02/07/2015
Paris est, l'hiver et l'été, le centre du ridicule
... Je confirme !
« A Marie-Ursule de Klinglin , comtesse de
Lutzelbourg
à l'île Jard
à Strasbourg
Vous m'avez envoyé, madame, la plus grosse face qui soit à Strasbourg . Oh que ce Flocart a bien l'air du secrétaire d'un intendant ! Je l'ai reçu de mon mieux . Il m'a paru enchanté de mon pays . En effet c'est la plus jolie nature du monde, et personne ne se vante d’avoir une plus belle situation que moi . Je voulais cependant la quitter , mais je suis arrêté par mes bâtiments jusqu'au mois de septembre . J'espère bien avoir l'honneur de vous faire ma cour à l'île Jard . Je ne sais pas encore bien positivement si on a repris la ville de Québec . En tout cas cela n'est bon à reprendre que l'été . Je ne vois pas ce qu'on peut faire de ce vilain pays en hiver .
Paris est, l'hiver et l'été, le centre du ridicule . Ramponneau, cabaretier de La Courtille, a occupé la cour et la ville . Les convulsionnaires qui se crucifient ont un grand parti , et La Tournelle ne sait pas trop comment les juger . Les jésuites sont poursuivis par les apothicaires pour avoir vendu du vert-de-gris 1, et sont accusés d’empoisonner les corps après l'avoir été jadis d'empoisonner les âmes . On s'est mangé le blanc des yeux pour une mauvaise comédie . Tout cela est bon, mais il nous faudrait la paix et de l'argent .
Portez-vous bien madame, et vivez pour voir des temps plus heureux et moins sots .
V.
Aux Délices 2 juillet [1760] »
1 On avait saisi des drogues, à la requête des apothicaires , chez les jésuites de la rue Saint-Antoine le 14 mai 1760 ; V* fait état de ce fait dans le Pot pourri .
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