18/01/2013
que Mme la duchesse de Gotha soit mangée, et le roi de Prusse dépouillé, cela ne doit pas m'empêcher d'orner mon cabinet
... Show must go on ! On ne va tout de même pas se priver pour le roi de Prusse !
« A Jean-Robert Tronchin
A Lausanne 27 octobre [1757]
Je suis très flatté mon cher monsieur que mes rêves n'aient pas déplu à un homme qui a autant de solidité dans l'esprit que la personne respectable 1 à qui vous les avez communiqués . Ce qui me fait croire encore que les songes peuvent devenir des vérités, c'est que j'ai lieu de penser qu'on travaille déjà à ce que j'ai proposé . Il est question à ce que je présume d'une négociation entre le roi de Prusse et M. le maréchal de Richelieu, et elle pourrait bien finir par quelque chose de semblable à celle de M. le duc de Cumberland 2. C'est de quoi vous pourriez parler à Son Excellence qui peut être en est déjà instruite .
Je reçois dans le moment des lettres de Londres en date du 13 . Il n'est nullement question dans ces lettres de la maladie du roi d'Angleterre, et il faut bien que les ports ne soient pas fermés puisque les paquebots vont et viennent .
Au milieu des malheurs de tant de peuples il faut que je vous prie de vouloir bien me procurer soixante et quatre pieds des plus belles et des plus larges baguettes dorées, car, que Mme la duchesse de Gotha soit mangée, et le roi de Prusse dépouillé, cela ne doit pas m'empêcher d'orner mon cabinet .
Il y a d'assez plaisantes chansons en Angleterre sur l'expédition de leur flotte . Il vaut encore mieux faire des chansons que de pendre un amiral 3.
Mme Denis vous fait mille compliments et le Suisse V. vous embrasse de tout son cœur .
V.
Permettez que je vous adresse l'incluse . »
1 Le cardinal de Tencin .Voir lettre de Jean-Robert Tronchin du 24 octobre 1757 et la note du cardinal : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/01/19/on-arrive-au-vrai-par-la-communication-des-idees.html
2 Le 26 juillet 1757, le maréchal d'Estrées remporte, près de Hastembeck et de Hameln, au pays de Hanovre, une victoire complète sur le duc de Cumberland, qui commandait les Hanovriens, Anglais et Hessois. Le 10 septembre, capitulation de Closterseven, conclue entre le maréchal de Richelieu et le duc de Cumberland, pour une suspension d'armes. Avantageuse pour les Français, elle sera rompue peu après par les Hanovriens du prince Ferdinand de Brunswick .
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