Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

15/07/2010

Je m'étonne que, parmi tant de démonstrations alambiquées de l'existence de Dieu, on ne se soit pas avisé d'apporter le plaisir en preuve.

 Pour la première fois depuis la période révolutionnaire, et celle de Voltaire qui la précéda,hier, un feu d'artifice a été tiré depuis le parc du château de Voltaire .

Très beaux feux accompagnés -et soulignant- de la musique de Rameau et le livret de Volti écrits pour la Princesse de Navarre .

http://www.youtube.com/watch?v=9tvN6KwMSCI&feature=related

http://www.youtube.com/watch?v=HBex8q0XSrw&NR=1

http://www.youtube.com/watch?v=wuoFMFIFqqM&feature=related

http://www.youtube.com/watch?v=qDbgTWtPrLc&feature=related

 

Plusieurs milliers de personnes ont donc franchi les grilles et profité du spectacle, non sans avoir, pour beaucoup, profité des frites et grilllades diverses, d'un petit orchestre très dynamique et de l'illumination de la façade du château.

Ah! j'allais oublier !

Temps superbe qui aurait fait baver d'envie le président (comment quel président ? le grand N.S. bien évidemment, qui se prend parfois pour l'autre N.S., Notre Seigneur ...) s'il n'avait pas eu le nez creux en annulant la garden party élyséenne.

Ici, les invités payaient leur nourriture et leur boisson ! Et ne cherchaient pas à se montrer devant la caméra .

 

Révolutionnaire !

"quand le prince enrichit ses sujets, il faut bien que leurs taxes augmentent.": petit détail, juste pour donner du coeur au ventre à ceux qui partent en vacances, une "mesurette" démesurée d'augmentations programmées pour les tax payers que nous sommes .Nous ne sommes plus au siècle de Voltaire, où philosophiquement il admettait de payer plus en gagnant plus ; de nos jours payons d'abord pour enrichir le(s) prince(s), et tâchons de nous enrichir, en nous serrant la ceinture.

Amusez-vous bien quand même ...

 

 

« A Frédéric, prince héritier de Prusse


 

[Vers le 15 juillet 1738]

Monseigneur,


 

Quand j'ai reçu le nouveau bienfait dont Votre Altesse Royale m'a honoré,[le 17 juin, Frédéric a envoyé en même temps que des réflexions métaphysiques, ses Considérations sur l'état présent du corps politique de l'Europe, et « un meuble » pour le cabinet de Mme du Châtelet] j'ai songé aussitôt à lui payer quelques nouveaux tributs. Car quand le prince enrichit ses sujets, il faut bien que leurs taxes augmentent . Mais, Monseigneur , je ne pourrai jamais vous rendre ce que je dois à vos bontés. Le dernier fruit de votre loisir est l'ouvrage d'un vrai sage, qui est fort au-dessus des philosophes ; votre esprit sait d'autant mieux douter qu'il sait mieux approfondir. Rien n'est plus vrai, Monseigneur, que nous sommes dans ce monde sous la direction d'une puissance aussi invisible que forte, à peu près comme des poulets qu'on a mis en mue pour un certain temps, pour les mettre à la broche ensuite, et qui ne comprendront jamais par quel caprice le cuisinier les fait ainsi encager ; je parie que si ces poulets raisonnent, et font un système sur leur cage, aucun ne devinera que c'est pour être mangés qu'on les a mis là. Votre Altesse Royale se moque avec raison des animaux à deux pieds qui pensent savoir tout ; il n'y a qu'un bonnet d'âne à mettre sur la tette d'un savant qui croit savoir bien ce que c'est que la dureté, la cohérence, le ressort, l'électricité, ce qui produit les germes, les sentiments, la faim, ce qui fait digérer, enfin qui croit connaitre la matière, et qui pis est l'esprit ; il y a certainement des connaissances accordées à l'homme ; nous savons mesurer, calculer, peser jusqu'à un certain point. Les vérités géométriques sont indubitables, et c'est déjà beaucoup ; nous savons à n'en pouvoir douter, que la lune est beaucoup plus petite que la terre, que les planètes font leur cours suivant une proportion réglée, qu'il ne saurait y avoir moins de trente millions de lieues de trois mille pas d'ici au soleil ; nous prédisons les éclipses, etc. Aller plus loin est un peu hardi, et le dessous des cartes n'est pas fait pour être aperçu. J'imagine les philosophes à systèmes comme des voyageurs curieux, qui auraient pris les dimensions du sérail du Grand Turc, qui seraient même entrés dans quelques appartements, et qui prétendraient sur cela deviner combien de fois Sa Hautesse a embrassé sa sultane favorite, ou son icoglan,[un page du Grand seigneur] la nuit précédente.



