14/01/2019
L'Antifinancier peint la misère du peuple, et les vexations des publicains ? Mais il est, ce me semble, comme tous les philosophes qui réussissent très bien à ruiner les systèmes de leurs adversaires, et qui n'en établissent pas de meilleurs
... On dirait bien que Voltaire s'adresse à tous ces disciples de Mélenchon et autres gens de gauche pour qui le "capital" est l'ennemi mais qui en profitent allègrement sans sourciller . Je ne sais ce que contient la lettre ouverte du président, et peu importe, quoi que ce soit, pour toute évolution, la machine administrative est là pour trainer des pieds comme toujours : heile mit weile !
Vieux problème français et 60 millions de solutions hasardeuses à : qu'est-ce qu'une "juste" répartition ?
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ArgentaI
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'ArgentaI
8è janvier 1764 1
Il faut que j'importune encore mes anges . Je viens de lire le livre de L'Antifinancier, et il me fait trembler pour celui de la Tolérance : car si l'un dévoile les iniquités des financiers, l'autre indique des iniquités non moins sacrées . Il n'est plus permis d'envoyer une Tolérance par la poste ; mais je demande comment un livre qui a eu le suffrage de mes anges, de M. le duc de Praslin, de M. le duc de Choiseul, de Mme la duchesse de Gramont, et de Mme de Pompadour, peut être regardé comme un livre dangereux . Je suis toujours incertain si mes anges ont reçu mes paquets ; si ma réponse à l'aréopage comique leur est parvenue ; s'ils ont été contents des trois manières ; s'ils conduisent toujours leur conspiration . Je les accable de questions depuis quinze jours . Je sais bien que les cérémonies du Jour de l'An, les visites, les lettres ont occupé leur temps, et je ne leur demande de leurs nouvelles que quand ils auront du loisir . Mais alors je les supplie de me mettre un peu au fait de toutes les choses sur lesquelles j'ai fatigué leur complaisance .
Je ne sais encore si la Gazette littéraire est commencée, mais ce qui me fâche beaucoup, c'est que si mes yeux guérissent la cure sera longue, et je ne serai de longtemps en état de servir M. le duc de Praslin . S'ils ne guérissent pas , je ne le servirai jamais . Celui de mes anges qui ne m'écrit point me laisse toujours dans l''ignorance sur ses yeux et sur l'état de sa santé , et l'autre qui m'écrit ne me dit pas un mot de ce qui m'intéresse le plus .
N'avez-vous pas été frappés de l'énergie avec laquelle L'Antifinancier peint la misère du peuple, et les vexations des publicains ? Mais il est, ce me semble, comme tous les philosophes qui réussissent très bien à ruiner les systèmes de leurs adversaires, et qui n'en établissent pas de meilleurs .
Je finis ma lettre, et ma journée par la douce espérance que je serai consolé par un mot de mes anges . »
1 La première phrase du second paragraphe, biffée sur la copie, a néanmoins été publiée .
11:19 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.