18/07/2010
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« A Marie-Thérèse Geoffrin
rue Saint-Honoré à Paris.
18 juillet [1760]
Oui, Madame, c'est Alexis Kouranskoy qui a eu l'honneur de vous envoyer les dernières volontés de son cousin Alétof.[de V* :Le Russe à Paris, Petit poème en vers alexandrins composé à Paris au mois de mai 1760, par M. Ivan Alethof ; cf. lettre du 30 juin . Vorontsov en accusât réception : « Je viens de recevoir de M. Alethof, cousin de M. Kouranskoy, le discours dont M. Kouranskoy l'avait fait dépositaire. »]. Ce Russe a su de vos nouvelles, Madame ; M. de Marmontel lui en avait beaucoup parlé dans son dernier voyage en Orient, au pays des lacs et des montagnes [il est venu aux Délices de fin mai à fin juin 1760]. Alexis Kouranskoy était instruit de plusieurs merveilles de votre bonne ville de Paris ; il savait ce qui s'était passé sur les tréteaux au faubourg qu'on appelle Saint-Germain, à une certaine représentation d'une comédie gaie, tendre, touchante, et tout à fait honorable pour la France [de Palissot : Les Philosophes ; D'Alembert écrit le 6 mai que 450 billets ont été donnés à la claque pour la première représentation]. Il avait été très édifié de l'honneur que M. Lefranc de Pompignan avait fait à sa patrie dans sa harangue à l'Académie. Il savait positivement que le roi avait été enchanté du Mémoire de Lefranc de Pompignan [fait en réponse aux Quand de V*, qui répondait à l'agressif Discours de réception à l'Académie de Pompignan ; Mémoire présenté au roi le 11 mai 1760, à la suite de quoi il battit en retraite et se réfugia dans son château] ; qu'il se le fait lire tous les jours à son souper, et qu'il regarde actuellement Montauban comme la première ville de son royaume, puisqu'elle a produit Lefranc de Pompignan.
Alexis Kouranskoy a vu avec un extrême plaisir une ou deux pages d'un nommé Fréron [dans l'Année littéraire], et il ne sait si ce Fréron n'est pas pour le moins un aussi grand homme que Pompignan, mais l'un et l'autre mis ensemble ne pourront jamais égaler Ramponeau [cabaretier très populaire qu'un entrepreneur de spectacles, Gaudon, en 1760, voulut montrer sur son théâtre, conclut un marché avec lui, mais Ramponeau n'honora pas son contrat ; Élie de Beaumont, avocat, fit un Mémoire contre Ramponeau ; le procès qui n'eut jamais lieu donna lieu à de nombreuses facéties ; en juin 1760, V* écrit Plaidoyer de Ramponeau] . Il est juste que l'admiration des étrangers se signale dans ce temps de merveilles. M. Alétof, en mourant recommanda très expressément à son cousin d'envoyer un exemplaire à Madame de Geoffrin, attendu qu'elle doit être pénétrée de respect et de reconnaissance pour l'auteur de la charmante comédie qui a fait courir tout Paris [Les Philosophes de Palissot, jouée le 2 mai 1760 pour la première fois].
On la soupçonne d'être en effet, comme elle le dit, dans un coin de sa chambre quand tant de gens sortent de chez eux pour aller admirer tant de merveilles. Les sages restent dans leurs coins tandis que les autres jouissent en public de leur beau triomphe.
Madame de Geoffrin est très humblement suppliée de vouloir bien demander à Marmontel des nouvelles de la goutte qu'il a à la main droite. Mme Denis s'attendait à une petite lettre d'honnêteté de ce voyageur [suite à sa venue aux Délices]; il avait promis d'écrire des nouvelles de tout ce qu'il y a de bon et d'excellent dans Paris ; apparemment que chat échaudé craint l'eau froide [Marmontel a été embastillé fin décembre 1759 et a perdu sa place au Mercure . Thiriot le 30 juillet écrit qu'une lettre de Marmontel dit avoir écrite à V* a fait décacheter toutes les lettres de V* et de ses amis et a fait refuser le contreseing des fermiers généraux]; mais encore faut-il être avec ses amis , quand on n'ose pas être bavard.
Alexis se met aux pieds de Madame de Geoffrin. »
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