22/03/2016
C'est une affaire que nous n'abandonnerons jamais
... Oui monsieur Sven Mary, avocat de Salah Abdeslam . Au fait qui vous paye, mon très cher avocat vedette ?
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
Il faut apprendre à mes anges gardiens que la feuille de Fréron qu'on a traitée de bagatelle a eu les suites les plus désagréables . Un gentillâtre bourguignon voulait l'épouser (cette Corneille)1 ; il a vu la feuille ; il a vu que Mlle Corneille était fille d'un paysan qui subsistait d'un emploi de 50 livres par mois à la poste à deux sous . Il n' a jamais lu Le Cid ; il a cru qu'on le trompait quand on lui disait que Mlle Corneille avait deux cents ans de noblesse ; le mariage a été rompu . Il est bien étrange qu'on souffre de telles personnalités uniquement parce qu'on croit que j'y suis compromis . Nous demandons à M.2 de Malesherbes qu'il exige au moins une rétractation formelle du coquin, qu'il dise qu'il demande pardon au public d'avoir outragé un 3 nom respectable en disant que Mlle Corneille avait quitté le couvent pour aller recevoir une nouvelle éducation du sieur L’Écluse acteur de l'Opéra-Comique, qu'il avoue qu'il a été grossièrement trompé 4 et qu'il se repent d'avoir donné ce scandale .
M. de Malesherbes qui paye le Journal des savants du produit des feuilles de Fréron ne peut refuser cette justice . S'il la refusait il serait aussi coupable que Fréron . Nous supplions très instamment M. d'Argental de vouloir bien en parler à M. de Malesherbes . C'est une affaire que nous n'abandonnerons jamais, et M. de Malesherbes ne doit point pousser à bout cinq ou six personnes intéressées à demander une réparation si légitime 5.
Mon cher ange prenez le sort de Mlle Corneille à cœur, nous vous en conjurons . Je jure bien de ne jamais travailler pour le théâtre si on profane ainsi le nom de notre père .
Voici un mémoire bien bas,6 mais c'est aussi du plus bas des hommes dont il s'agit . Je le tiens de Thieriot . Cela paraît avoir un air de grande vérité . Est-il possible qu'on protège un pareil misérable ? Si M. de Malesherbes savait le tort qu'il se fait en autorisant Fréron, il cesserait de partager ses turpitudes . Il s'en repentira plus qu’il ne pense .
Ayez la bonté de m'apprendre ce que c'est que la déconvenue de cet abbé Coyer . Je m'y intéresse infiniment, c'est un de nos frères .
La littérature est trop déshonorée et trop persécutée à Paris, et mon aversion pour cette ville est égale à mon idolâtrie pour mes anges .
Je les supplie de me répondre sur Oreste, sur la pièce d'Urtaut 7, sur M. de Malesherbes . De la paix, je ne m'en soucie guère, je sais bien qu'elle ne se fera pas .
A Ferney 3 avril 1761 .8 »
1 Cette Corneille est ajouté par V* au dessus de la ligne .
2 V* avait d'abord écrit Mlle .
3 le remplacé par un sur le manuscrit .
4 Suivi de par, rayé sur le manuscrit .
5 Ce paragraphe, omis sur la copie Beaumarchais, manque dans les éditions . Il en est de même, deux paragraphes plus loin pour la phrase Il s'en repentira plus qu'il ne pense .
6 Une note de Condorcet sur le manuscrit précise : Anecdotes sur Fréron . Mais on ne connait pas d'édition en 1761 de cette œuvre, bien que cette annonce soit vraisemblable ; voir lettre du 20 août 1760 à Thiériot : « On peut tirer parti de l'histoire d'Elie Catherine né à Quimper-Corentin . »
7 Le Droit du seigneur .
8 Date complétée par d'Argental .
00:44 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.