29/06/2020
en tout pays les bons cœurs et les bons esprits sont enchaînés par ceux qui ne sont ni l'un ni l'autre
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« A Élie Bertrand, Premier pasteur de l’Église
française , membre de plusieurs académies
à Berne
Mon cœur est pénétré, mon cher philosophe , de vos démarches pleines d'amitié, et je ne les oublierai de ma vie . Les Calas ne sont pas les seuls immolés au fanatisme ; il y a une famille entière du Languedoc condamnée pour la même horreur dont les Calas avaient été accusés . Elle est fugitive dans ce pays-ci . Le Conseil de Berne lui fait même une petite pension . Il sera difficile d’obtenir pour ces nouveaux infortunés la justice que nous avons enfin arrachée pour les Calas après trois ans de soins et de peines assidues . Je ne sais pas quand l'esprit persécuteur sera renvoyé dans le fond des Enfers dont il est sorti, mais je sais que ce n'est qu'en méprisant la mère qu'on peut venir à bout du fils ; et cette mère, comme vous l'entendez bien est la superstition . Il se fera sans doute un jour une grande révolution dans les esprits . Un homme de mon âge ne la verra pas, mais il mourra dans l'espérance que les hommes seront plus éclairés et plus doux . Personne n'y pourrait mieux contribuer que vous ; mais en tout pays les bons cœurs et les bons esprits sont enchaînés par ceux qui ne sont ni l'un ni l'autre .
Mes respects, je vous en supplie, à M. et Mme de Freüdenreich . Je vous embrasse du meilleur de mon cœur .
V.
26è mars 1765. »
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