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23/08/2010

un confesseur, un martyr de la Constitution , que j'ai vu quelque temps fort amoureux, et dont sa maitresse était aussi mécontente que ses créanciers.

"Les saints sont d'étranges gens."

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Et je dirais même plus , ce monde est une terre de contrastes , sans doute comme le monde à venir :

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« A Marie-Ursule de Klinglin, comtesse de Lutzelbourg

 

Aux Délices, 23 août 1756

 

Dîtes-moi donc, vous qui êtes sur les bords du Rhin, si notre chère Marie-Thérèse,[i] impératrice reine, dont la tête me tourne, prépare des efforts réels pour reprendre la Silésie. Voila un beau moment ; et si elle le manque, elle n'y reviendra plus. Ne seriez-vous pas bien aise de voir deux femmes, deux impératrices,[ii] peloter un peu notre grand roi de Prusse, notre Salomon du Nord ? Pour moi, dans ma douce retraite, au bord de mon lac, je ne sais aucune nouvelle ; je n'apprends rien que par les gazettes . Elles me disent qu'on coupe des têtes en Suède [iii]; mais elles ne me disent rien de cette reine Ulrique que j'ai vue si belle, pour qui j'ai fait autrefois des vers, et qui, sans vanité, en a fait aussi pour moi [iv]. Je suis très fâché qu'elle se soit brouillée si sérieusement avec son parlement. Le nôtre fait, dit-on, des remontrances pour une taxe sur les cartes, et brûle des mandements d'évêque. On vous envoie dans votre Alsace un confesseur,[v] un martyr de la Constitution [vi], que j'ai vu quelque temps fort amoureux,[vii] et dont sa maitresse était aussi mécontente que ses créanciers. Les saints sont d'étranges gens. Portez-vous bien, Madame ; faites du feu dès le mois de septembre. Traitez le climat du Rhin comme je traite celui du lac. Vivez avec une amie charmante. Souvenez-vous quelquefois de moi. Mme Denis et moi nous vous présentons nos respects. Il est triste pour nous que ce soit de loin.

 

V. »

 

iA Thiriot, le 9 août : « L'impératrice-reine m'a fait dire des choses très obligeantes . Je suis pénétré d'une respectueuse reconnaissance. »

A d'Argental, le 13 septembre : « On dit que Marie-Thérèse est actuellement l'idole de Paris et que toute la jeunesse veut actuellement s'aller battre pour elle en Bohème. »

ii Le 25 mars 1756, les deux impératrices, Marie-Thérèse d'Autriche et Élisabeth, tsarine de Russie, ont conclu une alliance défensive et offensive contre Frédéric, elle deviendra effective le 2 février 1757.

iii Les États ayant réduit à rien l'autorité du roi, la reine Ulrique avait poussé à la révolte de jeunes nobles qui furent torturés et décapités le 13 juillet. Le 27 juin, à de Brenles : « Ceux qui aiment la liberté ne regrettent pas le petit exemple que la Suède vient de donner aux despotes. Je le regrette à cause de Sa Noble Majesté Ulrique ... »

iv La reine Louise-Ulrique était une des sœurs de Frédéric. V* fit des vers pour elle pendant et après son séjour de 1743 en Prusse, puis en mai 1745, en avril et août 1751, février 1752. Elle lui envoya le 11 octobre 1743 quinze vers se terminant par : «  Le hasard fait les Rois, la vertu fait les Dieux », et en 1749, sans doute, un sizain : « De l'esprit redoutons l'empire / D'un amant tel que vous le prestige est trop fort ... »

v Poncet de La Rivière, évêque de Troyes, exilé à l'abbaye de Morbach, un de ses mandements ayant été condamné le 12 avril à être brûlé.

vi A savoir la bulle Unigenitus.

vii A Lunéville.

Dans ses Mémoires , V* dit qu'il tomba amoureux de Mme de Boufflers, maîtresse du roi Stanislas.

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