14/11/2011
Il faut que je sois désespéré si je crois enfin à la médecine
Personnellement, sans douter de la médecine, je ne fréquente guère les cabinets médicaux, qui sont , comme chacun le sait, les meilleurs lieux pour lire des nouvelles vieilles d'au moins un lustre et se faire contaminer par les virus des patients "tousseux" qui viennent en quête de guérison rapide .
http://www.journal-la-mee.fr/2425-medecine-du-travail-la-...
Je préfère laisser faire la nature et guérir un rhume en huit jours sans médicaments, plutôt qu'une semaine avec la panoplie chimique homologuée et empoisonnante .
Oserai-je vous recommander de suivre les "conseils hygiéniques" suivants ?
http://www.histoire-image.org/pleincadre/index.php?i=1136
Conseils d'hier, médecine de demain/aujourd'hui ?
http://www.ufunk.net/photoblog/lol-du-jour-les-bienfaits-...
« A M. Jean-Louis-Vincent Capperonnier de Gauffecourt i
A Prangins, 30 janvier 1755
Mme Denis et moi, monsieur, nous apprenons par M. Marc Chappuis ii les nouvelles obligations que nous vous avons . Je voudrais pouvoir vous écrire de ma main, mais je suis tout perclus sur les bords de votre lac . Le soleil de Montpellier me serait plus favorable que les glaces du mont Jura . Je n'ai point eu la force d'aller aux bains d'Aix en Savoie, dans une saison si rigoureuse . Il faut attendre le retour du printemps, et le vôtre, pour adoucir tant de souffrances . On me fait craindre que les mêmes personnes qui ont donné sous mon nom une prétendue Histoire universelle, remplie de fautes absurdes, n'impriment aussi un poème iii composé il y a plus de vingt ans, qu'elles défigureront de même . Les belles-lettres ne sont pas faites pour rendre heureux ceux qui les cultivent, et notre royaume n'est pas de ce monde iv. Je me console avec ma garde-malade des maux que me font la nature, la fortune, et les imprimeurs : son courage m’en donne beaucoup ; elle brave les neiges et mes malheurs, et me rend tout cela très supportable . Vous m’avouerez que, sans elle, il serait assez dur de n'être entouré que des Alpes, et d'être privé même de la consolation d’avoir ses livres . Nous manquons de tout assez patiemment , mais nous espérons vous revoir cet été, et alors nous ne manquerons de rien . On prétend que je ne saurais vivre, et que je suis un homme mort si je m'éloigne du docteur Tronchin v. Il faut que je sois désespéré si je crois enfin à la médecine : je crois bien davantage à votre amitié ; c'est elle qui m'autorise à présenter mes respects à M. le comte de Bellegarde . Je suis persuadé que vous ne m'oublierez point auprès de M. de La Popelinière, et que la philosophe vi se souviendra de moi . A propos de philosophie,voyez-vous toujours messieurs de l'Encyclopédie ? Ce sont des seigneurs de la plus grande terre qui soit au monde . Je souhaite qu'ils la cultivent toujours avec une entière liberté ; ils sont faits pour éclairer le monde hardiment, et pour écraser leurs ennemis . Adieu, monsieur, souvenez-vous de deux solitaires qui vous seront toujours bien tendrement attachés .
Je vous embrasse.
V. »
i Bibliophile et relieur réputé ; voir page 183, note 35 : http://books.google.fr/books?id=j2eOfCIF2_EC&pg=PA183...
ii Il est question de lui dans les Confessions de Jean-Jacques Rousseau . Il logeait alors chez le comte de Bellegarde, envoyé de Pologne . Voir lettre du 23 janvier à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/11/11/l...
v Théodore Tronchin : http://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9odore_Tronchin
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