15/04/2012
je ne vois que catins dans cette histoire; elles se rencontrent partout
... Certes, certes , ce sont les catins historiques depuis le règne de Charlemagne jusqu'au siècle voltairien, mais notre époque moderne nous montre que certaines "premières dames" méritent cet épithète, et franchement , pour certaines dans ce monde, ce terme est bien trop doux .
Oserai- donner des noms ?
Non ! quoique ... par exemple, une certaine femme de président syrien me semble être un bel exemple de sal ...
Pour en revenir à Volti, M. Patu m'inspire pour le choix de l'illustration du jour
Pattu ?
« A M. THIERIOT.
Aux Délices, le 8 novembre [1755]
Mon ancien ami, j'ai vu M. Patu 1; il a de l'esprit, il est naturel, il est aimable. J'ai été très-fâché que son séjour ait été si court, et encore plus fâché qu'il ne soit pas venu avec vous; mais la saison était encore rude, et ma cabane était pleine d'ouvriers. Il s'en allait, tous les soirs, coucher au couvent de Genève,2 avec M. Palissot, autre enfant d'Apollon. Ces deux pèlerins d'Emmaüs 3 sont remplis du feu poétique; ils sont venus me réchauffer un peu, mais je suis plus glacé que jamais par les nouvelles que j'apprends du pucelage de Jeanne. Il est très-sûr que des fripons l'ont violée, qu'elle en est toute défigurée, et qu'on la vend en Hollande et en Allemagne, sans pudeur. Pour moi, je la renonce, et je la déshérite ce n'est point là ma fille; je ne veux pas entendre parler de catins 4, quand je suis sérieusement occupé de l'histoire du genre humain. Cependant je ne vois que catins dans cette histoire; elles se rencontrent partout, de quelque côté qu'on se tourne. Il faut bien prendre patience.
Avez-vous toute l'Histoire d'Ottieri 5 ? En ce cas, voulez-vous vous en défaire en ma faveur? Si vous avez quelques bons livres anglais et italiens, ayez la bonté de m'en faire un petit catalogue.
Je vous demanderai la préférence pour les livres dont j'aurai besoin, et vous serez payé sur-le-champ. Adieu, mon ancien ami. »
1 Claude-Pierre Patu, né à Paris en 1729, auteur, avec Portelance (mort en 1821), de la petite comédie des Adieux du Goût, jouée, pour la première fois, à la Comédie française, le 13 février 1754; auteur lui seul d'une traduction estimée de Petites pièces du Théâtre anglais, 1756, deux vol. in-12. Outre le pèlerinage que Patu fit, en 1755, aux Délices, avec Palissot, il en fit un autre chez le philosophe-ermite, au mois d'auguste 1756, avec d'Alembert. Il alla ensuite en Italie; mais, fatigué de ce voyage, le jeune littérateur voulut s'en revenir en France il serait sans doute encore passé par les Délices, s'il ne fût mort, le 20 auguste 1757, en Savoie, à Saint-Jean-de-Maurienne. (CL.) Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Claude-Pierre_Patu
2 Les portes de Genève s'ouvrirent à Voltaire le soir du 12 décembre 1754; mais Palissot et Patu, en y arrivant trop tard, les eussent trouvées fermées, comme cela arriva à Jean-Jacques Rousseau en 1728. (CL.)
4 Voir : http://www.cnrtl.fr/definition/catin
20:00 | Lien permanent | Commentaires (0)
Autrefois, votre pays était renommé pour le bon sens
Que les candidats présidentiels se rassurent, il s'agit de la Suisse et plus précisément de la Suisse romande où vécut le célèbre Oin-oin .
Sarko, le retour !
Il ne fait plus bling-bling, il fait "Oin-Oin ! Aidez-moi !"
J'ai une preuve en image ...
S'il restait un peu de bon sens en France, ça se saurait, il n'y aurait pas un chat aux meetings de droite ou de gauche et Bayrou serait non seulement sympathique mais élu sans discussion . On peut rêver !
http://fr.wikipedia.org/wiki/Oin-Oin
« A M. LE MAJOR ROCH 1
à N Y ON , canton de Vaud .
