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13/04/2010

bien faire connaître ma façon de penser, qui n’est ni d’un superstitieux, ni d’un athée

 http://www.youtube.com/watch?v=JnjTpzNdeoo

 

 Des Enfoirés qui se bougent le cul : je dis respect ! et merci !

Volti les aurait encouragés, faute de chanter avec eux.

Volti a été de cette trempe des véritables philanthropes qui ont aidé sur le terrain les démunis : je dis bravo et merci Volti !

Par delà le temps, il reste un exemple !

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« A Pierre-Robert Le Cornier de Cideville

 

Aux Délices près de Genève

12 avril 1756

 

             J’ai tant fait de vers, mon cher et ancien ami, que je suis réduit à vous écrire en prose [Cideville le 11 mars lui a envoyé une épître en vers et demandé des vers à V*]. J’ai différé à vous donner de mes nouvelles comptant vous envoyer à la fois le poème sur le désastre de Lisbonne, sur le tout est bien, sur la loi naturelle : ouvrages dont on a donné à Paris des éditions toutes défigurées [Cf. lettres du 22 mars à la duchesse de Saxe-Gotha et d’Argental]. Obligé de faire imprimer moi-même ces deux poèmes, j’ai été dans la nécessité de les corriger [une édition spéciale de ceux-ci parait à Genève ; vite épuisée, on réédite en mai, conforme à la première ; entre-temps, ils paraitront en Supplément aux Mélanges dans les Œuvres Complètes par  Cramer et imprimés aussi à Paris]. Il a fallu dire ce que je pense et le dire d’une manière qui ne révoltât ni les esprits trop philosophes, ni les esprits trop crédules. J’ai vu la nécessité de bien faire connaître ma façon de penser, qui n’est ni d’un superstitieux, ni d’un athée. Et j’ose croire que tous les honnêtes gens seront de mon avis.

 

             Genève n’est plus le Genève de Calvin, il s’en faut beaucoup. C’est un pays rempli de vrais philosophes. Le christianisme raisonnable de Locke est la religion de presque tous les ministres, et l’adoration d’un Etre suprême jointe à la morale est la religion de presque tous les magistrats. Vous voyez par l’exemple de Tronchin que les Genevois peuvent apporter en France quelque chose d’utile [Théodore Tronchin , médecin genevois, est allé à Paris et pratique l’inoculation, en particulier sur le duc de Chartres. Ce 12 avril, V* écrit à la comtesse de Lutzelbourg les noms des grands qui vont être inoculés : les enfants de La Rochefoucauld et du maréchal de Belle-Isle, Mme de Villeroy]. Vous avez eu cette année des bords de notre lac l’insertion de la petite vérole, Idamé [personnage de L’Orphelin de la Chine], et La Religion naturelle.

 

             Mes libraires se sont donné le plaisir d’assembler dans leurs villes les chefs du Conseil et de l’Eglise et de leur lire mes deux poèmes. Ils ont été universellement approuvés dans tous les points. Je ne sais si la Sorbonne en ferait autant. Comme je ne suis pas en tout de l’avis de Pope, malgré l’amitié que j’ai eue pour sa personne et l’estime sincère que je conserverai toute ma vie pour ses ouvrages, j’ai cru devoir lui rendre justice dans ma préface aussi bien qu'a notre illustre ami M. l’abbé du Resnel [qui n’est pas nommément cité par V* ; il dit que l’ouvrage a été « traduit par des hommes dignes de le traduire. »] qui lui a fait l’honneur de le traduire, et souvent lui a rendu le service d’adoucir les duretés de ses sentiments. Il a fallu encore des notes. J’ai tâché de fortifier toutes les avenues par lesquelles l’ennemi pouvait  pénétrer. Tout ce travail a demandé du temps. Jugez, mon cher et ancien ami, si un malade chargé de cette besogne, et encore d’une Histoire universelle qu’on imprime, et qui plante, et qui fait bâtir, et qui établit une espèce de petite colonie, a le temps d’écrire à ses amis. Pardonnez-moi donc si je parais si paresseux dans le temps que je suis le plus occupé. Mandez-moi comment je peux vous adresser mon tout n’est pas bien, et ma Religion naturelle. J’ignore si vous êtes encore à Paris ; je ne sais où est M. l’abbé du Resnel. Je vous écris presque au hasard sans savoir si vous recevrez ma lettre. Mme Denis vous fait mille compliments.

 

             V.

 

    Il y a longtemps que je n’ai vu les paperasses dont les Cramer ont farci leur édition. Ils ont jugé une petite lettre en vers [du 13 mars 1741,de Bruxelles,et qui commence par  « Devers Pâques on doit pardonner/ Aux chrétiens qui font pénitence !/ Je la fais ;… »] qui vous est adressée digne d’être imprimée. Ils se sont trompés, mais le plaisir de voir un petit monument de notre amitié m’a empêché de m’opposer à l’impression.

 

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