Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

05/12/2019

Jam proximus ardet Ucalegon / Déjà brûle la maison toute proche d'Ucalegon

... Il est triste de voir que ce n'est pas au sens figuré .

Résultat de recherche d'images pour "Déjà brûle la maison toute proche d'Ucalegon"

Trop de mauvaises nouvelles

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

19 octobre 1764 1

Mon cher frère, je sais, à n’en pouvoir douter, que le procureur-général a ordre d’examiner le livre et d’en poursuivre la condamnation. Je sais bien qu’il est prouvé que je n’en suis pas l’auteur ; mais je n’en serai pas moins persécuté, et Dieu sait jusqu’où cette persécution peut aller. J’ai heureusement recouvré deux articles, dont l’un est tout entier de la main de l’auteur. Il est clair comme le jour que l’ouvrage est de plusieurs mains, et qu’on s’est servi de mon orthographe pour me l’attribuer ; n’importe, mon innocence ne me servira de rien. C’est toujours pour moi une consolation bien chère que vous me rendiez justice, et que la voix de nos frères se joigne à la vôtre pour publier la vérité. Je subis le sort de tous ceux qui se sont consacrés aux lettres : on les a opprimés ; mais tous n’ont pas trouvé un frère tel que vous.

Je joins ici un petit mémoire que je vous prie d’envoyer à Briasson pour le communiquer aux encyclopédistes 2, et surtout à M. le chevalier de Jaucourt, dont la nièce a acheté à Genève plusieurs exemplaires du Portatif. Les encyclopédistes doivent sentir qu’on ira du Portatif à eux. Jam proximus ardet Ucalegon 3. C’est un nommé l’abbé d’Estrées, petit généalogiste et un peu faussaire de son métier qui a donné le livre au procureur-général. On trouve partout des monstres. Cher frère, il faut savoir souffrir. »

1 L'édition Voltaire à Ferney termine la fin du premier paragraphe par un frère tel que vous .

2 C'est le mémoire qu'on voit en note de la lettre du 12 octobre 1764 à d’Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/11/29/une-main-comme-la-votre-doit-servir-a-ecraser-les-monstres-d-6194369.html

On voit l'usage que V* en fait .

3 Déjà brûle la maison toute proche d'Ucalegon ; l'Enéide, II, 311-312, de Virgile : http://bcs.fltr.ucl.ac.be/Virg/V02-268-437.html

Cet appel de V* à la solidarité des philosophes à son endroit contraste avec les conseils d'audace qu'il leur donne souvent .

comme Castor et Pollux, nous ne devons pas paraître sur le même hémisphère

... Notre président Macron, Angela Merkel, Donald Trump le donneur de leçons, et Erdogan le lâche sont bien de cet avis .

Résultat de recherche d'images pour "macron trump erdogan"

Photo de classe pour les grands

 

 

« A Cosimo Alessandro Collini

19 octobre [1764]

Mon cher ami si le zèle peut donner des forces, je viendrai assurément vous embrasser avant de mourir . Je vous adresse cette lettre pour votre adorable maître . Avez-vous encore Fréron chez vous ? Nous devons être lui et moi comme Castor et Pollux, nous ne devons pas paraître sur le même hémisphère 1.

Evviva mio caro 2. »

2 Vivat, mon cher !

à la cour, on n’est pas si bien informé. La calomnie y arrive en poste, et la vérité, qui ne marche qu’à pas comptés, a la réputation de n’y être pas trop bien reçue

... On en a la confirmation en ce jour pourri par des syndicats qui ne répugnent jamais à travestir la vérité pour prouver qu'ils existent en prétendus défenseurs des salariés, n'est-ce pas M. Martinez ! https://www.lepoint.fr/economie/retraites-les-petits-arra...

Et d'autre part, comment ne pas pleurer sur le sort de ces "pauvres" cheminots usés avant l'âge , tant et tant, qu'il est bien juste qu'ils reçoivent plus qu'ils n'ont donné, non ? https://www.lepoint.fr/economie/le-regime-de-retraite-des-cheminots-est-il-si-special-04-12-2019-2351459_28.php

Résultat de recherche d'images pour "j peux pas jeudi j'ai manif"

T'ar ta gueule à la récré !

 

 

« A Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

19è octobre 1764 aux Délices

Vous avez écrit, madame, une lettre charmante à madame Denis ; j’y ai vu la beauté de votre âme et la bienfaisance de votre caractère : tous les Corneille seront heureux. Il ne m’appartient pas de l’être à mon âge de soixante-onze ans, malingre et presque aveugle au pied des Alpes ; cependant je le serais, je conserverais encore ma gaieté, et je travaillerais avec l’ex-jésuite pour vous plaire, si je n’étais un peu assommé par la persécution. La clique Fréron, la clique Pompignan crie que je suis l’auteur de je ne sais quel Dictionnaire philosophique portatif, tout farci de citations des Pères de l’Eglise et des rêveries des rabbins. On sait très bien, dans le pays que j’habite, que c’est un recueil de plusieurs auteurs, rassemblés par un libraire ignorant qui a fait des fautes absurdes ; mais à la cour, on n’est pas si bien informé. La calomnie y arrive en poste, et la vérité, qui ne marche qu’à pas comptés, a la réputation de n’y être pas trop bien reçue.

Cependant, comme M. d’Argental est à Fontainebleau, la vérité a là un bon appui. Je compte sur les bontés de M. le duc de Praslin. Pourquoi m’attribuer un livre que je renie , un recueil de dix ou douze mains différentes ? Condamne-t-on les gens sans preuve, et sur des soupçons aussi mal fondés ? Le roi est juste, il ne me jugera pas sans doute sur des présomptions si légères ; et puisqu’il fait élever une statue à Crébillon, il ne me fera pas brûler au pied de la statue, car enfin ce Crébillon a fait cinq tragédies, et j’en ai fait environ trente, et sûrement je n’ai point fait le Portatif.

Il est si vrai que le livre est de plusieurs auteurs, que j’ai en main l’original d’un des articles connus depuis quelques années.

On dit qu’un nommé l’abbé d’Estrées, autrefois associé avec Fréron, depuis généalogiste et faussaire, et qui a un petit prieuré dans mon voisinage, a donné le Portatif au procureur-général, lequel instrumente. Je vous supplie, madame, de communiquer cette lettre à M. d’Argental, qui est à Fontainebleau.

Je n’ai pas un moment à moi ; mais tous les moments de ma vie vous sont consacrés à tous deux avec le plus tendre respect. 

V.»