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10/03/2023

j'ai représenté à beaucoup de personnes en place l'atrocité des calomnies répandues

... En vain ?

 

« A François-Alexandre Gaubert-Lavaysse

3 auguste 1767 1

Il est très certain que j'ai reçu plusieurs lettres anonymes remplies d'injures et toutes au nom du sieur La Beaumelle, ou concernant sa conduite envers moi . J'ai envoyé la dernière au ministère 2. Je n'ai su que très tard que le sieur La Beaumelle avait eu l'honneur d’épouser la sœur de M. Lavaysse de Vidou . Cette alliance n'a pas empêché le sieur La Beaumelle de me joindre au nombre prodigieux de personnes qu’il a outragées de gaieté de cœur dans ses écrits . Il a fait faire depuis peu une nouvelle édition, où toutes ces insultes sont renouvelées . Il a outragé la maison de Saxe-Gotha, ainsi que toute la maison royale de France . J'ai écrit à un de mes amis que cet auteur avait étudié en théologie, qu'il avait été chassé de Copenhague et qu'il était parti il y a quelques années de Gotha avec une servante qui avait volé sa maîtresse, mais je n'ai point dit qu'il ait été complice du vol .

Il a écrit depuis peu à Gotha pour avoir une attestation, et voici le certificat qu’il a obtenu d'un conseiller de cour, du 24 juillet 1767 : « On se rappelle très bien que vous étiez parti avec la gouvernante des enfants d'une de Gotha, qui, après s'être rendue coupable de plusieurs vols, s'éclipsa furtivement de la maison de sa maîtresse, ce dont tout le public est pleinement instruit ici ; mais on n'a point dit que vous eussiez la moindre part à ces vols . »

Je ne l'ai point dit non plus ; mais j'ai représenté à beaucoup de personnes en place l'atrocité des calomnies répandues par le sieur La Beaumelle dans le Siècle de Louis XIV, falsifié par lui et chargé des notes les plus infâmes .

Quelques puissances étrangères intéressées dans ces impostures en ont marqué leur mécontentement au ministère de France, plusieurs personnes de la cour sachant que leur maison a été insultée par le même auteur . M. le marquis de Gudanes, commandant au pays de Foix, a été chargé de parler fortement au dit sieur La Beaumelle, sur cette licence dangereuse . Le seul parti qu'il avait à prendre était de se rétracter, de demander pardon et de se corriger . J’ai été attaché et je le suis encore à la famille de M. de Lavaysse . Elle doit sentir combien il a été douloureux pour moi d'avoir essuyé pendant douze années de suite les calomnies d'un homme qui est entré dans une famille considérée . Je ne puis me consoler qu'en pensant que le même homme a imprimé plus d'impostures contre nos princes et nos ministres que contre moi . Si M. de Lavaysse de Vidou avait pu trouver quelque manière de réparer ces horreurs dans la lettre qu'il m'a écrite, j'aurais embrassé de grand cœur le parti qu'il m'aurait proposé .

Je le supplie d'être persuadé que les outrages réitérés du sieur La Beaumelle n'ont point altéré les sentiments que je conserverai toujours pour M. de Lavaysse et pour toute sa famille .

J’ai l'honneur d'être son très humble et très obéissant serviteur

V. »

1 Édition Lauriol . Cette lettre ne figure pas dans l'édition Besterman .

2 Écrivant à Voltaire le 25 juin, Gaubert-Lavaysse a feint de blâmer sa sœur d'avoir pensé que V* pût être l'auteur des libelles et des dénonciations contre son beau-frère La Beaumelle . V* est embarrassé : sans avouer les faits, il se garde de les nier, et se contente de justifier ses attaques .

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