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14/06/2014

vos rimes familières Immortalisent les beaux cus De ceux que vous avez vaincus, Ce sont des faveurs singulières.

...  - Parle à mon cul, j'ai la tête lourde !

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- Arrête de ruminer des idées noires ou c'est encore une histoire qui va finir par une boucherie !

 

« A FRÉDÉRIC II, roi de Prusse.
2 mai [1759.]

 


Héros du Nord, je savais bien
Que vous avez vu les derrières
Des guerriers du roi très-chrétien,
A qui vous taillez des croupières;
Mais que vos rimes familières
Immortalisent les beaux cus
De ceux que vous avez vaincus,
Ce sont des faveurs singulières.

Nos blancs-poudrés sont convaincus
De tout ce que vous savez faire;
Mais les ons, les its, et les us,
A présent ne vous touchent guère.

Mars, votre autre dieu tutélaire,
Brise la lyre de Phébus;
Horace, Lucrèce, et Pétrone,
Dans l'hiver sont vos courtisans;
Vos beaux printemps sont pour Bellone :
Vous vous amusez en tout temps.



Il n'y a rien de si plaisant, sire, que le congé 1 que vous avez donné, daté du 6 novembre 1757. Cependant il me semble que dans ce mois de novembre vous couriez à bride abattue à Breslau, et que c'est en courant que vous chantâtes nos derrières.
Le bel arrêt 2 du parlement de Paris sur le bon sens philosophique de d'Argens, et sur la Loi naturelle, pourrait bien aussi avoir sa part dans l'histoire des culs; mais c'est dans le divin chapitre des torche-culs de Gargantua 3. La besogne de ces Messieurs ne mérite guère qu'on en fasse un autre usage. On a traité à peu près ainsi, à la cour, les impertinentes remontrances que cette compagnie a faites, on ne pourra jamais leur reprocher la Philosophie du bon sens. On dit que Paris est plus fou que jamais, non pas de cette folie que le génie peut quelquefois permettre, mais de cette folie qui ressemble à la sottise. Je ne veux pas, sire, avoir celle d'abuser plus longtemps des moments de Votre Majesté; je volerais les Autrichiens, à qui vous les consacrez. Je prie Dieu toujours qu'il vous donne la paix, et que son règne nous advienne 4.
Car, en vérité, au milieu de tant de massacres, c'est le règne du diable; et les philosophes qui disent que tout est bien ne connaissent guère leur monde. Tout sera bien quand vous serez à Sans-Souci, et que vous direz :
Alors, cher Cinéas, victorieux, contents,
Nous pouvons rire à l'aise, et prendre du bon temps
5»


 

1 Il s'agit d'une pièce de vers du roi de Prusse intitulée Congé de l'armée des cercles et des tonneliers , « plaisanterie grivoise » envoyée par Frédéric à V* avec sa lettre du 11 avril à laquelle répond ici v* . Imprimée dans les Œuvres de Frédéric, cette pièce date de 1757 , on a reconnu dans les terminaisons citées dans ce vers des rimes scabreuses . Ce sont les Français que désigne « tonneliers », et le nom de tonneliers leur était donné, parce qu'ils avaient avec eux les troupes des cercles d'Allemagne. Le Congé est daté de Freybourg. (Beuchot.)Voir page 256 : http://books.google.fr/books?id=DnwHAAAAQAAJ&pg=PA256&lpg=PA256&dq=Cong%C3%A9+de+l%27arm%C3%A9e+des+cercles+et+des+tonneliers&source=bl&ots=emD848pQYS&sig=aRgKjH5VOno_yE3PcW0Tb0adEpA&hl=fr&sa=X&ei=16ScU_OsKKGW0AXfvIGIBw&ved=0CC8Q6AEwAw#v=onepage&q=Cong%C3%A9%20de%20l%27arm%C3%A9e%20des%20cercles%20et%20des%20tonneliers&f=false

 

2 Du 6 février 1759.

 

3Gargantua, XIII, Rabelais : http://mapage.noos.fr/crosin000v/Rabelais/Extraits_fr_Rab...

Voltaire commente le post scriptum de la Lettre du 11 avril 1759 de Frédéric II à V* : « DE FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
Bolkenhayn, 11 avril 1759
Distinguez, je vous prie, les temps où les ouvrages ont été faits. Les Tristes d'Ovide et l'Art d'aimer ne sont pas contemporains. Mes élégies ont leur temps marqué par l'affreuse catastrophe qui laissera un trait enfoncé dans mon cœur, autant que mes yeux seront ouverts. Les autres pièces ont été faites dans des intervalles qui se trouvent toujours, quelque vive que soit la guerre. Je me sers de toutes mes armes contre mes ennemis; je suis comme le porc-épic qui, se hérissant, se défend de toutes ses pointes. Je n'assure pas que les miennes soient bonnes ; mais il faut faire usage de toutes ses facultés telles qu'elles sont, et porter des coups à ses adversaires les mieux assénés que l'on peut.
Il semble qu'on ait oublié dans cette guerre-ci ce que c'est que les bons procédés et la bienséance. Les nations les plus policées font la guerre en bêtes féroces. J'ai honte de l'humanité; j'en rougis pour le siècle. Avouons la vérité; les arts et la philosophie ne se répandent que sur le petit nombre; la grosse masse, le peuple, et le vulgaire de la noblesse, restent ce que la nature les a faits, c'est-à-dire de méchants animaux.
Quelque réputation que vous ayez, mon cher Voltaire, ne pensez pas que les housards autrichiens connaissent votre écriture. Je puis vous assurer qu'ils se connaissent mieux en eau-de-vie qu'en beaux vers et en célèbres auteurs.
Nous allons commencer dans peu une campagne qui sera pour le moins aussi rude que la précédente. Le prince Ferdinand épaule bien ma droite;Dieu sait quelle en sera l'issue. Mais de quoi je puis vous assurer positivement, c'est qu'on ne m'aura pas à bon marché, et que, si je succombe, il faudra que l'ennemi se fraye par un carnage affreux le chemin à ma destruction.
Adieu ; je vous souhaite tout ce qui me manque.
FÉDÉRIC.
N. B. On dit qu'on a brûlé à Paris votre poème de la Loi naturelle, la Philosophie du bon sens , et l'Esprit, ouvrage d'Helvétius. Admirez comme l'amour-propre se flatte; je tire une espèce de gloire que la même époque de la guerre que la France me fait devienne celle qu'on fait à Paris au bon sens. »

 

 

 

 

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