ministre prendrait bien la chose . »

7 Par cette phrase, V* peint un aspect intéressant de son caractère . Il « oublie entièrement les choses auxquelles il n'y a point de remède » pour se consacrer à celles sur lesquelles il peut agir .

8 Wim est une variante du nom de code Vim, Vime ou Vimes désignait Louis XV ; voir lettre du 11 septembre 1769 à Mme Denis .

01/03/2025

Il est vrai qu’on commence toujours à Paris par s’opposer à tout ce que l’Europe approuve... Mais à la fin la voix de la raison l’emporte toujours sur les réquisitoires

... Devenir raisonnables ? Pas toujours, hélas , mon cher Patriarche ! Trop d'intérêts particuliers sont en jeu .

 

 

« A Louise-Florence-Pétronille de Tardieu d'Esclavelles d'Épinay

17è auguste 1769

Il y a un mois, ma belle philosophe, que le solitaire des Alpes devrait vous avoir écrit ; mais je ne fais pas toujours ce que je veux ; ma santé n’est pas aussi forte que mon attachement pour vous.

Je trouve que notre cher prophète 1 est bien sage et bien habile d’avoir fait le voyage de Vienne ; il sera connu et protégé par madame la dauphine 2 longtemps avant qu’elle parte pour Paris. Il est impossible que son mérite ne lui procure pas quelque place plus avantageuse, et il sera peut-être un jour à portée de faire un bien réel a la philosophie. Je vous prie, madame, de lui dire combien je l’approuve et combien j’espère.

On dit que Les Guèbres, dont vous me parlez, rencontrent quelques difficultés sur la permission de se montrer en public. Cela est bien injuste ; mais il est à croire que cette petite persécution finira comme la pièce, par une tolérance entière. Les esprits de tous les honnêtes gens de l’Europe penchent vers cette heureuse tolérance. Il est vrai qu’on commence toujours à Paris par s’opposer à tout ce que l’Europe approuve. Notre savante magistrature condamna l’art de l’imprimerie dès qu’il parut , tous les livres contre Aristote, toutes les découvertes faites dans les pays étrangers, la circulation du sang, l’usage de l’émétique, l’inoculation de la petite vérole ; elle a proscrit les représentations de Mahomet, elle pourrait bien en user ainsi avec Les Guèbres et la tolérance. Mais à la fin la voix de la raison l’emporte toujours sur les réquisitoires ; et puisque l’Encyclopédie a passé, Les Guèbres passeront, surtout s’ils sont appuyés par le suffrage de ma belle philosophe. Il faut que les sages parlent un peu haut, pour que les sots soient enfin obligés à se taire. Je connais l’auteur des Guèbres ; je sais que ce jeune homme a travaillé uniquement dans la vue du bien public ; il m’a écrit qu’il espérait que les philosophes soutiendraient la cause commune avec quelque chaleur. C’est dommage qu’ils soient quelquefois désunis ; mais voici une occasion où ils doivent se rallier.

Puissent-ils, madame, se rassembler tous sous vos drapeaux ! Je fais des vœux, du fond de ma retraite, pour que les disciples de saint Paul ne persécutent point les disciples de Zoroastre. D’ailleurs, en qualité de jardinier, je dois m’intéresser à Arzame 3, la jardinière. Vous êtes un peu jardinière aussi ; voyez que de raisons pour crier en faveur des Guèbres !

J’ajoute à toutes ces raisons que je suis serviteur du Soleil autant que les Parsis. Je n’ai de moments passables que quand cet astre veut bien paraître sur mon horizon ; ainsi c’est ma religion que je défends. Cependant il y a une divinité que je lui préfère encore, c’est celle que je vis à Genève il y a quelques années : elle avait de grands yeux noirs et infiniment d’esprit . Si vous la connaissez, madame, ayez la bonté de lui présenter mes très humbles respects. »

1 Grimm.

2 Marie-Antoinette.