Aux Délices, 8 novembre 1755.
Vous auriez bien dû, mon cher major, me dire le nom de l'auteur 2. Quel qu'il soit, je vous supplie de vouloir bien lui faire pour moi les remerciements les plus sincères. Autrefois, votre pays était renommé pour le bon sens. Cette raison si précieuse est maintenant ornée d'esprit et de grâces. L'ouvrage que vous m'avez envoyé en est rempli. Je vois que je n'ai pas mal fait de m'établir dans ce pays, où il se trouve de pareils génies, on ne sait pas à Paris combien vos montagnes portent de fleurs. Voulez-vous me permettre, mon cher major, de présenter mes respects à toute votre famille et à monsieur le bailli ? J'attends toujours que ma mauvaise santé me permette d'aller à Lausanne et de venir vous renouveler les assurances de tout mon attachement.
Vous savez que nous devons bannir les cérémonies. »
2 Le professeur Sigismond Lerber (voir la lettre 2479 page 535 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4113533/f538.image.r=roch.langFR) avait envoyé au major Roch, de Nyon, son poëme de la Vue d'Anet, avec prière de le soumettre à l'appréciation de Voltaire, mais en lui taisant le nom de l'auteur .
Voir : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k516644/f250.image.r=sigismond+lerber.langFR
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Il use tellement mes doigts à force de me faire écrire qu'il n'y a presque plus que mes ongles, qui ne tiennent à rien
Je dédie cette lettre à Mam'zelle Wagnière qui sait ce qu'écrire les oeuvres de Voltaire veut dire . Je lui baise les mains .
« DE COLINI à M. DUPONT 1
Aux Délices, près de Genève, 7 novembre 1755
Je mérite bien peu l'amitié que vous avez pour moi, mon cher Démosthène, je ne sais qu'être négligent : il y a près de trois semaines que j'ai reçu la lettre que vous avez eu la bonté de m'écrire, et je n'y ai pas répondu encore. Je vous en demande mille pardons, il faut passer quelque chose à un homme qui est attaché au philosophe le plus étrange que la terre ait jamais porté. Il use tellement mes doigts à force de me faire écrire qu'il n'y a presque plus que mes ongles, qui ne tiennent à rien. Vous avez des procès qui vous occupent beaucoup, et moi j'ai des tragédies et l'histoire de l'univers à écrire, à copier et à copier encore. Je ne vous parle pas de la petite oie, comme des petites dissertations détachées, toutes les lettres et mille babioles. Vous avez de temps en temps quelque aimable objet qui vient vous montrer ses pièces; et moi, il n'y a pas un chien qui vienne me voir, et on ne me montre que de bien vilaines pièces.
Oui, j'ai été à Paris, et je ne vous ai pas écrit, autre négligence, et je demande encore pardon. L'Orphelin y eut le plus grand succès; on le joua douze à treize fois de suite, et on ne l'interrompit que pour l'aller jouer à Fontainebleau, où il a été reçu avec autant d'applaudissements qu'à la ville.
La nature et l'hymen, voilà les lois premières,
Les devoirs, les liens des nations entières;
Ces lois viennent des dieux; le reste est des humains.
Ce couplet a fait beaucoup de bruit, on ne voulait pas d'abord le passer à la police; on croyait y voir une apologie du déisme. Vous connaissez, il y a longtemps, ces trois autres vers, où Zamti parle de la mort ; ils ont été fort applaudis
Le coupable la craint, le malheureux l'appelle,
Le brave la défie, et marche au-devant d'elle;
Le sage qui l'attend la reçoit sans regrets.
Toute la pièce, d'un bout à l'autre, a été applaudie à tout rompre; et ce succès brillant a un peu déridé le front cynique de notre philosophe, il en a été moins mourant qu'à l'ordinaire, et tout parait aller fort bien actuellement. Vous aurez dans deux mois une nouvelle édition des Œuvres, et dans trois ou quatre mois un cours complet d'histoire universelle. Que voudriez- vous davantage? N'est-ce pas bien travailler? Vous avez beau dire, vous faites moins aisément des plaidoyers et des requêtes que nous ne faisons de l'histoire et des vers.
