15/09/2015
Défendez-moi du spadassin, je me charge de l'écorcheur
... L'un et l'autre vont sentir ce qu'est le pouvoir d'une plume .
« Etienne-François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul
[vers septembre 1760] 1
Monsieur le duc, je ne sais ce que mes oreilles ont fait à MM. de Pompignan, l'un mes les écorche depuis longtemps, l'autre veut me les couper . Défendez-moi du spadassin, je me charge de l'écorcheur ; j'ai besoin de mes oreilles pour entendre tout ce que la renommée dit de vous . »
1 Copie par Wyatt, secrétaire de Mme du Deffand, envoyée à Walpole ; c'est le texte suivi .
Il existe aussi trois éditions qui ont toutes un texte différend . La première est celle des Lettres curieuses, qui donne le texte suivant :
« Je ne sais , monsieur le duc, ce que j'ai fait à MM. Le Franc ; l'un m'écorche tous les jours les oreilles ; l'autre menace de me les couper , je me charge du rimailleur, je vous abandonne le spadassin ; car j'ai besoin de mes oreilles pour entendre tout ce que la renommée publie de vous . »
La seconde est celle de Kehl :
« J'ignore ce que mes oreilles ont pu faire aux Pompignan . L'un mes les fatigue par ses mandements, l'autre me les écorche par ses vers, et le troisième me menace de les couper . Je vous prie de me garantir du spadassin ; je me charge des deux écrivains . Si quelque chose, monseigneur , me faisait regretter la perte de mes deux oreilles, ce serait de ne pas entendre tout le bien que l'on dit de vous à Paris . »
La troisième est constituée par les Mémoires d'un voyageur qui se repose , 1806, de Louis Dutens, à qui la lettre de V* avait été montrée à Chanteloup par la duchesse de Choiseul :
« Je ne sais pas ce que j'ai fait aux frères de Pompignan ; l'un m'écorche les oreilles, et l'autre veut me les couper . Protégez moi, monseigneur, contre l'assassin, je me charge de l'écorcheur , car j'ai besoin de mes oreille pour entendre le bruit de votre renommée , etc. »
Les circonstances à propos desquelles V* écrivit cette lettre sont précisées par Mme du Deffand, dans une lettre à Walpole du 7 janvier 1767 : « Elle n'est pas nouvelle, mais elle l'a été pour moi, car ce n'est que d'avant-hier que j'en ai connaissance . Il l'écrivit sur ce qu'il apprit qu'un capitaine, frère de M. Pompignan, était à Genève, et disait qu'il lui donnerait des coups de bâtons et lui couperait les oreilles »
La première édition ne date pas cette lettre ; la seconde la place avec une autre à Choiseul ( en fait plus tardive) en avril 1763, suivie par les éditions modernes ; une lettre de Formey à Algarotti du 17 septembre 1760 relate l'incident d'où la date ici proposée .
15:34 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.