26/10/2011
à ceux qui sont aussi attachés aux papes que je le suis
NDLR - Suite à un emploi du temps perturbé, le scripteur de ce blog est à la ramasse (sic) pour annoter correctement les lettres de Voltaire mises en ligne . Cela ne saurait durer, promet-il . Que saint Volti le soutienne !
Tout comme Volti, il est très attaché aux papes, surtout ceux d'Avignon ! Foin des eaux d'Aix !
« A Jacques-Abram-Elie Clavel de Brenles
Au château de Prangins, près Nion, 20 décembre [1754]
Je crains, monsieur, que vous ne soyez malade comme moi . Mme Goll m'avait fait craindre pour votre poitrine, et rien ne peut me rassurer qu'une lettre de vous . J'aurais couru à Lausanne, si les douleurs continuelles dont je suis tourmenté me l'avaient permis . La première chose que j'ai faite en arrivant à Prangins a été de vous en donner part ; et le premier sentiment que j'ai éprouvé a été de me rapprocher de vous . Les médecins m'ont conseillé les eaux d'Aix ; ceux de Lyon et de Genève se sont réunis dans cette décision ; mais moi je me conseille votre voisinage, et la solitude .
J'ai reçu une lettre de M. l'avoyer de Steiger, que j'avais eu l'honneur de voir à Plombières ; il me conserve les mêmes bontés qu’il me témoigna alors ; ainsi, monsieur, je suis plus que jamais dans les sentiments que je vous confiai , quand j'étais à Colmar, et que vous daignâtes approuver . Je crois qu'il ne peut plus être question d'Allaman , ni d'aucune autre terre seigneuriale, puisque les lois de votre pays ne permettent pas ces acquisitions à ceux qui sont aussi attachés aux papes que je le suis . J'ai donc pris le parti de me loger, pour quelque temps au château de Prangins, dont le maître est ami de ma famille . J'y suis comme un voyageur, ayant du roi mon maître la permission de voyager . Ma mauvaise santé ne sera qu'une trop bonne excuse, si je me fixe dans quelque douce retraite, à portée de vous, et si j'y finis mes jours dans une heureuse obscurité . On m'a parlé d'une maison près de Lausanne appelée la Grotte, où il y a un beau jardin . On dit aussi que M. d'Hervart, qui a une très belle maison près de Vevai, pourrait la louer ; permettez que je vous demande vos lumières sur ces arrangements . C'est à vous, monsieur, à achever ce que vous avez commencé . C'est vous qui m'avez fait venir dans votre patrie ; je n'ai l'air que d'y voyager, mais vous êtes capable de m'y fixer entièrement .
J'ai reçu une lettre de M. de Bottens, qui me paraît concourir aux vues que j'ai depuis longtemps . Je ne sais si M. des Gloires est à Lausanne ; il m'a paru avoir tant de mérite que je le crois votre ami . Je ne demande à la nature que la diminution de mes maux, pour venir profiter de la société de ceux avec qui vous vivez, et surtout de la vôtre . La retraite où mes maux me condamnent m'exclut de la foule ; mais un homme tel que vous sera toujours nécessaire au bonheur de ma vie . Je crois que voici bientôt le temps où vous allez être père, si on ne m'a point trompé . Je souhaite à Mme de Brenles des couches heureuses , et un fils digne de vous deux . Mme Denis, ma nièce, vous assure l'un et l'autre de ses obéissances . Vous ne doutez pas, monsieur, des sentiments de reconnaissance et d'amitié qui m'attachent tendrement à vous .
Voltaire
J'aurais souhaité que M. Bousquet n'eût point mandé à Paris mes desseins . »
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