Pourquoi n'êtes-vous pas venu nous voir ? Soixante lieues, ce n'est pas une bagatelle, me direz-vous? Vous avez raison, et on ne quitte pas comme ça une famille aimable. Vous auriez été bien surpris; vous auriez trouvé notre philosophe tout changé, il est devenu libéral n'est-ce pas là un miracle? C'est pourtant vrai. Quatre chevaux dans l'écurie, une très-bonne table, un bon cuisinier, beaucoup de laquais, des jolies femmes qui gouvernent la maison voilà le train d'aujourd'hui. Cela est plus honnête et plus décent que lorsque, dans un grand malheur, vous voulûtes bien, par compassion, lui offrir votre bourse. Nonobstant tout cela, je n'en suis pas plus gras.
Je vous remercie de la bonté avec laquelle vous vous offrez à être utile au laquais de M. de Voltaire, dont je vous ai parlé. Mme Dupont m'a sans doute oublié; mais je viendrai un jour la mater aux échecs, aussi bien que vous, et tous vos parents, et tout Colmar, et toute la province. Adieu, aimable Démosthène si je voulais m'écouter, je vous écrirais jusqu'à demain, car je suis bavard. Votre amitié, vos bontés, voilà ce que je veux de vous, et je veux vous être tendrement attaché toute ma vie. »
13:11 | Lien permanent | Commentaires (0)
comme ennemi de V., il doit être bien content de voir, par la publicité de cet ouvrage, son auteur devenir encore plus odieux.
Les ennemis d'aujourd'hui rejoignent les ennemis d'autrefois, mais leurs dires leur resteront en travers de la gorge, aujourd'hui comme autrefois .
Chassons tous ces corbeaux délateurs indignes !
« DE M. DE SAINT-SAUVEUR,
ministre du roi à LA HAYE.
A M. BERRYER.
Amsterdam, 6 novembre 1755.
Voici enfin le poëme de la Pucelle d'Orléans , non celui que l'on prétend que L. B. fait imprimer, mais celui que le sieur Marc-Michel Rey annonce dans son Journal des savants du mois d'octobre, ainsi que vous le verrez par le cahier détaché que je joins ici, et que l'on croit imprimé à Francfort, quoique supposé à Louvain. Je suis sur que c'est le premier exemplaire qui a été distribué ici, et je me félicite d'être venu à bout de me le procurer, par le désir extrême que j'avais de vous satisfaire sur cet article. Si, comme on me l'a encore assuré ce matin, L. B. en fait une édition, il doit être très-mortifié pour son intérêt d'avoir été prévenu mais, comme ennemi de V., il doit être bien content de voir, par la publicité de cet ouvrage, son auteur devenir encore plus odieux. Voilà du moins comme il doit penser, puisque ç'a dû être le premier mobile de l'idée qui lui est venue de faire imprimer cet ouvrage.
Mais il serait bien singulier que ce fût V. lui-même qui eût fait faire cette première édition à la hâte 1 sur l'avis secret qu'il aurait eu de celle que L. B. prépare, pour le frustrer par là du bénéfice que L. B. attend de son édition, et plus singulier encore qu'il eût tronqué ou mitigé l'édition qui paraît, à dessein de préparer le désaveu de celle à laquelle L. B. travaille, soit dans la crainte que cette pièce ne paraisse trop grave, si elle est rendue fidèlement d'après le manuscrit, soit par l'appréhension qu'il a que L. B. n'y ajoute du sien pour rendre l'ouvrage encore plus odieux. Ce qui m'induisait à le croire ainsi (et je ne suis pas le seul) est que quelqu'un qui prétend avoir connaissance de l'ouvrage que L. B. fait imprimer, et qu'il n'a point voulu nommer, a dit à mon libraire que cet ouvrage est beaucoup plus impie que l'Épître à Uranie; il a ajouté que cet ouvrage devait avoir sept feuilles d'impression, de 24 pages chacune, dont il ne sera absolument distribué ici aucun exemplaire, L. B. voulant les faire passer tous en pays étranger, et quelques-uns même par la poste, à la faveur de la petitesse du format. Mon homme m'a répété, à cette occasion, qu'il ne s'est point trompé, et qu'il est sûr d'avoir vu sur la table de L. B. des épreuves d'un ouvrage en vers, du format d'une lettre ployée en quatre ou à peu près, sur lesquelles il est certain d'avoir lu Poëme de la Pucelle d'Orléans en toutes lettres, et au haut des pages, chant, etc. et que L. B. les avait couvertes sur-le-champ de divers papiers. Peu de temps achèvera de nous instruire sur cela, car je ne perdrai point de vue l'édition de L. B., et je ferai tout au monde pour m'en procurer, à quelque prix, un exemplaire pour vous.
