11/05/2015
l'histoire ne doit être ni une satire, ni un panégyrique, ni une gazette.
... Qu'on se le dise, qu'on se le grave dans le crâne et dans les textes à l'heure où la réformite aigüe frappe une nouvelle fois l'Education nationale .
Le Siècle des Lumières passant au rang de connaissance "facultative" , entre autres, me fait bouillir .
Une consultation des enseignants est programmée, 800000 enseignants consultés et donc 800000 avis différents, sur lesquels planera l'avis de notre ministre Najat Vallaud Belkacem : «L'enseignement de l'histoire doit bien être un récit qui raconte notre appartenance à la communauté nationale, pas seulement une succession de dates. Mais il faut veiller à ne pas instrumentaliser ce récit .», et moi je dis "écoutez Voltaire, ça ne peut que vous faire du bien !"
Suite au prochain numéro !...
M'sieur ! M'sieur !
S'il-vous-plait ! ne restez pas dans le flou, éclairez-nous !
« A Ivan Ivanovitch SCHOUVALOV
Tournay, par Genève, 14 mai [1760]
Monsieur, j'ai reçu aujourd'hui, par les mains du jeune M. de Soltikof, les deux mémoires dont Votre Excellence a bien voulu le charger pour moi. Je me flatte que je recevrai autant d'instructions sur les affaires et sur la guerre que j'en reçois sur les moines et sur les religieuses.
Je présume, monsieur, que vous avez reçu à présent le volume qui va jusqu'à Pultava, et que vous ne laisserez point imparfait le bâtiment que vous avez élevé. Quoique j'aie suivi en tout, dans ce premier volume, les mémoires authentiques que j'ai entre les mains, cependant si je me suis trompé
en quelque chose, ou même si j'ai dit quelques vérités que le temps présent ne permette pas de mettre au jour, il sera aisé de substituer d'autres pages aux pages que vous croirez devoir être réformées. Cette histoire est votre ouvrage plutôt que le mien ; il ne doit paraître que sous vos auspices: ainsi tout doit être muni du sceau de votre approbation. Je suis bien persuadé que vous n'aurez point de vains scrupules ; votre esprit juste en est incapable. Vous savez mieux que moi ce que je vous ai toujours dit, que l'histoire ne doit être ni une satire, ni un panégyrique, ni une gazette. Il faut surtout que l'histoire puisse fouiller dans le cabinet, sans pourtant abuser de cette permission.
J'espère que la paix de l'Europe, qui ne peut nous être donnée que par vos armes victorieuses, sera l'époque de la publication de l'Histoire de Pierre le Grand. Ce sera une grande consolation pour moi de servir à réfuter les calomnies odieuses dont on a osé noircir depuis peu 1 ce héros de votre nation. Mais je suis bien vieux et bien infirme ; il faut que je me hâte et que 2 je ne meure point avec le regret de n'avoir point achevé ce que vous avez fait commencer.
Je n'ai aucune nouvelle des paquets par moi envoyés 3.Je suis toujours à vos ordres.
J'ai l'honneur d'être, avec les plus respectueux sentiments,
monsieur, 4
de Votre Excellence
le très humble et très obéissant serviteur V. »
1 Ce mot manque dans les éditions précédentes .
2 Que manque dans les éditions .
3 Cette phrase manque dans les éditions .
4 La fin de lettre depuis monsieur manque dans les éditions .
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