20/11/2011
ma fortune est, comme ma réputation, un petit objet qui excite beaucoup d'envie
Ma fortune est à venir (ticket de loto ! ) et ma réputation , petit objet qui n'excite pas l'envie, du moins à ma connaissance, est, je l'espère, encore bonne .
D'où ce que Je Veux :
http://www.youtube.com/watch?v=mXcoqH-CpYQ
« A M. de Brenles
A Prangins, 9 février [1755]
Que de peines, monsieur, pour avoir ce tombeau que je cherche ! Je vois bien que la maison de M. d'Hervart est trop considérable pour moi ; j'ai très peu de bien libre, j'ai perdu le tiers de mes rentes à Paris, et ma fortune est, comme ma réputation, un petit objet qui excite beaucoup d'envie . Si je peux parvenir à posséder très précairement Saint Jean l'été, et Monrion l'hiver, ou bien Prélaz, je me tiendrai heureux . Je n'aurai besoin l'hiver que de vous et de bons poêles . Être chaudement avec un ami, c'est tout ce qu'il faut . Je redoute le monde, et les derniers jours de ma vie doivent être consacrés à la solitude et à l'amitié . Je vous avertis d'avance que mon commerce a besoin de la plus grande indulgence . Des souffrances presque continuelles me réduisent à des assujettissements bien désagréables dans la société . Cette pauvre âme , ce sixième sens dépendant des cinq autres, se ressent de la décadence de la machine . Vous verrez un arbre qui a produit quelque fruits, et dont les branches sont desséchées . Votre philosophie n'en sera point rebutée ; elle connait la misère humaine . Je vous jure que , si j'acquiers les beaux jardins de Saint Jean, c'est pour ma nièce i; et si je peux avoir Monrion, c'est pour vous . Il sera assez singulier que ce soient les environs de la sévère Genève qui soient voluptueux, et que la simplicité philosophique soit le partage des environs de Lausanne . Je vous serai très obligé si vous voulez toujours entretenir M. de Giez dans la disposition de me louer sa maison et le jardin de Monrion, ou du moins ce qui passe pour être le jardin ; je suis encore en l'air sur tout cela . Il y a de grandes difficultés sur l'acquisition de Saint Jean . Le propriétaire de Monrion est un peu épineux . Si la maison de Prélaz est plus logeable pour l'hiver, si l'on peut s’en accommoder avec moi, ce sera le meilleur parti ; mais il faut commencer par voir le local, et il n'y a que M. Panchaud au monde qui prétende que je doive acheter Monrion sans l'avoir vu.
Enfin, mon cher monsieur, je prie Dieu qu'il m'accorde le bonheur d'être votre voisin . Je vous embrasse .
Mille respects à Mme de Brenles.
J'apprends dans le moment que le marché de Saint Jean est entièrement conclu, mais est très cher, mais très agréable et commode . Il est plaisant que je sois propriétaire d'une terre précisément dans le pays où il ne m'est pas permis d'en avoir ii.
Cette affaire m'encourage à finir celle de Monrion, si je peux . Il faut donner la préférence à Monrion sur Prélaz, si Prélaz n'est pas meublé ; mais encore une fois, je veux absolument une solitude auprès de vous . C'est vous qui m'avez débauché , comptez que j'aime plus la tête du lac que la queue .
J'appelle Saint Jean Les Délices iii, et la maison ne portera ce nom que quand j'aurai l'honneur de vous y recevoir . Les Délices seront pour l'été, Monrion pour l'hiver, et pour vous toutes les saisons . Je ne voulais qu'un tombeau, j'en aurai deux .
Te teneam moriens, deficiente manu . Tibulle »iv
ii Sur la république de Genève, il n'est pas permis à un catholique étranger d'acheter un bien immobilier . V* tournera la difficulté grâce aux Tronchin et un contrat de location particulier .
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