J'ai l'honneur d'être avec le dévouement le plus parfait et l'attachement le plus respectueux, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur,
DE SAINT-SAUVEUR.
Nota. Le poëme est de 5 564 vers. J'ai eu la curiosité de les compter. »
1 Note de Saint-Sauveur. ( Il fit partie des officiers de l'état-major à Fontenoy ): La quantité de fautes dont elle est remplie semble annoncer la précipitation avec laquelle elle a été exécutée.
Voir page 410 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k375119/f451.image.r=tome+1.langFR
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14/04/2012
il n'y aura jamais de moi d'édition bien arrêtée qu'après ma mort
Mais pour le moment, j'ai les yeux bien ouverts !
"A chaque fois qu'il tombe, voilà qu'il se relève ... !"
http://www.youtube.com/watch?v=MMDgGYE6G9c
... Comme Volti ...
« A M. Georg - Conrad WALTHER. 1
Aux Délices, près de Genève, 5 novembre 1755.
Mandez-moi, mon cher Walther, si je peux vous envoyer par la poste cette tragédie de l'Orphelin de la Chine que vous me demandez. Je l'ai encore beaucoup changée depuis qu'elle est imprimée c'est ainsi que j'en use avec tous mes ouvrages, parce que je ne suis content d'aucun. Cela déroute un peu les libraires, et j'en suis très-fâché mais je ne puis m'empêcher de corriger des ouvrages qui me paraissent défectueux. C'est un malheur pour moi de connaître trop mes défauts, et il n'y aura jamais de moi d'édition bien arrêtée qu'après ma mort. Le sieur Lambert à Paris, et les sieurs Cramer à Genève, ont voulu, chacun de leur côté, faire une nouvelle édition de mes œuvres. Je ne puis corriger celle de Lambert mais je ne puis m'empêcher de corriger, dans celle des frères Cramer, toutes les pièces dont je suis mécontent; c'est un ouvrage auquel je ne puis travailler qu'à mesure qu'on imprime. Il y a à chaque page des corrections et des additions si considérables que tout cela fait, en quelque façon, un nouvel ouvrage. Si vous pouviez trouver le moyen de mettre toutes ces nouveautés dans votre dernière édition 2, cela pourrait lui donner quelque cours à la longue mais c'est une chose qui ne pourrait se faire que par le moyen de quelque éditeur habile; et encore je ne vois pas comment il pourrait s'y prendre. Je suis très-fâché de toute cette concurrence d'éditions.
Si j'avais pu trouver quelque séjour agréable dans votre pays, vous savez bien que je me serais fait un plaisir infini de vous aider et de tout diriger; mais ma santé ne m'a pas permis de m'établir dans votre climat. Partout où je serai, je vous rendrai tous les services dont je serai capable. Si je peux vous envoyer par la poste quelque chose qui m'est tombé entre les mains, et qui vous donnerait un grand profit, je vous ferai ce plaisir sur-le-champ mais, comme c'est un ouvrage qui n'est pas de moi, et de l'orthodoxie duquel je ne réponds pas, je ne vous le ferai parvenir qu'en cas que vous puissiez agir discrètement et sans imprimer cette pièce sous votre nom. »
1 Voir, auf deutsch : http://saebi.isgv.de/biografie/Georg_Conrad_Walther_%2817...
17:04 | Lien permanent | Commentaires (0)
la rage de ceux qui gagnent leur pain à écrire
... peut être pardonnée, parfois .
