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18/11/2021

éclairé et bienfaisant. Que de princes ne sont ni l’un ni l’autre

... Tout comme une foule de ceux qui sont aux gouvernes .

Page 3 - Ce La Vie High Resolution Stock Photography and Images - Alamy

 

 

 

« A Frédéric II, landgrave de Hesse-Cassel

Ferney, à Ferney 25 auguste 1766

Monseigneur, pourquoi mon âge et mes maux me réduisent-ils à ne remercier Votre Altesse Sérénissime qu’en lui écrivant ! Pourquoi suis-je privé de la consolation de vous faire ma cour ! J’ai été pénétré au fond du cœur de voir en vous un prince philosophe. La justesse de votre esprit et la vérité de vos sentiments m’ont charmé. Votre façon de penser semble réparer les actions tyranniques que la superstition a fait commettre à tant de princes. Vous êtes éclairé et bienfaisant. Que de princes ne sont ni l’un ni l’autre ! mais en récompense ils ont un confesseur, et ils gagnent le paradis en mangeant le vendredi pour deux cents écus de marée.

Votre Altesse Sérénissime m’a attaché à elle ; je ne souhaite de la santé que pour m’aller mettre à ses pieds. Je ne vais jamais à la ville de Calvin ; mais je veux aller à la capitale d’un prince qui connaît Calvin, et qui le méprise. Puisse la nature m’en donner la force comme elle m’en donne le désir !

Votre Altesse Sérénissime m’a paru avoir envie de voir les livres nouveaux qui peuvent être dignes d’elle. Il en paraît un intitulé le Recueil nécessaire 1. Il y a surtout dans ce recueil un ouvrage de milord Bolingbrooke 2, qui m’a paru ce qu’on a jamais écrit de plus fort contre la superstition. Je crois qu’on le trouve à Francfort ; mais j’en ai un exemplaire broché que je lui enverrai, si elle le souhaite, soit par la poste, soit par les chariots. Cette dernière voie est fort longue. L’autre est un peu coûteuse. J’attendrai ses ordres.

Je suis, avec le plus profond respect et l'attachement le plus inviolable,

monseigneur

de Votre Altesse Sérénissime

le très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

  1. 1Le Recueil nécessaire, à Leipzig, 1765, in-8°, https://books.google.fr/books?id=jzQHAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false contient :

  2. Avis de l’éditeur ;

  3. Analyse de la religion chrétienne (sous le nom de Dumarsais) ;

  4. 3° le Vicaire savoyard, tiré de l’Émile de Rousseau ;

  5. Catéchisme de l’Honnête Homme : voir https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome24.djvu/533

  6. Sermon des Cinquante : voir https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome24.djvu/447

  7. Examen important, par milord Bolingbroke (c’est-à-dire par Voltaire ) voir https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome26.djvu/205

  8. Dialogue du Douteur et de l’Adorateur : voir https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome25.djvu/139

  9. Les dernières paroles d’Épictète à son fils : voir https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Derni%C3%A8res_Paroles_d%E2%80%99%C3%89pict%C3%A8te_%C3%A0_son_fils/%C3%89dition_Garnier_1879

  10. Idées de La Mothe Le Voyer : voir https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome23.djvu/499

2 Publié séparément en 1767 sous le titre Examen important de Milord Bolingbroke, cet ouvrage a d'abord été imprimé dans le Recueil nécessaire, sous le titre « Examen important par Milord Bolingbroke, écrit sur la fin de 1736 » , pages 151-290 de cet ouvrage : https://books.google.fr/books?id=jzQHAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

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