 

Mais, Monseigneur, pour un prince allemand, qui doit protéger le système de Copernic, Votre Altesse Royale me paraît bien sceptique ; c'est céder un de vos États pour l'amour de la paix ; ce sont des choses, s'il vous plait, qu'on ne fait qu'à la dernière extrémité ; je mets le système planétaire de Copernic, moi, petit Français, au rang des vérités géométriques, et je ne crois point que la montagne de Malabar puisse jamais le détruire.[le 17 juin, Frédéric écrit : « … tous ces systèmes (des « philosophes ») ont un degré de probabilité, cependant ils secontredisent tous. Les Malabares ont calculé les révolutions des globes célestes sur le principe que le soleil tournait autour d'une grande montagne de leur pays, et ils ont calculé juste. »]



 

J'honore fort messieurs du Malabar, mais je les crois de pauvres physiciens . Les Chinois, auprès de qui les Malabares sont à peine des hommes, sont de fort mauvais astronomes . Le plus médiocre jésuite est un aigle chez eux ; le tribunal des mathématiques de la Chine, avec toutes ses révérences et sa barbe en pointe, est un misérable collège d'ignorants, qui prédisent la pluie et le beau temps, et qui ne savent pas seulement calculer juste une éclipse ; mais je veux que les barbares du Malabar aient une montagne en pain de sucre, qui leur tient lieu de gnomon [= cadran solaire] . Il est certain que leur montagne leur servira très bien à leur faire connaître les équinoxes, les solstices, le lever et le coucher du soleil et des étoiles, les différences des heures, les aspects des planètes, les phases de la lune ; une boule au bout d'un bâton nous fera les mêmes effets en rase campagne, et le système de Copernic n'en souffrira pas.



 

Je prends la liberté d'envoyer à Votre Altesse Royale mon système du plaisir [cinquième Discours sur l'homme]; je ne suis point sceptique sur cette matière, car depuis que je suis à Cirey, et que Votre Altesse Royale m'honore de ses bontés, je crois le plaisir démontré.



 

Je m'étonne que, parmi tant de démonstrations alambiquées de l'existence de Dieu, on ne se soit pas avisé d'apporter le plaisir en preuve. Car , physiquement parlant, le plaisir est divin, et je tiens que tout homme qui boit de bon vin de Tokay, qui embrasse une jolie femme, qui, en un mot, a des sensations agréables, doit reconnaître un être suprême et bienfaisant ; voilà pourquoi les anciens ont fait des dieux de toutes les passions ; mais comme toutes les passions nous sont données pour notre bien-être, je tiens qu'elles prouvent l'unité d'un Dieu car elles prouvent l'unité de dessein. Votre Altesse Royale permet-elle que je consacre cette épître à celui que Dieu a fait pour rendre heureux les hommes,[le Discours comporte une adresse au « Grand prince, esprit sublime, heureux présent du ciel » (= Frédéric) que V* modifiera après la mésaventure de Francfort] à celui dont les bontés font mon bonheur et ma gloire ? Mme du Châtelet partage mes sentiments. Je suis avec un profond respect et un dévouement sans bornes,



 

Monseigneur, etc . »

 

 

Les commentaires sont fermés.