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02/08/2017

Les fanatiques ont commencé par l’humilité et par la douceur, et ont tous fini par l’orgueil et par le carnage.

... Ce qui n'est que trop vrai ; l'histoire contemporaine confirme ce constat du XVIIIè siècle .

Et la phrase suivante va vous rappeler des personnages dont l'existence n'est pas fictive , tant dans le monde oriental qu'occidental, au nord comme au sud : " Enfin ils sont infaillibles : car ils ont trente millions de rente. On peut certainement adorer ces messieurs-là ." Le Dieu Dollar ne connait pas de frontières .

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Heureusement , le beau et le tendre  existent encore .

 

 

« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha 1

5 septembre [1762]

Madame,

Voilà donc la paix presque faite. Votre Altesse sérénissime s’en réjouit, et il y a grande apparence que Votre Altesse ne fera plus les honneurs de chez elle qu’à ceux qui viendront uniquement pour lui faire leur cour. On y venait en trop grande compagnie, et sans y être prié, ce qui est assurément contre les règles de la civilité. Le grand fléau qui désolait l’Europe va donc cesser, jusqu’à la première fantaisie d’un roi et d’un ministre qui voudront faire parler d’eux. Il ne nous reste plus que les petits fléaux ordinaires. L’aventure de Calas est de ce nombre, et j’espère qu’on réformera ce détestable arrêt d’assassins en robe. J’y travaille du fond de ma retraite, et malgré mes infirmités, je ne veux point mourir que je n’aie vu la fin de cette affaire.

Je crois celle de Russie finie ; la czarine a fait une plaisante oraison funèbre de monsieur son mari 2.

Votre Altesse sérénissime veut un Meslier ; le voilà, accompagné d’un petit sermon 3 qu’on a imputé au roi de Prusse, quoique à tort. Je ne vous envoie, madame, ces deux ouvrages extrêmement rares, que parce qu’ils ne sont empoisonnés d’aucun levain d’athéisme. On y déteste les erreurs humaines, et l’infâme charlatanisme qui donne encore aujourd’hui tant d’honneurs et tant d’argent aux corrupteurs de la raison. Les fanatiques ont commencé par l’humilité et par la douceur, et ont tous fini par l’orgueil et par le carnage. Tous sont également les ennemis de Dieu, du père de tous les hommes, les ennemis du sens commun que Dieu nous a donné, les ennemis de notre liberté et de notre repos. Enfin ils sont infaillibles : car ils ont trente millions de rente. On peut certainement adorer ces messieurs-là.4

Ce qui est adorable après Dieu, si on peut user de ce terme, c’est la vertu aimable ; donc …

Mille profonds respects.

V. »

1  L'édition Voltaire à Ferney date de 1760, corrigé par Moland .

La duchesse écrit notamment à V* le 16 août 1762 : « M. de Forster, chambellan du duc, a pris la résolution de mener son fils cadet à Genève pour l'y faire étudier quelques années . Il voudrait que ce jeune homme pût profiter de vos lumières […] : il s'imagine que ma recommandation lui sera de quelque utilité à cet égard […] Vous me ferez plaisir monsieur de me procurer le testament du curé de Champagne, pourvu qu'il ne soit pas athée comme bien des gens l'en accusent […] . Que dites-vous monsieur de la grande révolution arrivée en Russie ? et de cette mort tragique, et amenée aussi à propos de Pierre trois ? […] On ne peut rien lire de plus affreux et en même temps de plus touchant que le mémoire que vous avez la bonté de m'envoyer [...] J'ai lu de même le placet de la mère et son factum adressé au roi [...]»

2 Le manifeste du 7 juillet dans lequel Catherine attribue la mort de son mari (assassiné) à des hémorroïdes et à des coliques .

4 L'édition Bavoux et François donne : « On peut certainement adorer un Dieu sans adorer ces messieurs-là. »

 

 

 

 

 

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