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15/08/2017

Quand reviendrez-vous à Paris ?

... M. Gérard (et non Bouche-d'or) Larcher .

L'île de Batz est-elle suffisamment loin de la mare aux canards politiques où vous pataugez avec plaisir depuis quelques décennies ?

Non que je m'ennuie de vous, mais vous savez, je m'inquiète pour votre santé, votre surcharge pondérale me semblant la preuve que vous ne maitrisez pas grand chose, pas même votre appétit . Profitez de vos vacances, vous avez une grande surface à faire bronzer . Votre possible ancêtre Jean-Chrysostome , lui, ne s'est pas contenté de faire comme vous,  morpionner au Sénat , et recruter et recommander un rondouillard de votre acabit : Michel Mercier, homme qui a le sens de l'enrichissement familial quand les subsides viennent de l'Etat . Tchuss !

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A quand le contrôle technique sur les sénateurs ?

 

 

« A Jean-Chrysostome Larcher, comte de La Touraille

De Ferney, le 20 septembre 1762 1

Je vous félicite, monsieur, sur les deux dernières victoires que M. le prince de Condé vient de remporter 2.

Les héros de cette maison se sont tous fait une habitude de vaincre ; ils ont été successivement la terreur et la gloire de leurs souverains.

Quand reviendrez-vous à Paris ? Je vous aimerais tout autant à l’hôtel de Condé qu’à la poursuite du prince héréditaire.

Vous m’avez l’air, monsieur, de penser un jour comme un de vos devanciers 3, attaché à un autre grand Condé qu’il se lassa d’accompagner dans ses dernières campagnes.

Autant que je m’en souviens, voici de petits vers qu’il fit en se retirant dans ses terres. Je les tiens d’un intime ami de feu Son Altesse Sérénissime Mgr le duc.

Ces vers sont très bons pour un militaire : le héros, tout héros qu’il était, en connaissait le prix. Cela prouve du moins que l’âge amène quelquefois la sagesse...

Je laisse mon illustre maître,

Insatiable de lauriers ;

Philosophe autant qu’on peut l’être,

Je vais mourir dans mes foyers,

Où, traînant ma faible vieillesse,

Dont je sens déjà le fardeau,

J’irai, conduit par la Paresse,

Occuper mon petit tombeau.

Je suis las du bruit que vous faites,

Dieu des combats, terrible Mars ;

Et, sans tambours et sans trompettes,

Je vais quitter vos étendards

Pour aller dans ma solitude,

Au lieu de foudres entouré,

Commencer ma béatitude

Près de mon paisible curé,

Qui, s’en tenant à son bréviaire,

Doux, charitable, et point cafard,

Ne recommande, à tout hasard,

Que l’aumône et que la prière, etc.

Vous vous plaignez de votre santé, monsieur ; c’est bien à vous d’en parler à un homme qui attend la mort dans son lit de douleur, tandis que vous courez la chercher sur des champs de bataille .

Dans tous les cas, monsieur, appelez à votre secours la bonne philosophie, qui soutient le faible, et qui console le malade.

Mais j’ose à peine prononcer ce mot de philosophie. Tant de gens sont payés pour la craindre et pour la combattre, qu’on ne sait à qui l’on parle. Vous me paraissez, monsieur, digne d’en sentir et d’en prouver les avantages. Recevez avec vos habituelles bontés pour moi, le respectueux hommage du vieux malade.»

1Lettre suivant l'édition J.-C. Larcher, comte de La Touraille, probablement basée sur l'original ; deux variantes existent , voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/05/correspondance-annee-1762-partie-26.html

2 Suivi sur le manuscrit de à Groningue et à Jonansberk . Le prince de Condé a repoussé le prince Ferdinand à Gruningen et pris une bonne part à la victoire de Joannisberg le 30 août 1762 . La Touraille était écuyer du prince de Condé ; voir : http://data.bnf.fr/12063355/jean-chrysostome_larcher_la_touraille/

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Chrysostome_Larcher#cite_ref-6

et : https://archive.org/stream/lecomtedelatoura00bell/lecomtedelatoura00bell_djvu.txt

3 L'édition de Kehl donne : Vous penserez peut-être un jour, monsieur, comme un de vos précurseurs, homme de qualité .

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