13/08/2010
Je suis dans les horreurs de la persécution que la canaille littéraire me fait depuis quarante ans
Canaille(s) en tout genres !
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De Paris ?
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En douceur ?
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Sans douceur ? ça râpe le rap !
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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
13 août [1755]
Mon cher ange, je ne suis pas en état de songer à une tragédie. Je suis dans les horreurs de la persécution que la canaille littéraire me fait depuis quarante ans. Vous m'aviez assurément donné un très bon avis. Ce Grasset [i] était venu de Paris tout exprès pour consommer son iniquité. Il n'est trop vrai que Chevrier était très instruit de ce maudit ouvrage, et de toute cette manœuvre . Fréron n'en avait parlé dans sa feuille que pour préparer cette belle entreprise [ii]. Vous savez de quelles abominations on a farci ce poème [iii]. On a voulu me perdre et gagner de l'argent. Je n'y sais autre chose que de déférer moi-même tout scandale qu'on voudra mettre sous mon nom en quelque lieu que je sois. Pour comble de douleur on m'apprend que Lyon est infecté d'un premier chant aussi plat que criminel dans lequel il n'y a pas quarante vers de moi. Mon malheur veut que monsieur votre oncle [iv] que je n'ai jamais offensé ait depuis un an écrit au roi plusieurs fois contre moi, et ait même montré les réponses. Il a trop d'esprit et trop de probité pour m'imputer les misères indignes qui courent, mais il peut sans les avoir vues écouter la calomnie. L'abbé Pernetti m'a écrit de Lyon qu'on me forcerait à quitter mon asile, qui m'a déjà coûté plus de quarante mille écus. Madame Denis se meurt de douleur et moi de colique.
J'écris un mot à Mme de Pompadour au sujet des cinq pagodes [v] que vous lui faites tenir de ma part.
Je me flatte qu'elle ne trouvera rien dans la pièce qui ne plaise aux honnêtes gens et qui ne déplaise à Crébillon. Je me flatte que si elle l'approuve, elle sera jouée malgré le radoteur Lycophoron [vi]. Adieu mon très cher ange qui me consolez. »
iCf. lettre du 28 juillet.
ii Fréron a parlé de La Pucelle dans l'Année littéraire du 12 septembre 1754 ; cf. lettres du 15 octobre et 20 novembre 1754.
iii « … Dort en Bourbon la grasse matinée / … Et saint Louis, là-haut mon compagnon / M'a prévenu qu'un jour certain Bourbon / M'en donnerait à pardonner bien d'autres ... » annotés par V* dans la marge de la copie de La Pucelle : « Quel est le laquais qui a fait la plupart de ces vers ? Quel est le maraud de la lie du peuple qui peut écrire ces insolentes bêtises ? »
iv Le cardinal de Tencin .
vL'Orphelin de la Chine, dans sa version en cinq actes.
vi C'est « le vieux Crébillon ». Lycophoron avait écrit un poème tragique d'une obscurité proverbiale.
Cool , p'tit' canaille :
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