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12/08/2010

Savez-vous que les rois et les beaux esprits se rencontrent ?

Grands esprits :

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Pour bébé qui est un grand esprit en devenir :

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Esprit, soutiens de mon pouvoir/espoir ! comme le prie/crie actuellement un président en déroute, et ses collègues :

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Bien que je ne sois pas fan de rap, surtout parce que c'est la négation de la musique, et que j'arrive rarement à comprendre les paroles, un petit exemple d'esprits contestataires qui ont eux aussi leur grandeur :

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Et puis aussi parce que j'apprécie certains esprits félés, alliance de deux esprits poétiques et excessifs : Higelin et Trenet, ce dernier inspirant le premier !

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« A Marie-Jean-Antoine-Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet


12è auguste 1774


Je ne vous écris aujourd'hui, Monsieur le Secrétaire,[de l'Académie des Sciences] ni sur les sciences et les beaux-arts, qui commencent à vous devoir beaucoup, ni sur la liberté de conscience dont on a voulu dépouiller ces beaux-arts qui ne peuvent subsister sans elle.


Vous avez rempli mon cœur d'une sainte joie quand vous m'avez mandé que le Roi avait répondu aux pervers qui lui disaient que M. Turgot est encyclopédiste : il est honnête homme et éclairé, cela me suffit


Savez-vous que les rois et les beaux esprits se rencontrent ? Savez-vous, et M. Bertrand [pseudonyme pour d'Alembert] sait-il que le poète Kien-Long, empereur de la Chine,[i] en avait dit autant il y a quelques années?


Avez-vous lu dans le trente-deuxième recueil des prétendues Lettres édifiantes et curieuses la lettre d'un jésuite imbécile nommé Benoît à un fripon de jésuite nommé Dugad ? Il y est dit en propres mots [ii] qu'un ministre d'État accusant un mandarin d'être chrétien, l'empereur Kien-Long lui dit : « La province est-elle mécontente de lui ? - Non. -Rend-il la justice avec impartialité ? -Oui. -A-t-il manqué à quelque devoir de son état ? -Non. -Est-il bon père de famille ? Oui. -Eh bien donc ! pourquoi l'inquiéter pour une bagatelle ? »


Si vous voyez M. Turgot, faites-lui ce conte.


Je vous envoie la copie d'une requête que j'ai barbouillée pour tous les ministres [iii]. Il n'y a que le roi à qui je n'en ai pas envoyé. Je souhaite passionnément que cette requête soit présentée au conseil de Commerce, dans lequel M. Turgot pourrait avoir une voix prépondérante. J'ai du moins la consolation de voir que malgré les grands hommes tels que Fréron, Clément [iv] et Sabatier [v], Ferney est devenu, depuis que vous ne l'avez vu, un lieu assez considérable, qui n'est pas indigne de l'attention du ministère. Il y a non seulement d'assez grandes maisons de pierre de taille pour les manufactures , mais des maisons de plaisance très jolies qui orneraient Saint-Cloud et Meudon. Tout cela va rentrer dans le néant d'où je l'ai tiré si le ministère nous abandonne. Je suis peut-être le seul fondateur de manufactures qui n'ait pas demandé de l'argent au gouvernement. Je en lui demande que d'écouter son propre intérêt. Je vous en fais juges, vous et M. Bertrand.


Je voudrais bien venir vous consulter tous deux sur une affaire qui vous intéressera davantage et que je vais entreprendre [vi]. J'invoque Dieu et vous pour réussir. Il s'agit de la bonne cause. Vous la soutiendrez toujours avec Bertrand. Je m'incline devant vous deux.


V. »

iSur le poème de Kien-Long et la réponse de V*, voir lettres à Thiriot et Catherine du 26 novembre 1770, à d'Hornoy le 28 novembre 1770 et à Frédéric le 20 décembre 1770.

ii A peu près !

iii Au roi en son Conseil ; V* voudrait obtenir pour Ferney et Versoix une exemption d'impôts qu'il juge indispensable pour la survie des manufactures fondées.

iv Cf. lettres du 30 décembre 1773 à d'Argental et du 6 janvier 1774 à d'Hornoy.

vCf. lettres des 1er janvier et 19 novembre 1773 à d'Alembert et du 30 avril 1774 à d'Argental.

vi La réhabilitation de d'Etallonde condamné avec de La Barre, mais par contumace, et qui après avoir demandé un congé au roi de Prusse, est venu travailler à Ferney sous la direction de V*. V* recommande l'affaire au chancelier Maupéou vers le 14 août.

 

Déclaration un peu déjantée :

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