20/01/2015
il est désagréable qu'on m'impute continuellement des sottises que je n'ai pas seulement lues, et que je méprise autant que la plupart des brochures de Paris
... Voila ce qu'aurait pu dire le monde musulman s'il avait été un tant soit peu civilisé et tolérant .
On a vu plutôt des bas-de-plafond faire parler les balles et les machettes . C'est trop leur demander que d'épargner des vies , ce sont des impuissants qui croient dominer le monde par la terreur ; je leur dit : "vos jours sont comptés", et tout comme il est écrit :
Dn 5,24. C'est pourquoi Il a envoyé l'extrémité de cette main, qui a écrit ce qui est marqué sur la muraille.
Dn 5,25. Or voici l'écriture qui a été tracée: Mané, Thécel, Pharès.
Dn 5,26. Et voici l'interprétation de ces mots. Mané: Dieu a compté ton règne et y a mis fin.
Dn 5,27. Thécel: tu as été pesé dans la balance, et tu as été trouvé trop léger.
Dn 5,28. Pharès: ton royaume a été divisé, et donné aux Mèdes et aux Perses.
Et j'ajouterai que ce n'est pas LE prophète barbu qui est prétexte à guerre prétendue sainte , qui pourra y changer quoi que ce soit : vous périrez, vous pourrirez .
« A Michel Lambert 1
Libraire
proche la Comédie française
à Paris
[vers le 15 janvier 1760]2
Je suis obligé , monsieur, de me plaindre à vous, de ce que vous avez imprimé sous mon nom une comédie intitulée La Femme qui a raison, sans me consulter . Elle n'est certainement pas de moi dans l'état pitoyable où je l'ai vue ; et je n'ai pas mérité que vous me fissiez cet outrage , qui choque également les bienséances et les lois ; il n'est certainement pas permis de se servir du nom de qui que ce soit sans son aveu . On me mande aussi de Paris que vous imprimez souvent des injures contre moi dans un ouvrage périodique, intitulé l'Année littéraire . Comme je ne me suis attiré, monsieur, ni aucun de ces procédés, ni aucun de ces outrages, je crois que vous devez vous les reprocher . Je suis très loin d'y faire une attention sérieuse, mais il est désagréable qu'on m'impute continuellement des sottises que je n'ai pas seulement lues, et que je méprise autant que la plupart des brochures de Paris sont méprisables, vous pouvez gagner de l'argent par des voies plus dignes de vous et de votre profession.
Voltaire
gentilhomme ordinaire du roi
l'un des 40 de l'Académie »
2 Pour la suite des relations avec Michel Lambert, citons un extrait d'une lettre de Gabriel Cramer à Grimm, du 4 février 1760 : « Si M. Lambert nous eût fait il y a trois ou quatre ans, l'ouverture qu'il nous fait aujourd'hui par votre canal , il aurait et nous aussi beaucoup d'argent qui a passé en d’assez mauvaises mains ; car à vous en parler vrai , nos relations avec Robin ne m'ont jamais plu ; je ne sais comment diable tout cela s'est enfilé, car je n'ai jamais compris la nécessité de faire à mes dépens, la fortune d'un homme à qui elle ne va pas du tout . Si donc M. Lambert est de bonne foi dans l'intention de se lier avec nous, et de ne rien contrefaire de ce que je lui enverrai, je consens de tout mon cœur à rompre avec Robin, avec lequel je puis terminer dans quinze jours . Nous pourrions commencer M. Lambert et moi sous des auspices assez passables : le czar, l'infâme ,,,[La Pucelle] , et des petits chapitres . Le czar (je parle du premier volume) est en magasin depuis plusieurs mois ; les cartes de M. Danville sont arrivées ici, l'exemplaire envoyé à Pétersbourg n'est point parvenu, on en renvoiera un autre, et l'on n'attend qu'une approbation du grand chambellan pour achever l'ouvrage ; lequel sera mis sous presse sur-le-champ, puis expédié à Paris en tel nombre que l'on jugera convenable . Il y aura une édition en 8° et une édition 12° . la chère infâme est toute prête à paraître au grand jour, sa parure est la plus élégante du monde ; nous attendons des gravures délicieuses (quoiqu'honnêtes) que nous avons fait faire pour rendre la chose plus touchante . Quant au volume de mélanges je compte qu'au premier jour je le mettrai sous presse ; mais il me semble que pour celui-là je serais embarrassé à refuser à Robin un nombre d'exemplaires pour compléter ce qui peut lui rester des œuvres . L'analyse de l'Esprit est partie depuis quinze jours ; j'ai donné ordre à Robin de vous remettre tous les exemplaires que vous aurez la bonté de lui demander . […] vous ne connaissez pas encore le Voyage de frère Garassise à Lisbonne ; il est sous presse à la suite de la Bertiade ; si nous nous arrangeons avec M. Lambert, ce sera la dernière chose que recevra Robin . »
Le 27 avril 1760, dans sa lettre à d'Argental, V* écrit : « Faudra-t-il qu'un libraire, tel que Michel Lambert, qui a l'insolence d'imprimer toutes les pauvretés que Fréron débite contre moi, gagne cent louis d'or à imprimer malgré moi mon ouvrage? Cela est-il juste ? »
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