23/05/2018
Votre Poétique réussit beaucoup auprès des gens du métier, et de ceux qui n’en sont pas . C’est la preuve du vrai mérite
... Ou plutôt , en l'occurrence , votre "politique" Mister Président, y compris la politique culturelle , et votre venue au château du Patriarche confirme votre attachement à la liberté . J'ose l'espérer .
Voir aussi : https://www.tdg.ch/geneve/actu-genevoise/Macron-chez-Volt...
et : https://twitter.com/RTSinfo/status/99891671488363724
« A Jean-François Marmontel
Chez madame Geoffrin, quartier Saint-Roch
à Paris
23 mai [1763], aux Délices
Je suis très en peine, monsieur, d’un gros paquet que je vous adressai, il y a quelques semaines, par M. Bouret. Il m’est important de savoir si la poste use de son droit, qui n’est pas le droit des gens, d’ouvrir les paquets, et de les garder. Celui que je vous envoyais ne méritait d’être gardé ni par vous ni par la poste. Je vous demande en grâce de m’instruire si vous l’avez reçu.
Quelle sensation fait dans Paris la tragédie de Socrate ? Le sujet n’est pas trop intéressant ; s’il l’est devenu, c’est une preuve que la philosophie fait de terribles progrès, et que la partie saine du public déteste les Anitus 1, les Omer, et les Christophe. Dieu soit béni !
Que dit-on de la lettre de Jean-Jacques à Christophe ? Savez-vous que Palissot a fait imprimer ses oeuvres ? le sait-on ? Tout son recueil est contre les pauvres philosophes, et cependant il pense comme eux ; cela fait saigner le cœur. Consolez-moi en écrivant sur la poésie, puisque vous ne voulez plus me consoler en la cultivant. Est-il possible que ce coquin de Fréron vous ait fait abandonner un art où vous auriez certainement eu de très grands succès ? Votre Poétique réussit beaucoup auprès des gens du métier, et de ceux qui n’en sont pas . C’est la preuve du vrai mérite. Je suis toujours presque aveugle, j’ai peine à écrire ; mais je lirai avec bien du plaisir quelques mots de vous.
Conservez vos sentiments pour votre ancien ami.
V.»
1 Anitus , cité par V* dans l'article Socrate de l'Encyclopédie, était un affranchi de Néron .
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