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22/02/2009

Voilà bien du bruit

« A Charlotte-Sophie Von Altenburg, comtesse Bentinck

 

 

                            J’ai certainement gagné mon procès, Madame, puisque l’homme de l’ancienne loi [le juif Hirschell, verdict rendu le 18 février ], instrument des nouvelles cabales [menées par les amis de Baculard d’Arnaud -(dont V* a obtenu le renvoi)- avec le major Chazot ] , a été condamné à la prison et à me rendre  x  mille écus de lettres de change qu’il me volait .

 

                            J’ai gagné l’autre partie du procès puisque cinq joailliers qui se connaissent mieux en diamants que cinq chanceliers, ont jugé que l’Hébreu m’a trompé de moitié.

 

                            Un Juif m’a volé. Voilà bien du bruit pour une bagatelle. [copié sur l’anecdote qu’il raconta : « voilà bien du bruit pour une omelette au lard »]

 

                            Conservez-moi vos bontés, Madame, et je me moquerai de l’Ancien testament et du Nouveau.

 

                            Mais par parenthèse s’il ne vous faut qu’une apparence d’emprunt de 200 mille écus [en novembre 1750, elle cherchait 300 000 écus, séparée de son mari ; V* intervenait plus ou moins en sa faveur, ce qui déplaira à Fréderic II], ne pouvez-vous pas avoir l’air de les emprunter d’un négociant ? sans tant de façons et de peines ?

 

                            Voltaire

                            22 février 1751. »

 

 

 

« A Charles-augustin Ferriol, comte d’Argental er à Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d’Argental

 

                        Ô anges,

 

                        Vous connaissez les faibles mortels . Ils se trainent à pas lents. Quatre vers le matin, six le soir, dix ou douze le lendemain, toujours rentrayant [c.à.d. cousant des morceaux avec couture invisible], toujours rapetassant, et ayant bien de la peine pour peu de chose. Renvoyez-moi donc ma guenille, afin que sur le champ elle reparte avec pièces et morceaux, et que la hideuse créature se représente devant votre face, toute recousue et toute recrépie.

 

                        Mais, ô mes divins anges, le drame de Cassandre [d’abord nommé Statira, puis plus tard Olympie ] est plus mystérieux que vous ne pensez. cassandre.jpgVous ne  songez qu’au brillant théâtre de la petite ville de Paris ; et le grave auteur de Cassandre a de plus longues vues. Cet ouvrage est un emblème ; que veut-il dire ? que la confession, la communion, la profession de foi etc. etc. sont visiblement prises des Anciens. Un des plus profonds pédants de ce monde, et c’est moi, a fait une douzaine de commentaires par A et par B à la suite de cet ouvrage mystique, et je vous assure que cela est édifiant et curieux [V* :  « J’ai choisi ce sujet moins pour faire une tragédie que pour faire un livre de notes à la fin de la pièce… »]. Le tout ensemble fera un singulier recueil pour les âmes dévotes.

 

                        J’ai lu la belle lettre de Madame Scaliger à la nièce [lettre de Mme d’Argental à Mme Denis ]. Nous sommes dans un furieux embarras. Mademoiselle-Dumesnil-.jpgSi Mlle Dumesnil est ivre, adieu le rôle de Statira. Si elle n’est pas ivre, elle sera sublime. Mlle Clairon, vous refusez Olympie [ ce n’est pas le premier rôle, et V* proposera de nommer sa pièce Olympie pour « qu’elle paraisse jouer le premier rôle »], mais vraiment vous n’êtes pas trop faite pour Olympie, et cependant il n’y a que vous : car on dit que cette de-largilliere-nicholas-mlle-dubois-.jpgDubois est une grande marionnette et que Mlle Hus n’est qu’une grande catin .Tirez-vous de là, mes anges. Vous serez bien habiles.

 

                        Et ma tracasserie avec cet animal de Guy Duchesne [= Pierre Guy qui travaille chez Duschesne, libraire qui sans permission, fait paraitre Zulime d’après une copie utilisée et très modifiée à la Comédie française ]? Vous ne me l’avez jamais mise au net. Encore une fois je ne crois pas avoir fait un don positif à Guy Duchesne, et je voudrais savoir précisément de quel degré est ma sottise.

 

                        Mon plus grand malheur, vous dis-je, est la mort d’Élisabeth. Je crois mon Showalow disgracié. On m’a dit la paix faite entre Pierre III et Frédéric III [en  comptant Frédéric –Guillaume, le traité sera signé le 5 mai]. Ma chère Élisabeth détestait Luc. Je n’y avais pas peu contribué, et je riais dans ma barbe, car je suis un drôle de corps. Mais je ne ris plus. Mlle Clairon m’embarrasse.

 

                        Je baise le bout de vos ailes.

 

                        Accusez-moi donc la réception de Jean Meslier, c’est un élixir pour les âmes chancelantes.

 

                        Voltaire

                        22 février 1762. »

 

 

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Mademoiselle_Hus

http://fr.wikipedia.org/wiki/Mademoiselle_Dumesnil

http://www.poster.net/de-largilliere-nicholas/de-largilli...

 

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