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09/03/2009

Ce n’est pas le moyen de plaire au peuple

« A Anne-Louise-Bénédicte de Bourbon-Condé, duchesse du Maine

 

 

                                   Ma protectrice,

 

                                   En arrivant de Versailles, et non pas de la cour [il n’habitait pas, cette fois, le château et passait une grande partie de son temps à travailler dans sa chambre], j’ai appris que V.A.S. voulait me donner de nouveaux ordres, et de nouveaux conseils lundi [pour la représentation qui doit avoir lieu chez elle]. Elle est la maîtresse de tous les jours de ma vie, et j’ai assurément pour elle autant de respect que La Motte [Houdar de La Motte, mort en 1731, qui avait participé aux fêtes littéraires à la cour de Sceaux]. J’attendrai demain les Pégases qui doivent me mener au seul Parnasse que je connaisse, et aux pieds de ma protectrice.

 

                                   A Paris ce dimanche [vers mars 1750]

 

                                   Si Votre Altesse Sérénissime le permet, je coucherai à Sceaux. »

 

 

 

 

 

 

 

« A Jean Vasserot de Châteauvieux

 

 

             Voici le fait.

             Le nommé Bourgeois, engagé à Lausanne pour jardinier sous la convention expresse que je le renverrais si je n’étais pas content de lui, convention dont je peux faire serment, a été non seulement surpris par Mlle Mathon [Marie-Thérèse,femme de chambre de Mme Denis] vendant les légumes de mon jardin, mais a causé mille scandales dans ma maison, n’a jamais travaillé, et a bu le vin de Bourgogne qu’on a volé à M. le professeur Pictet. On l’a chassé. Il mérite punition, et c’est une très mauvaise politique à MM. les magistrats de Genève de souffrir que les domestiques leur fassent la loi. Ce n’est pas le moyen de plaire au peuple ; mais d’être écrasé par le peuple. Cette ville est peut-être la seule au monde où les domestiques soient les maîtres. Si le nommé Bourgeois s’était conduit ainsi à Tournay ou à Ferney, je l’aurais fait mettre au cachot. Je déteste le despotisme, mais il faut subordination et justice. Voila mon code.

 

             Maintenant, je vous supplie mon cher Monsieur, de vouloir bien me dire comment il faut [   ] un jardinier [   ][manques dus au manuscrit endommagé] qui est huit jours sans travailler. Peut-on alors présenter requête contre lui ? et demander permission de le renvoyer poliment ?

        

             Au reste, Monsieur, mademoiselle Mathon non seulement a pris le jardinier en question en flagrant délit de vol domestique, mais Mlle Genou, étrangère, y était présente. Elle est à Paris. Nous ferons venir sa déposition par-devant notaire.

 

             Il est d’une extrême conséquence, dans une grosse maison, de n’être pas l’esclave de ceux qui sont à nos gages.

 

             J’attends vos ordres et vos avis submisse.

 

                                  

                                   A l’égard de Chouet [fils de syndic, devenu fermier chez De Brosses et chassé par Voltaire à Tournay ; « dans quel état noble ivrogne Chouet a mis votre terre » écrivit-il a De Brosses] il a le vin fripon.

 

 

                                   Voltaire

                                   Mars 1759. »

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