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22/04/2011

Il faut être bien avec son curé, fût-il un imbécile, ou un fripon

"Ô c'est bien vrai ça !!" comme disait la mère Denis .

Elle parlait, certes de machine à laver le linge, et moi par la voix de Volti, j'en reviens aux laveurs de péchés patentés . Dieu les garde s'il sait le fond de leur âme, et qu'il m'en garde autant que possible .

Période pascale, période de repentance, et de pardon aux repentis sincères (?) .

Période qui ne signifie plus grand chose à mes yeux de catho non praticant . Le son des cloches me rappelle en écho les sermons, liquoreux dans le meilleur des cas, insipides le plus souvent, imbéciles parfois .

Le progrès n'a pas laissé les gens d'Eglise sur la touche , aussi je vous propose un lien vers Le CyberCuré : trop forts !  Galilée n'est plus condamné, les femmes ont une âme, Voltaire est béatifié !.. Oups ! je crois que je m'emporte ...

http://catholique-nanterre.cef.fr/faq/faq.htm

 

Ce vendredi dit "saint",  n'est pas sain pour tous, je peux vous l'assurer après un passage dans un supermarché du pays de Gex ; il faut savoir que c'est un jour férié chez nos voisins calvinistes- capitalistes helvétiques et qu'ils n'ont, en de telles occasions, qu'une envie "s'en mettre plein la panse" pour le moins cher possible, d'où le succès jamais démenti de la vente de boustifaille en ces veilles de fêtes . Belle affaire côté français . Il va y avoir de la viande saoule ce week end, et des taux de cholestérol d'un niveau à faire envie pour un sondage de président (Sarko dit " le pieux hypocrite " ) ou candidats (que je ne nommerai pas, faute de place ) .

 Pour en revenir aux curés, il en est un qui est cher à mon coeur : dom Camillo qui n'est ni imbécile ni fripon, lui .

 

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

22 avril 1768

 

Mon divin ange, mes raisons pour avoir changé ma table ouverte contre la sainte table i pourront ennuyer un excommunié comme vous ii; mais je me crois dans la nécessité de vous les dire . Premièrement, c'est un devoir que j'ai rempli avec Mme Denis une fois ou deux, si je m'en souviens bien iii.

 

Secondement il n'en est pas d'un pauvre agriculteur comme vous autres seigneurs parisiens qui en êtes quittes pour vous aller promener aux Tuileries à midi . Il faut que je rende le pain bénit en personne dans ma paroisse ; je me trouve seul de ma bande contre deux cent cinquante consciences timorées ; et quand il n'en coûte qu'une cérémonie prescrite par les lois pour les édifier, il ne faut pas s'en faire deux cent cinquante ennemis .

 

Je me trouve entre deux évêques iv qui sont du XIVè siècle, et il faut hurler avec ces sacrés loups .

 

Il faut être bien avec son curé, fût-il un imbécile, ou un fripon, et il n’y a aucune précaution que je ne doive prendre après la lettre de l'avocat Caze v.

 

5° Soyez sûr que si je vois passer une procession de capucins j'irai au devant d'elle chapeau bas pendant la plus forte ondée vi.

 

6° M. Hennin, résident à Genève, a trouvé un aumônier tout établi ; il le garde par faiblesse . Ce prêtre est un des plus détestables et des plus insolents coquins qui soient dans la canaille à tonsure . Il se fait l'espion de l'évêque d'Orléans, de l'évêque d'Annecy et de l'évêque de Saint-Claude . Le résident n'ayant pas le courage de le chasser, il faut que j'aie le courage de le faire taire vii.

 

7° Puisque l'on s'obstine à m'imputer les ouvrages de Saint-Hyacinthe viii, de l'ex-capucin Maubert ix, de l'ex-mathurin Laurent x et du sieur Robinet xi, tous gens qui ne communient pas, je veux communier ; et si j'étais dans Abbeville xii je communierais tous les quinze jours .

 

On ne peut me reprocher d'hypocrisie, puisque je n'ai aucune prétention .

 

9° Je vous demande en grâce de brûler mes raisons après les avoir approuvées ou condamnées . J'aime beaucoup mieux être brûlé par vous qu'au pied du grand escalier xiii.

