30/07/2009
les échafauds et les bordels anglais l’emportent
Aujourd'hui, sauf erreur ou omission, jour de paye que je salue comme il se doit avec ce titre qui me plait depuis toujours : Money : http://www.lastfm.fr/music/Pink+Floyd/_/Money
De money à monkey il n'y a qu'une lettre de différence (-argent - singe-) le passage de l'humain au singe se fait-il quand il y a de l'argent ou quand il manque ?
Vaste question !
Mais j'aime bien vous embêter parfois.
Pour ma part je vais de ce pas consulter le (maigre)solde de mon compte ("a moi, compte, deux mots !...)
« A Charles Augustin Ferriol, comte d’Argental
Mon cher ange, l’abomination de la désolation [évangile selon Matthieu] est dans le temple du Seigneur . Lekain, aussi en colère que vous l’êtes dans votre lettre du 24, me dit que presque toute la jeunesse de Paris est pour Le Tourneur,[traducteur et panégyriste de Shakespeare, au détriment des tragiques français] que les échafauds et les bordels anglais l’emportent sur le théâtre de Racine et les belles scènes de Corneille, qu’il n’y a plus rien de grand et de décent à Paris que les Gilles de Londres, et qu’enfin on va donner une tragédie en prose où il y a une assemblée de bouchers qui fera un merveilleux effet [Maillard ou Paris sauvée, de Sedaine, qui ne fut pas jouée à la Comédie Française]. J’ai vu finir le règne de la raison et du goût. Je vais mourir en laissant la France barbare, mais heureusement vous vivez, et je me flatte que la reine ne laissera pas sa nouvelle patrie, dont elle fait le charme, en proie à des sauvages et à des monstres. Je me flatte que M. le maréchal de Duras ne nous aura pas fait l’honneur d’être de l’Académie pour nous voir manger par les Hottentots. Je me suis quelquefois plaint des Welches, mais j’ai voulu venger les Français avant de mourir. J’ai envoyé à l’Académie un petit écrit,[Lettre … à l’Académie française lue dans cette Académie à la solennité de la saint Louis le 25 août 1776] dans lequel j’ai essayé d’étouffer ma juste douleur, pour ne laisser parler que ma raison. Ce mémoire est entre les mains de M. d’Alembert, mais il me semble que je ne dois le faire imprimer qu’en cas que l’Académie y donne une approbation un peu authentique. Elle n’est pas malheureusement dans cet usage.[en l’envoyant à d’Alembert le 26 juillet, V* avait écrit : « Voyez si vous pourrez, et si vous oserez m’écrire une lettre ostensible, un mot de votre secrétairerie, en réponse de ma requête. »] Voilà pourtant le cas où elle devrait donner des arrêts contre la barbarie. Je vais tâcher de rassembler les feuilles éparses dans ma minute pour vous en faire tenir une copie au net. Je sais que je me faire de cruels ennemis, mais peut-être un jour la nation me saura gré de m’être sacrifié pour elle.
Secondez ma faiblesse, mon cher ange, et mettez-moi à l’ombre de vos ailes.
V.
30è juillet 1776. »
19:17 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voltaire, lekain, bordel, anglais, racine