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15/09/2015

No body rais'd his voice higher than mine in favour of the rights of human-kind . Yet I have not exceeded even on that virtue

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« A George Lyttelton, premier baron Lyttelton 1

I have read the ingenious Dialogues of the dead 2. I find page 134 that I am an exile 3, and guilty of some excesses in writing . I am oblig'd , (and perhaps for the honour of my country) to say I am not an exile, because I have not committed the excesses the author of the dialogues imputes to me .

No body rais'd his voice higher than mine in favour of the rights of human-kind . Yet I have not exceeded even on that virtue .

I am not settled in Switzerland, as he believes. I live in my own lands in France . Retreat is becoming to old age and more becoming in ones own possessions . If I enjjoy a little country-house near Geneva, my mannors and my castles are in Burgundy and if my King has been pleased to confirm the privileges of my lands which are free from all tributes, I am the more addicted to my King .

If I was an exile, I had no obtain'd from my court many a passeport for english noblemen . The service I renderd to them intitles me to the justice I expect from the noble author .

As to religion, I think, and I hope , he thinks with me, that God is, neither a presbiterian, nor a lutherian, nor of the low church, nor of the high church ; but god is the father of all mankind, the father of the noble author and mine .

I am with respect

his most humble serv

Voltaire

gentleman of the King's chamber .

At my castle of Ferney in Burgundy .[vers septembre 1760] 4»

1 Traduction de Kehl : « Du château de Ferney en Bourgogne .

J'ai lu les ingénieux Dialogues des morts, que vous venez de publier . J'y trouve que je suis exilé, et que je suis coupable de quelques excès dans mes écrits . Je suis obligé peut-être pour l'honneur de ma nation, de dire publiquement que je ne suis point exilé, parce que je n'ai pas commis les fautes que l'auteur des dialogues m'impute à son gré . Personne n'a plus élevé sa voix que moi en faveur des droits de l'humanité , et cependant je n'ai jamais excédé même les bornes de cette vertu . Je ne suis point établi en Suisse, comme cet auteur mal instruit le débite ; je vis dans mes terres en France . La retraite convient aux vieillards qui ont assez vécu dans les cours pour les abhorrer et pour les fuir, et qui goûtent une douceur nouvelle de vivre dans la retraite et dans leurs possessions , avec des amis éclairés et fidèles . Il est bien vrai que j'ai une petite maison de campagne auprès de Genève, mais ma demeure et mes châteaux sont en Bourgogne . La bonté que mon roi a eue de confirmer les privilèges de mes terres, qui sont exemptes de toute imposition, m'a encore attaché à sa personne . Si j'avais été exilé, je n'aurais pas obtenu des passeports de ma cour, pour plusieurs seigneurs anglais ; le service que je leur ai rendu, me donne droit à la justice que j'attends de l'auteur des Dialogues . Quant à la religion, je pense et je crois qu'il pense, comme moi, que Dieu n'est ni presbytérien, ni luthérien, ni de la basse ni de la haute Église ; Dieu est le père de tous les hommes, père de milord et le mien . »

2 Les Dialogues of the dead de Lyttelton avaient été publiés en 1760, et deux traductions venaient de paraître sous le même titre de Dialogues des Morts, l'une par Jean Des Champs, l'autre par le professeur de Joncourt .

3 V* fait référence à la version anglaise : «  Voltaire is, I hear, retired from Berlin to the Territory of Geneva . It does great honour to Switzerland, but not much to France, that the finest Wit she left to boast of should chuse a country-house at the foot of the Alps, rather than Paris, or any villa in the neighbouhood of that city, for the retreat of his age . » Plus loin l'auteur dit que V* n'a pas fait preuve de beaucoup de discrétion, et que l'exil ne lui a pas enseigné la sagesse .

Traduction : « Voltaire, à ce que j'entends dire, s'est retiré de Berlin dans le territoire de Genève . C'est un grand honneur pour la Suisse, mais ce n'en est pas un pour la France que le plus grand esprit dont elle puisse encore s'enorgueillir ait choisi une maison de campagne au pied des Alpes plutôt qu'à Paris ou dans une résidence proche de cette cité comme retraite pour ses vieux jours . »

4 Kehl place une traduction de cette lettre en décembre 1760, ce qui paraît un peu tard, mais possible quoique le Journal encyclopédique la cite dès le 15 janvier 1761 .

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