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24/09/2011

j'ai peu de relations avec la république des lettres et des bagatelles de Paris

 

duchesse de saxe gotha et son mari.png

 

« A Madame Louise-Dorothée de Saxe-Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha 1

 

A Colmar, 4 octobre 1754

 

Madame, j'ai respecté les États d'Altembourg ; je n'ai point osé mêler mes inutiles lettres aux affaires de Votre Altesse sérénissime ; mais si elle est actuellement dans son palais tranquille de Gotha, qu'elle daigne y recevoir mes hommages . C'est à Gotha qu'ils doivent s'adresser ; c'est là que j'ai passé les plus beaux de mes jours . Si Votre Altesse sérénissime daigne toujours s'y occuper de l'amusement des belles-lettres, je lui demande la permission de lui envoyer le manuscrit d'une nouvelle tragédie 2, qui a du moins le mérite de la singularité . Je veux vous envoyer mes enfants, madame, ne pouvant moi-même venir me mettre à vos pieds . Je ne sais par quelle fatalité je reste à Colmar, quand je pourrais être mieux .

 

J'avais imaginé de passer par la cour palatine pour aller à la vôtre ; mais je me trouve sous les ordres de ma nièce, ma garde-malade, qui est venue en Alsace gouverner le bien que j'y ai et ma personne : il faut qu'un malade obéisse .

 

Je me flatte que Votre Altesse sérénissime jouit d'une santé inaltérable, et que le voyage d'Altembourg aura fait du bien à la grande maîtresse des cœurs 3. J'ai été longtemps alarmé pour elle . Que ne puis-je venir encore partager ce zèle et cet attachement qu'elle a pour votre personne ! Que ne puis-je au moins, madame, contribuer de loin à vos amusements ! Mais j'ai peu de relations avec la république des lettres et des bagatelles de Paris . Je n'entends parler de rien qui soit digne de votre curiosité . On ne fait plus que répéter et retourner les ouvrages faits il y a près d'un siècle , et il faudrait pour vous un siècle nouveau . Pour moi, madame, il ne me faudrait que votre présence .

 

Je me mets aux pieds de monseigneur, de votre auguste famille, et surtout aux vôtres, avec le plus profond respect et la plus tendre reconnaissance . »


2  L’Orphelin de la Chine .

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