Mais il en est d'autres, comme cet ahuri de BHL qui du haut de ses millions (d'euros, pas d'admirateurs, vous m'avez compris ) n'a pas même l'excuse de la nécessité d'assurer sa pitance quotidienne pour vitupérer contre tout être qui ose dire et mettre en relief les folies israeliennes .
"La première mort de Günter Grass", "ce gros poisson des lettres,[NDLR : prix Nobel de littérature, excusez du peu !], ce turbot congelé par soixante ans de pose et de mensonge, achève de se décomposer ..." , voilà ce qu'on trouve dans le Bloc Notes de BHL du Point du 12 avril, car Günter Grass s'est permis le crime de lèse-majesté de dire qu'Israël est une menace sérieuse pour la paix dans le monde ; ce en quoi , je trouve que M. Grass ne fait que redécouvrir l'eau chaude , écrire une évidence .
BHL se garde bien de jouer les entremetteur et médiateur dans le conflit israelo-palestinien, sa pantalonnade de salonnard en Lybie serait mal reçue par "une démocratie : l'Etat d'Israël" .
Monsieur le donneur de leçons, le verbeux soi-disant philosophe, vous voulez la paix partout, (sauf en Palestine-Israël) , mais combien d'années de guerre vous satisferont-elles avant de reconnaître la pure soif de pouvoir du gouvernement israëlien ? Vous êtes tellement borné et de mauvaise foi ( y compris votre foi religieuse ) que vous crèverez aussi bête qu'à votre première ligne .
Que n'allez-vous vivre dans ce "tout petit pays, l'un des plus petits du monde, l'un des plus vulnérables aussi" ?
Tellement vulnérable !
Va donc , eh! Calimero !!
Paroles de Corneille !!
« A M. le marquis de THIBOUVILLE.
1er novembre [1755]. 1
Mme Denis vient de me communiquer votre lettre, mon cher marquis je suis plus affligé et plus indigné que vous. Je n'ignore pas absolument qui sont les misérables dont la fureur a mêlé le nom de mes amis et des hommes les plus respectables dans je ne sais quelle plaisanterie qu'on a fait revivre si cruellement depuis quelques années. On m'en a envoyé des fragments où j'ai trouvé M. le maréchal de Richelieu traité de maquereau; M. d'Argental, de protecteur des mauvais poètes. Le succès de l'Orphelin de la Chine a ranimé la rage de ceux qui gagnent leur pain à écrire. Ils ont été fourrer Calvin dans cet ancien ouvrage dont il est question, parce que je suis dans un pays calviniste 2. Enfin ils ont poussé leur imbécile insolence jusqu'à oser profaner le nom du roi 3. Voyez, s'il vous plaît, les beaux vers dans lesquels ils ont exprimé ce panégyrique
Lui, des Bourbons trompant la destinée,
A la gard' Dieu laisse aller son armée, etc.
Je n'ose poursuivre, tant le reste est exécrable. J'ai vu, dans un de ces malheureux exemplaires, saint Louis en enfer 4. Il y a sept ou huit petits grimauds qui brochent continuellement des chants de ce prétendu poème. Ils les vendent six francs le chant, c'est un prix fait, il y en a déjà vingt-deux, et ils mettent mon nom hardiment à la tête de l'ouvrage. Je n'ai pas manqué d'avertir M. le maréchal de Richelieu. On m'avait écrit que vous étiez fourré dans cette rapsodie 5, avec M. d'Argental mais je n'avais point vu ce qui pouvait vous regarder, c'est une abomination qu'il faut oublier, elle me ferait mourir de douleur. Adieu, Mme Denis est aussi affligée que moi. Oublions les horreurs de la société humaine. Amusez-vous dans de jolis ouvrages conformes à la douceur de vos mœurs et aux grâces de votre esprit. Nous attendons votre roman avec impatience cela sera plus agréable que l'histoire de tout ce qui se fait aujourd'hui. Vous devriez venir prendre du lait ici, pour punir les scélérats qui abusent de votre nom et du mien d'une manière si misérable.
