Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

10/02/2010

Le roi ne sait pas tout ... peut-il connaitre tous les trous que font les taupes dans les jardins

J'ai des envies de XVIIIème musical !

Haëndel, ça vous tente ? Alors musique de 1751 : http://www.youtube.com/watch?v=RrWfltFo8Mg

Foin du rap qui sincèrement me les gonfle et me les brise menu , alternativement ! Musicalement nul ! Parfois sauvé par le texte, mais je dois avouer que je manque de cours du soir pour arriver à suivre le débit de ces rappeurs-rapeurs ! Ne vous précipitez pas pour combler cette lacune, je vis très bien comme ça !

taupe-2007-.jpg

 

 

 

« A Claude-Etienne Darget

 

[Vers le 10 février 1751]

 

                            Mon chien de procès n’étant point encore fini, et l’Ancien Testament [« le juif Hirschell » ; le jugement sera rendu le 18 février] me persécutant toujours, je ne sais que vous mander, mon cher ami. Ma maladie augmente, j’ai besoin d’un peu de courage. Car en vérité, si vous songez qu’après avoir suscité contre moi un d’Arnaud [on attribue à V* des « chansons pour les filles » sous le titre « Chanson de l’illustre Voltaire pour l’auguste princesse Amélie »], après avoir corrompu mon secrétaire [Tinois , que V* accuse de s’être laissé séduire par Baculard d’Arnaud et être à l’origine du vol d’un manuscrit de La Pucelle], et après m’avoir exposé par là aux suites les plus funestes, après m’avoir attaqué auprès du roi jusqu’à entrer dans les détails les plus bas [à Frédéric le 19 février il écrira : « Pourquoi vous fit-on dire dès le 29 novembre que j’avais acheté pour 80 mille écus de billets de la Stere [= la Steuer ; le traité de Dresde qui mettait fin à la guerre de Silésie, stipulait que tout Prussien porteur de ces effets tombés bien en dessous de leur valeur serait intégralement remboursé ; d’où un agiotage effréné ; Frédéric interdit en mai 1748 l’entrée de ces bons en Prusse] tandis que … j’avais dès le 24 novembre … défendu à Hirschell de prendre pour moi un seul billet en question ? Pourquoi dicta-t-on à Hirschell une lettre calomnieuse adressée à Votre Majesté, lettre dont tous les points sont reconnus autant de mensonges par un jugement authentique (celui du 18 février) ? » « On m’a fait passer auprès de Votre majesté pour un homme bassement intéressé. Voila pourquoi … j’avais prié Darget … de vous supplier de supprimer ma pension … pour convaincre Votre majesté qu’elle est mon unique objet ». On l’a aussi « accusé » auprès du roi « de ne pas faire assez de dépense » écrit-il à Darget à la mi-février.], on me poursuit encore ; si vous songez à toutes les mauvaises nouvelles que j’ai reçues à la fois de chez moi [V* est mécontent et inquiet de l’édition entreprise à Paris par Lambert ; et surtout de la « niche », écrit-il à Thibouville le 5 février, faite par «  un échappé du système (de Law) nommé André, qui s’est avisé de faire saisir tout (s)on bien à Paris pour une prétendue dette de billets de banque, qu’il a la mauvaise foi … de renouveler juste au bout de trente ans » ; il fera allusion à cette « saisie » en écrivant à Frédéric le 19 février. En sus, les « affaires » de Prusse sont répercutées en France.]; si vous ajoutez à tout cela une maladie affreuse et la privation de la vue de Sa Majesté [V* et Frédéric sont revenus à Berlin le 16 décembre, mais Frédéric est retourné à Potsdam du 16 au 18 janvier et 30 et 31 janvier.], vous m’avouerez qu’il me faudrait quelque fermeté. Je n’ai plus le bonheur de lire de beaux vers, de voir et d’entendre le seul homme sur la terre pour qui j’ai pu quitter ma patrie. Je me console en travaillant à l’histoire du siècle de Louis XIV, dans les heures où mes maux me laissent quelque relâche. Je suis continuellement dans la chambre que Sa Majesté a daigné m’accorder, pénétré de ses bontés, attendant la fin de ses rigueurs. Le roi ne sait pas tout ce que j’ai essuyé ; peut-il connaitre tous les trous que font les taupes dans les jardins de Sans-Souci ? Bonsoir, mon très cher ami. Ma nièce me mande que je dis trouver dans vous bien de la consolation, et elle a raison. On a créé pour Moncrif la place de secrétaire général des postes de France. Moncrif est plus vieux que moi. Il ne fait peut-être pas mieux des vers, mais il se porte bien. Ah ! Mon cher ami, la perte de la santé, à trois cent lieues de sa famille, est bien horrible ! Conservez la vôtre et goûtez le bonheur d’être auprès de votre adorable maitre.