 

Je rends de très sincères actions de grâce à la nature et au médecin qui l'a secondée, d'avoir enfin rendu la santé à Mme d'Argental .

 

Je vous amuserai probablement par la première poste de La Guerre de Genève, imprimée à Besançon xiv. C'est un ouvrage, à mon gré , très honnête et qui ne peut déplaire dans le monde qu'à deux ou trois mille personnes ; encore sont-elles obligées de rire .

 

Je suis hibou, je l'avoue, mais je ne laisse pas de m'égayer quelquefois dans mon trou, ce qui diminue les maux dont je suis accablé . C'est une recette excellente .

 

Je suis comme votre ville de Paris, je n'ai plus de théâtre . Je donne à mon curé les aubes des prêtres de Sémiramis ; il faut faire une fin . Je me suis retiré sans pension du roi dans ma soixante-quinzième année . Je ne compte pas égaler les jours de Moncrif ; mais si j'ai les moyens de plaire xv à mes deux anges, je me croirai pour le moins aussi heureux que lui . Je me mets à l'ombre de vos ailes avec une vivacité de sentiments qui n'est pas d'un vieillard .

 

V. »

 

i V* a fait ses Pâques.

ii D'Argental est envoyé de Parme à Paris . Et le 30 janvier 1768, le pape Clément XIII , le 30 janvier a excommunié Ferdinand duc de Parme (qui a expulsé les jésuites, promulgué des édits visant à libérer le duché de la tutelle pontificale) et tous ses conseillers .

iii Le 29 juin, à Richelieu : « Mme Denis doit se souvenir qu'elle a communié avec moi à Ferney (en 1761 sans doute ; il le lui rappellera le 27 avril), et qu'elle m'a vu communier à Colmar (en 1754) » .

Voir lettre page 131 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80039n/f136.image.r...

iv Les évêques d'Annecy et de Saint-Claude .

v Sans doute « Cassen », expéditeur prétendu de la Relation du chevalier de La Barre à monsieur le marquis de Beccaria .

http://www.voltaire-integral.com/VOLTAIRE/Labarre.htm...

vi Rappel du procès et de la condamnation du chevalier de La Barre ; voir lettre du 14 juillet 1766 à Damilaville .

Voir page 19 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800389/f24.image.r=...

 

vii V* l'accuse de l'avoir calomnié auprès de l'évêque d’Annecy, Jean-Pierre Biord .

viii Que V* prétend auteur du Dîner du comte de Boulainvilliers, et du Militaire philosophe qui est lui de Naigeon notamment .

Voir : http://www.voltaire-integral.com/Html/26/27_Boulainvillie...

et : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques-Andr%C3%A9_Naigeon

Le Militaire philosophe : Ou Difficultés sur la religion proposées au père Malebranche : de Paul-Henri Thiry d' Holbach et Jacques Naigeon

ix Maubert que V* accuse d'avoir , avec Grasset, diffusé une version de La Pucelle .

x Laurent que V* prétend auteur de La Théologie portative qui est en fait du baron d'Holbach, et de la Relation du bannissement des jésuites de la Chine qui est de V*.

Voir : http://fr.wikisource.org/wiki/Th%C3%A9ologie_portative,_o...

et : http://www.voltaire-integral.com/VOLTAIRE/Relation.htm

xi Il a soupçonné Jean-Baptiste Robinet, censeur royal, et naturaliste, d'avoir publié les Lettres secrètes de M. de Voltaire, 1765, et surtout des Lettres de Voltaire à ses amis du Parnasse, 1766 .

Voir page 85 : http://books.google.fr/books?id=NdUUAAAAQAAJ&pg=PA86&...

xii Où fut condamné le chevalier de La Barre .

xiii Les livres condamnés étaient brûlés au pied du grand escalier du parlement .

xiv Titre de La Guerre civile de Genève : La Guerre civile de Genève ou les Amours de Robert Covelle, poème héroïque avec des notes instructives . A Besançon, chez Nicolas Grandvel (Cramer à Genève, en réalité, 1768)

http://www.voltaire-integral.com/Html/09/09GUERCI.htm

xv Référence à l'ouvrage de François-Augustin de Moncrif intitulé Essais sur la nécessité et sur les moyens de plaire, Paris, 1738.

http://books.google.fr/books?id=ZLmz3XtsqbwC&printsec...

 

 

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