Pardonnez à un pauvre malade obligé de dicter, et qui a dicté cette lettre très-douloureusement. »
1 Voir aussi lettre du 21 mai au même : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/01/17/ma-pauvre-pucelle-devient-une-p-infame-a-qui-on-fait-dire-de.html
2 Variantes des chants V et XX : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-la-pucelle-d-or...
et : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-la-pucelle-d-or...
3 Variantes des chants XII et XIV : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-la-pucelle-d-or...
et : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-la-pucelle-d-or...
4 Variantes du chant V : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-la-pucelle-d-or...
5 Variantes du chant XXI : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-la-pucelle-d-or...
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13/04/2012
Je vous souhaite, madame, du bonheur, s'il y en a, de la tranquillité au moins, tout insipide qu'elle est
http://www.youtube.com/watch?v=dLcuRfJzetI&feat...
« A madame la comtesse d'EGMONT 1
Aux Délices, près de Genève, 29 d'octobre 1755.
On vous lit des choses bien édifiantes, madame, dans le couvent des Carmélites. Je ne doute pas qu'elles ne servent à entretenir votre dévotion. Si vous n'êtes pas encore convaincue du pouvoir de la grâce, vous devez l'être de celui de la destinée. Elle m'a fait quitter Cirey après l'avoir embelli, elle vous a fait quitter votre terre lorsque vous en rendiez la demeure plus agréable que jamais. Elle a fait mourir Mme du Châtelet en Lorraine. Elle m'a conduit sur les bords du lac de Genève; elle vous a campée aux Carmélites. C'est ainsi qu'elle se joue des hommes, qui ne sont que des atomes en mouvement, soumis à la loi générale qui les éparpille dans le grand choc des événements du monde, qu'ils ne peuvent ni prévoir, ni prévenir, ni comprendre, et dont ils croient quelquefois être les maîtres. Je bénis cette destinée de ce que messieurs vos enfants sont placés. Je vous souhaite, madame, du bonheur, s'il y en a, de la tranquillité au moins, tout insipide qu'elle est; de la santé, qui est le vrai bien, et qui cependant est un bien très-peu senti. Conservez-moi de l’amitié. Les roues de la machine du monde sont engrenées de façon à ne me pas laisser l'espérance de vous revoir mais mon tendre respect pour vous sera toujours dans mon cœur. »
1 Dans toutes les éditions des Œuvres de Voltaire, cette lettre a, jusqu'à ce jour (janvier 1832), été mise à la date du 23 août, et adressée à Mme la comtesse de La Neuville. M. Clogenson en possède une copie datée du 8 mars 1756, et à l'adresse de Mme la marquise de La Neuville. Grimm la rapporte, dans sa Correspondance littéraire, au mois d'octobre 1755, et comme adressée à Mme de Montrevel. Mais Luchet, qui, la croyant inédite, la donne dans le tome 1er de ses Mémoires pour servir à l'histoire de l'année 1789 (quatre volumes in-8°), nomme Mme la comtesse d'Egmont.
Angélique-Amable, petite-fille du maréchal de Villars, née à Paris le 19 mars 1723, mariée, le 5 février 1744, à Guy-Félix d'Egmont-Pignatelli, comte d'Egmont, prince de Gavres, veuve le 3 juillet 1753, prit l'habit des filles de la maison du Calvaire de la Compassion, ordre de Saint-Benoît, le 18 juin 1751, sous le nom d'Amable-Angélique-Marie-Thérèse du bon pasteur de Villars, et le 20 juin 1755 prononça ses vœux, en présence de l'abbé Grizel , qui l'avait convertie en lui volant 50 à 60,000 livres. (Beuchot.)
(voir page 239 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411340m/f242.image....
; et les Stances à Saurin page 535 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411324f/f545.image)
Et pour accompagner cette belle dame au couvent, The God :
Ce dieu m'a bien fait rire .
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