21/03/2016
car il me paraît que ce n'est guère que dans ce temps [les vacances] que les gens inutiles, comme moi, et qui sont sans affaires, doivent se présenter à ceux qui sont à la tête des affaires publiques
... Toutefois ma confiance est très limitée , et je ne suis pas le seul dans ce cas, je crois .
« A Jean-Philippe Fyot de La Marche
Aux Délices, par Genève, 1er avril 1761
Monsieur, je vous demande très humblement pardon de ne vous point écrire de ma main, mais c'est que je suis très malade ; mais j'ai une plus grande indulgence à vous demander pour le fatras que j'ai pris la liberté de vous offrir : j'aurais bien mieux fait, monsieur, de venir vous faire ma cour, à vous et à monsieur votre père, dans le temps de vos vacances ; car il me paraît que ce n'est guère que dans ce temps que les gens inutiles, comme moi, et qui sont sans affaires, doivent se présenter à ceux qui sont à la tête des affaires publiques . J'ai une passion extrême de profiter du loisir dont jouit monsieur votre père ; quand je songe qu'il y a près de cinquante ans qu'il m'honore d'une bienveillance qui ne s'est jamais démentie , je me regarde comme bien coupable de n'avoir pas encore passé le mont Jura, pour venir lui rendre mes très tendres hommages . Vous entrez, monsieur, pour beaucoup dans mes remords .
Je prends la liberté, monsieur, de vous supplier de l'assurer qu'il n'y a personne au monde qui ait pour lui une vénération plus tendre que la mienne . Regardez-moi je vous en prie, comme une créature de votre maison, comme une personne attachée à votre nom, et au mérite du père et du fils ; je vous regarde comme mes patrons , quoique je n'aie de procès ni avec mes vassaux, ni avec mes voisins .
J'ai l'honneur d'être avec le plus sincère respect, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur .
Voltaire . »
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