01/10/2014
On varie tous les jours, mon cher monsieur, sur la liste des impôts ; mais toutes les listes que j'ai vues sont bien longues, le fardeau bien pesant, et la tristesse générale
... Et il en est encore qui regrettent le "bon vieux temps" en ignorant qu'il ressemblait au nôtre ; à quelques inventions près , on voit la valse des impôts , à trois (tiers) temps ou plus, sans cesse rejouée . Administrativement, peu de différence entre un roi et des parlements avec fermiers généraux, et un président avec parlement et sénat et un trésor public redoutable .
Qui paye qui ? Qui paye quoi ?
« A Jean-Robert Tronchin
à Lyon
Au Délices près de Genève 27 août 1759
On varie tous les jours, mon cher monsieur, sur la liste des impôts ; mais toutes les listes que j'ai vues sont bien longues, le fardeau bien pesant, et la tristesse générale . Cependant il faudra bien prendre un parti pour la clôture des Délices , attendu qu'il n'y a d'impôts sur le territoire de Genève ni sur les pierres ni sur les arbres . Les nouvellistes de votre ville ont voulu contester la défaite du roi de Prusse, mais elle est aussi vraie que celle du maréchal de Contades ; l'une et l'autre pourront être réparées, et la guerre peut durer encore longtemps .
Vous aurez probablement des objets plus satisfaisants à Lyon , vous y aurez deux cours brillantes . Si Mme Denis et moi avions un peu de santé nous pourrions bien aller voir Mme de Pompadour et M. de Choiseul, à qui nous avons plus d'une obligation . Mais je vous avoue que dans le fond du cœur, je préfère mes campagnes à toutes les cours du monde .
Voici, monsieur, deux petites lettres de change . Je reçois peu et je dépense beaucoup, ce n'est pas le moyen de laisser un grand héritage ; le grand point est de se réjouir, c'est pour cela que nous présentons, ma nièce et moi, nos remerciements à M. Camp, et que nous attendons des aunes de verdure et de fleurs comme M. Guillaume attendait des aunes de mouton 1. J'attends aussi que M. le conseiller d’État vienne régler avec moi quelques aunes de muraille .
Mille tendres compliments.
V. »
1 David-Augustin de Brueys, L'Avocat Pathelin, acte III,sc. 3, adaptation de la farce médiévale .
BRUEYS (De) et PALAPRAT. L’Avocat patelin, comédie en trois actes et en prose.
La première édition de l’Avocat patelin a eu lieu en 1706.
David de Brueys (1641-1723), poète et théologien français élevé dans la religion protestante, fut converti par Bossuet,et embrassa la religion catholique. S’étant alors fixé à Paris, il prit goût au théâtre et composa avec son ami Palaprat plusieurs comédies qui eurent du succès.
Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/David_Augustin_de_Brueys
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