28/02/2018
On peut se faire adorer à bien peu de frais
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« A Béatrix de Choiseul-Stainville, duchesse de Gramont 1
Aux Délices, 14 mars 1763
Madame,
Nous vous avons prise pour notre patronne, non pas comme les dévots prennent des saintes qui n'en savent rien : c’est la reconnaissance qui parle ici à la bienfaitrice .
Me sera-t-il permis, madame, de vous présenter cette lettre pour Mme de Pompadour ?2 Voyez d'abord, madame, si la chose est convenable, et alors vous la protègerez . Il me semble que la bagatelle que je propose ferait un honneur infini au roi dans toute l'Europe . Que nos Suisses vous béniront, madame, quand ils sauront que c'est à vous que nous en aurons eu l'obligation ! La moindre charité du roi, dans une occasion pareille, me paraît la chose du monde la plus importante . On peut se faire adorer à bien peu de frais . Daignez en conférer, madame, avec monseigneur le duc, votre frère, et daignez me dire si je suis trop téméraire, ou seulement un peu hardi . Agréez le profond respect et la reconnaissance avec lesquels j'ai l'honneur d'être, madame, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
2 Cette lettre ne nous est pas parvenue et n'a sans doute pas même été envoyée ; voir lettre du 18 mars 1763 à la duchesse : « J'ai dans l'idée que vous pouvez très bien vous passer de montrer mon inutile lettre à Mme de Pompadour. »
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