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11/08/2009

nous disons prodigieusement de sottises, nous en faisons beaucoup, mais tout cela passe bien vite

 

"Nous sommes actuellement dans la plus belle saison du monde ; voilà un temps charmant pour battre les Turcs"...  Note : mettre qui vous passe par la tête : fanatiques iraniens et  irakiens, al quaïda, dictateurs de tous pays, enfin tous ceux qui d'une manière ou d'une autre font la  honte de l'humanité .

Plus que jamais  ECR[ASONS] L'INF[AME]

 

 

 

 

 

Volti, ce jour ton parti pris est un peu celui de Gribouille qui se jette dans la mare pour ne pas être mouillé par la pluie. Pour Catherine, d'accord, tu espère avoir quelque influence sur elle et tu es le roi de la flatterie ; il est vrai qu'entre deux maux il faut choisir le moindre, progrès russe ou barbarie turque, le choix est vite fait ; quelques propos excessifs :"Je voudrais avoir du moins contribué à vous tuer quelques Turcs.avec un petit coup de griffe   pour l'Eglise    "  On dit que pour un chrétien c’est une œuvre fort agréable à Dieu"   et rattrappage -après double salto vrillé- sur la pointe des pieds : "Cela ne va pas à mes maximes de tolérance ; mais les hommes sont pétris de contradictions ; et d’ailleurs Votre Majesté me tourne la tête."

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 «  A Catherine II, impératrice de Russie

 

 

                            Madame,

 

                            Chaque lettre [la minute conservée à la Bibliothèque Nationale portait avant seconde correction « La lettre du 1er juillet… »] dont Votre Majesté Impériale m’honore me guérit de la fièvre que me donnent les nouvelles de Paris. On prétendait que vos troupes avaient eu partout de grands désavantages, qu’elles avaient  évacué entièrement la Morée et la Valachie, que la peste s’était mise dans vos armées, que tous les revers avaient succédé à vos succès [suite à ces revers, les Russes on gagné sur mer le 7 juillet à Tschesmé et sur les bords du Danube le 8 à la Larga et le 17 à Kagoul]. Votre Majesté est mon médecin, elle me rend une pleine santé. Je ne manque pas d’écrire sur le champ l’état des choses dès que j’en suis instruit. J’allonge le visage de ceux qui attristaient le mien.

 

 

                            Daignez-donc, Madame, avoir la bonté de me conserver cette santé que vous m’avez rendue. Il ne faut pas abandonner son malade dans sa convalescence.

 

 

                            J’ai encore des petits ressentiments de fièvre quand je vois que les Vénitiens ne se décident pas ; que les Géorgiens n’ont pas formé une armée, et qu’on n’a nulle nouvelle positive de la révolution de l’Égypte.

 

 

                            Il y a un Brahilou, un Bender [Braïlov en Valachie sur le Danube et Bender en Moldavie sur le Dniester] et qui me causent encore des insomnies. Je vois dans mes rêves leurs garnisons prisonnières de guerre, et je me réveille en sursaut.

 

 

                            Votre Majesté dira que je suis un malade bien impatient, et que les Turcs sont beaucoup plus malades que moi. Sans mes principes d’humanité, je dirais que je voudrais les voir tous exterminés ou du moins chassés si loin qu’ils ne reviennent jamais.

 

 

Nous autres Français, Madame, nous valons mieux qu’eux ; nous disons prodigieusement de sottises, nous en faisons beaucoup, mais tout cela passe bien vite, on ne s’en souvient plus au bout de huit jours. La gaieté de la nation semble inaltérable. On apprend à Paris le tremblement de terre  qui a bouleversé trente lieues de pays à Saint Domingue, on dit : « C’est dommage », et on va à l’opéra. Les affaires les plus sérieuses sont tournées en ridicule.

 

 

                            Nous sommes actuellement dans la plus belle saison du monde ; voilà un temps charmant pour battre les Turcs. Est-ce que ces barbares-là attaqueront toujours comme des houzards ? ne se présenteront-ils jamais bien serrés pour être enfilés par quelques-uns de mes chars babyloniques ?[lors de la Guerre de Sept ans V* avait déjà proposé les plans d’un char nouveau « …d’une fabrique toute différente de ceux de l’Antiquité » : refusés , bien sûr] Je voudrais avoir du moins contribué à vous tuer quelques Turcs. On dit que pour un chrétien c’est une œuvre fort agréable à Dieu. Cela ne va pas à mes maximes de tolérance ; mais les hommes sont pétris de contradictions ; et d’ailleurs Votre Majesté me tourne la tête.

 

 

                            Encore une fois, Madame, quelques nouvelles par charité de cinq ou six villes prises, et de cinq ou six combats gagnés, quand ce ne serait que pour faire taire l’envie.

 

 

                            Je me mets aux pieds de Votre Majesté Impériale avec le plus profond respect et la plus vive impatience.

 

 

                            L’ermite de Ferney

                            A Ferney 11è Auguste 1770. »

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