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01/03/2018

J'espère beaucoup du pouvoir que votre aimable éloquence doit avoir sur tous les esprits

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« A Paul-Claude Moultou

lundi soir [14 mars 1763] 1

Vous partagez, monsieur, mes craintes et ma douleur . Les Lettres toulousaines 2 s'étendent beaucoup sur l'aventure de Sirven et de sa fille . Voilà ce qui nous perdra . L'affaire Sirven n'a point été jugée . Le parlement de Toulouse joindra au Conseil ces deux affaires ensemble, et justifiera l'une par l'autre ; il soutiendra que les protestants sont en possession d'assassiner leurs fils et leurs filles, quand ils veulent changer de religion ; ils feront voir en trois mois de temps deux pères de famille accusés par la voix publique de ce crime épouvantable ; ils diront qu'ils ont cru absolument nécessaire de faire un exemple . J'avais recommandé expressément à nos trois avocats de ne jamais parler de l'affaire de Sirven, ils m'ont tenu parole .

Vous écrivez sans doute à Lausanne et à Vevey . Si vous pouvez obtenir que l'auteur supprime le débit du livre, jusqu'à la fin du procès, nous sommes sauvés , sinon tout est perdu . L'auteur ne risque rien en différant, il détruit tout notre ouvrage en se pressant . Qu'il attende la fin de notre procès, il aura de quoi faire un second volume intéressant . Je lui fournirai plusieurs pièces, et plusieurs anecdotes . J'espère beaucoup du pouvoir que votre aimable éloquence doit avoir sur tous les esprits . »

1 L'original est daté « janvier 1763 » ; cependant cette lettre , selon Charrot, est contemporaine de celle du 14 mars 1763 à Vernes .

2 Les Toulousaines ou Lettres historiques et apologétiques en faveur de la religion réformée et de divers protestants condamnés […], de Antoine Court de Gébelin, est un ouvrage interdit par le conseil de Genève le 21 mars 1763 .

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