 

 

 

 

 Après ceci, on peut remercier le Grand Architecte en chantant ! : http://www.youtube.com/watch?v=m3gd6uCD2FM&feature=related

 

02/06/2009

ce sont des fous, mais il ne faut pas les brûler.

J'ai eu quelques émotions hier quand j'ai appris la nouvelle de l'avion disparu ; un ami archer revenait de son séjour brésilien (il y a créé un club à Bananeiras) ce même jour . Puis à la réflexion j'ai réalisé qu'il n'arrivait pas à Paris mais à Genève, donc ne pouvait être dans le vol fatidique... J'ai eu le plaisir de le voir ce matin, un peu perturbé par le décalage horaire, sans plus .

Autres réflexions du grincheux que je suis : "Mister Sarko, qu'allez-vous faire dans cet aéroport ?

Vous manque-t-elle à ce point la bonne odeur de kérosène ?

Votre présence va-t-elle donner l'espoir de retrouver des survivants ?

Auriez-vous le pouvoir de guérir les écrouelles et ranimer les morts ?

Ou plus simplement le pouvoir d'ajouter du désordre (grâce aux forces de l'ordre de votre escorte ) pour permettre votre sainte apparition ?"

Sans oublier un évêque ou archevêque, bien intentionné au demeurant, (-si, si, je crois qu'il n'a parlé que pour le bien des familles !!...et non pour monter en épingle la valeur des traditions catholiques apostoliques et romaines -), qui nous invite à prier pour les victimes et leurs proches. Je dis : "D'abord, je ne prie pas sur commande, secundo, si les catholiques ont besoin qu'on leur dise quand et pour quoi prier, que Dieu  aie pitié d'eux." Doux agneaux, bêlez, votre berger vous l'a dit. Gare à la tonte et au méchoui !...C'est irrémédiable , diable !!!

 

 

 Pauvre Rousseau, tu as eu un adversaire redoutable, mais reconnais que tu l'a bien cherché ...Sans rancune !

 

 

 

 

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

 

                En réponse à votre lettre du 23 mai, mon cher frère, il me manque, pour compléter mon Lally [ce dossier demeurera incomplet], la réponse qu’il avait faite aux objections par lesquelles on réfuta son premier mémoire. On dit que cette pièce est très rare. Vous me feriez un grand plaisir de me la faire chercher, et de me l’envoyer.

 

                Je suis charmé que vous soyez content du petit buste [en ivoire, sans doute de Rosset, envoyé le 14 mai]. L’original est bien languissant. Il y a trois mois qu’il n’a pu s’habiller.

