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05/04/2010

je suis indigné contre ceux qui m’attribuent tant de belles choses

http://www.youtube.com/watch?v=FZIoarxXqmA

 

 http://images.google.fr/imgres?imgurl=http://farm4.static...

 

 

 http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Juste_de_Beauvau-Craon

 

Beauvau Craon_Charles_Juste.jpg

 

 

« A Charles-Just de Beauvau, prince de Beauvau-Craon

 

A Ferney 5è avril 1771

 

             Je me jette aux pieds de mon très respectable confrère [qui vient d’être élu à l’Académie]  qui veut bien m’appeler de ce nom, comme un chêne est le confrère d’un roseau. Le roseau en levant sa petite tête dit très humblement au chêne : « Ceux de Dodone n’ont jamais mieux parlé. » Il est vrai, illustre chêne, que vous n’avez point prédit l’avenir, mais vous avez raconté le passé avec une noblesse, une décence, une finesse, un art admirable [dans le discours de réception à l’Académie].

 

             En parlant de ce que le roi a fait de grand et d’utile, vous avez trouvé le secret de faire l’éloge d’un ministre votre ami [Choiseul, qui vient de tomber en disgrâce], dont les soins ont rendu le Comtat d’Avignon à la couronne, subjugué et policé la Corse, rétabli la discipline militaire,  et assuré la paix à la France. Vous avez sacrifié à l’amitié et à la vérité. Je n’ai que deux jours à vivre, mais j’emploierai ces deux jours à aimer et à révérer un grand ministre qui m’a comblé de bontés, et le roi approuvera ma reconnaissance.

 

             Je ne me mêle pas assurément des affaires d’Etat ; ce n’est pas le partage des roseaux ; j’applaudis comme vous l’érection des six conseils, à la justice rendue gratuitement, aux frais de justice dont les seigneurs des terres sont délivrés [réforme de Maupéou]; mais je n’écris point sur ces objets ; j’en suis bien loin ; et je suis indigné contre ceux qui m’attribuent tant de belles choses [en 1771, il a pourtant écrit l’Avis important d’un gentilhomme à toute la noblesse du royaume (en janvier), le Fragment d’une lettre écrite de Genève le 19 mars 1771 par un bourgeois de cette ville, à un bourgeois de L***, la Lettre d’un jeune abbé, la Réponse aux remontrances de la cour des Aides, les Sentiments des six conseils établis par le roi et de tous les bons citoyens, les Très humbles et très respectueuses remontrances du grenier à sel].

 

             Il y a, entre autres écrits, un Avis important à la noblesse de France [dont il est bien l’auteur], dont la moitié est prise mot pour mot d’un petit livre d’un jésuite, intitulé Tout se dira [Tout se dira, ou l’esprit des magistrats destructeurs (1763) de André Christophe Balbany]; et on a l’injustice et l’ignorance de m’imputer cette feuille qui n’est qu’un réchauffé. Qu’on m’impute Barmécide [Epître à la duchesse de Choiseul, après la disgrâce de son mari : Benaldaki à Caramoufle, femme de Giafar le Barmécide], voilà mon ouvrage ; je le réciterai au roi.

 

             Mais dans ma vieillesse et dans ma retraite, je ne peux que rendre justice obscurément et sans bruit au mérite. C’est ainsi que ce pauvre roseau cassé en use avec le beau chêne verdoyant ; auquel il présente son profond respect.

 

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