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15/07/2013

je vous avertis pourtant qu'il y a de très jolies femmes à convertir dans Lausanne

 ... Chat alors !

Excuse me ! I must go !!

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« A Claude-Henri de Fuzée de Voisenon 1

[mars 1758]

Mon cher évêque 2, j'ai été enchanté de votre souvenir et de votre beau mandement israélite 3; on ne peut pas mieux demander à boire ; c'est dommage que Moïse n'ait donné à boire que de l'eau à ces pauvres gens ; mais je me flatte que vous ferez pour Pâques prochain au moins une noce de Cana ; ce miracle est bien au-dessus de l'autre , et rien ne vous manquera plus quand vous aurez apaisé la soif des buveurs de l'ancien et du nouveau testament . Franchement votre petit ouvrage est très bien fait et très lyrique . Mondonville 4 doit vous avoir beaucoup d'obligation, et j'ai plus de soif de vous revoir que vous n'en avez de venir à mes petites Délices . Mais ce n'est pas aux Délices qu'il fallait venir, c'est à Lausanne ; Mme Denis y a la même réputation que Mlle Clairon a dans votre pays . Vous seriez assez étonné de voir des pièces nouvelles en Suisse, et mieux jouées en général qu'elles ne le seraient à Paris ; c'est à quoi nous avons passé notre hiver pour nous dépiquer du malheur de nos armées . Nous vous aurions très bien logé; nous vous aurions fait manger force gélinottes et de grosses truites : nous vous aurions crevé, et M. Tronchin vous aurait guéri . Mais vous n'êtes pas un prêtre à faire une mission chez nous autres hérétiques ; jamais votre zèle ne sera assez grand pour venir sur notre beau lac de Genève ; je vous avertis pourtant qu'il y a de très jolies femmes à convertir dans Lausanne . Mme Denis se souvient toujours de vous avec bien de l'amitié et n'en compte pas sur vous davantage ; vous nous écrivez une fois en cinq ans ; nous reconnaissons là les mœurs de Paris ; encore est-ce beaucoup que dans vos dissipations vous vous soyez ressouvenu une fois de vos amis qui ne vous oublient jamais, et qui savent autant que vos Parisiennes combien vous êtes aimable . Nous ne regrettons pas beaucoup de choses, mais nous regrettons toujours le très aimable et très volage évêque de Montrouge . »

1Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Claude-Henri_de_Fus%C3%A9e_de_Voisenon

Cette lettre est faite en réponse à l'abbé de Voisenon qui lui avait envoyé son motet français Les Israélites sur la montagne d'Horeb . Voisenon écrit plusieurs livrets d’oratorios en français : Casanova aurait inspiré le thème du premier, Les Israelites à la montagne d’Horeb, joué pour la première fois en 1758 . Voir : http://books.google.fr/books?id=Pe4FAAAAQAAJ&pg=PA217&lpg=PA217&dq=Les+Isra%C3%A9lites+sur+la+montagne+d%27Horeb+voisenon&source=bl&ots=dEsqmAmCLX&sig=-mx8anmdz0CfLiq9cdDqhC24lus&hl=fr&sa=X&ei=UB_jUanbNomThQf51oHwBg&ved=0CDQQ6AEwAQ#v=onepage&q=Les%20Isra%C3%A9lites%20sur%20la%20montagne%20d%27Horeb%20voisenon&f=false

2 « L'abbé de Voisenon avait signé sa lettre L'évêque de Montrouge, maison charmante située aux environs de Paris, appartenant au duc de Lavallière, et qu'on peut appeler le diocèse des muses lorsqu'il y a un tel évêque. » : note de l'édition .

3 Le motet de Voisenon avait paru dans le Journal encyclopédique .

4 Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville, compositeur et violoniste (1711-1772) devait composer sur le texte de Voisenon le « motet français » Les Israélites sur le mont Horeb créé cette même année .Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Joseph_Cassan%C3%A9a_de_Mondonville

 

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