04/10/2014
Que vous faites bien madame de vous délivrer de tous ces banquiers ! Les Olenslagers et tous les gens de son espèce auront à la fin tout l'argent de l'Europe
... Olenslagers et autres banquiers, essayez d'échapper à leurs griffes est tâche difficile sinon impossible, crise ou pas crise ils s'en sortiront plus gras que jamais, de toute éternité .
« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha
Aux Délices 4 septembre [1759
Madame, je reçois la lettre dont Votre Altesse Sérénissime m'honore par les mains de l'avocat qu'elle a envoyé dans nos montagnes . Que vous faites bien madame de vous délivrer de tous ces banquiers ! Les Olenslagers et tous les gens de son espèce auront à la fin tout l'argent de l'Europe . Je n'ai nulle nouvelle du marchand baron, il est en pleine Suisse dans sa terre qu'il a gagnée à vendre paisiblement de la mousseline, tandis que tant de terres de ceux qui ne vendent que leur sang sont ravagées . Il sera sans doute fort aise lui-même du parti que Votre Altesse Sérénissime a pris . Je n'ai point vu encore celui qu'elle a envoyé . J'étais dans un de mes ermitages quand il me cherchait dans l'autre . Je l'attends aujourd'hui à dîner mais la poste partira avant qu'il arrive . C'est ce qui me détermine à écrire par le courrier qui d'ailleurs ira plus vite que lui .
J’eus l'honneur madame de vous écrire avant hier 1 et je pris la liberté de mettre dans le paquet une lettre qui peut n'être pas tout à fait inutile à la personne 2 qui la recevra . Vous vous intéressez à elle et je ne devrais pas m'y intéresser . Mais les affaires de ce monde tournent quelquefois d'une manière ridicule . Il est sans doute bien extraordinaire que je sois à portée de servir cette personne . Elle est très capable de n'en rien croire, car avec de très grandes qualités on a quelquefois des caprices . Je n'ose en dire davantage . Plût à Dieu, madame, que je puisse venir me mettre à vos pieds pendant quelques jours . Je me flatte que les yeux de la grande maîtresse des cœurs sont meilleurs que les miens . Ils vous voient tous les jours . Les miens sont punis d'avoir quitté votre cour .
Recevez, madame, les profonds respects de l'ermite V. avec votre indulgence ordinaire . »
1 Ou plutôt trois jours avant, lettre du 1er septembre 1759 :
2 Frédéric II, voir note de la lettre du 1er septembre 1759 à la duchesse, ci-dessus .
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