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25/10/2011

Je ne suis point embarrassé de moi, mais je le suis de ceux qui veulent bien joindre leur destinée à la mienne ; ceux-là ont besoin de courage

Bis repetita : à annoter sans tarder ...

See you later !

 

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 Fleurs immortelles, à l'image de Voltaire .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

 

 

Au château de Prangins, le 19 décembre [1754]

 

 

 

J'apprends, mon cher ami, qu'on a fait chez vous une nouvelle lecture des Chinois, et que les trois magots n'ont pas déplu ; cependant, s'il vous prend jamais fantaisie d'exposer en public ces étrangers, je vous prie de m'en avertir à l'avance, afin que je puisse encore donner quelques coups de crayon à des figures si bizarres . Voici le temps funeste où Royer et Sireuil vont me disséquer . Figurez-vous que j'avais fait donner à Pandore une très honnête fête dans le ciel par le maître de la maison ; je vous en fais juge . Un musicien doit-il être embarrassé à mettre en musique ces paroles :

 

Aimez, aimez, et régnez avec nous ;

 

Le dieu des dieux est seul digne de vous .

 

Sur la terre on poursuit avec peine

 

Des plaisirs l'ombre légère et vaine ;

 

Elle échappe, et le dégoût la suit.

 

Si Zéphire un moment plait à Flore,

 

Il flétrit les fleurs qu'il fait éclore ;

 

Un seul jour les forme et les détruit.

 

Aimez, aimez, et régnez avec nous ;

 

Le dieu des dieux est seul digne de vous .

 

Les fleurs immortelles

 

Ne sont qu'en nos champs ;

 

L’Amour et le Temps

 

Ici n'ont point d'ailes.

 

Aimez, aimez, et régnez avec nous .

 

Acte III

 

 

 

On a substitué à ces vers :

 

Les Grâces

 

Sont sous vos traces ;

 

Régnez,

 

Triomphez ;

 

Un tendre amour

 

Veut du retour .

 

 

 

C'est ainsi que tout l'opéra est défiguré . Je demande justice, et la justice consiste à faire savoir le fait .

 

 

 

Tandis que Royer me mutile, la nature m'accable de maux, et la fortune me conduit dans un château solitaire, loin du genre humain, en attendant que je puisse aller chercher aux eaux d'Aix en Savoie une guérison que je n'espère pas . Je vous rends compte de toutes les misères de mon existence . Ce ne sont ni les acteurs de Lyon, ni le parterre, ni le public, qui m'ont fait abandonner cette belle ville . Je vous dirai en passant qu'il est plaisant que vous ayez à Paris Drouin et Bellecour, tandis qu'il y a à Lyon trois acteurs très bons, et qui deviendraient à Paris encore meilleurs ; mais c'est ainsi que le monde va. Je le laisse aller, et je souffre patiemment . Je souhaite que ma nièce ait toujours assez de philosophie pour s'accoutumer à la solitude et à mon genre de vie . Je ne suis point embarrassé de moi, mais je le suis de ceux qui veulent bien joindre leur destinée à la mienne ; ceux-là ont besoin de courage . Adieu, je vous embrasse mille fois . »

 

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