 

                Je ne sais  ce que c’est que la lettre sur Jean-Jacques. [Lettre …au docteur Jean-Jacques Pansophe, avril 1766, commence par : « Quoique vous en disiez, docteur Pansophe, je ne suis certainement pas la cause de vos malheurs. »]. Je soupçonne qu’il s’agit d’une lettre que j’écrivis, il y a quelques mois, au Conseil de Genève, par laquelle je lui signifiais qu’il aurait dû confondre la calomnie ridicule qui lui imputait d’avoir comploté avec moi la perte de Rousseau. Je disais au Conseil que je n’étais point l’ami de cet homme, mais que je haïssais et méprisais trop les persécuteurs pour souffrir tranquillement qu’on m’accusât d’avoir servi à persécuter un homme de lettres. Je tâcherai de retrouver une copie de cette verte romancine, et de vous l’envoyer. Je pense sur Rousseau comme sur les Juifs ; ce sont des fous, mais il ne faut pas les brûler.

 

                Je recommande toujours à vos bontés les exemplaires [recueil de ses œuvres complètes] pour M. Thomas, pour M. le chevalier de Neuville à Angers, et pour Lacombe. On me fait espérer un Fréret [Examen critique des apologistes de la religion chrétienne ; V* écrit : « Je ne crois pas que ce livre soit de M. Fréret, il est très dangereux pour la foi. »] de Hollande ; mais les livres viennent si tard de ce pays là, que j’ai recours à vous. La diligence de Lyon à Meyrin est très expéditive.

 

 

 

 

attelage-boeufs-vache-nantaise.jpg

                Les jésuites sont enfin chassés de Lorraine [suite au rattachement de la Lorraine à la France à la mort de Stanislas en février]. Je me flatte que les capucins, leurs anciens valets, seront bientôt rendus à la bêche et à la charrue [le 30 mai, V* : « …nous manquons de manœuvres. Nous attellerions d’un côté six bœufs et de l’autre six moines, et nous verrions qui labourerait le mieux. »], qu’ils avaient quittées très mal à propos.

joug a attelage humain.jpg

Ils n’étaient connus que comme de vils débauchés ; mais puisque l’ordre séraphique se mêle d’assassiner, [V*, 30 mai : « est-il vrai que les capucins ont assassiné leur gardien à Paris ? » ; il sera déçu d’apprendre que le supérieur s’est simplement suicidé]  il est bon d’en purger la terre. Amen.

 

                        Voltaire

                        2 juin 1766. »

Pour la bonne bouche : *** : http://www.monsieurdevoltaire.com/  , avec au piano love Voltaire . Encore, encore !...

22/02/2009

Voilà bien du bruit

« A Charlotte-Sophie Von Altenburg, comtesse Bentinck

 

 

                            J’ai certainement gagné mon procès, Madame, puisque l’homme de l’ancienne loi [le juif Hirschell, verdict rendu le 18 février ], instrument des nouvelles cabales [menées par les amis de Baculard d’Arnaud -(dont V* a obtenu le renvoi)- avec le major Chazot ] , a été condamné à la prison et à me rendre  x  mille écus de lettres de change qu’il me volait .

 

                            J’ai gagné l’autre partie du procès puisque cinq joailliers qui se connaissent mieux en diamants que cinq chanceliers, ont jugé que l’Hébreu m’a trompé de moitié.

 

                            Un Juif m’a volé. Voilà bien du bruit pour une bagatelle. [copié sur l’anecdote qu’il raconta : « voilà bien du bruit pour une omelette au lard »]

 

                            Conservez-moi vos bontés, Madame, et je me moquerai de l’Ancien testament et du Nouveau.

 

                            Mais par parenthèse s’il ne vous faut qu’une apparence d’emprunt de 200 mille écus [en novembre 1750, elle cherchait 300 000 écus, séparée de son mari ; V* intervenait plus ou moins en sa faveur, ce qui déplaira à Fréderic II], ne pouvez-vous pas avoir l’air de les emprunter d’un négociant ? sans tant de façons et de peines ?

 

                            Voltaire

                            22 février 1751. »

 

 

 

« A Charles-augustin Ferriol, comte d’Argental er à Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d’Argental

 

                        Ô anges,

 

                        Vous connaissez les faibles mortels . Ils se trainent à pas lents. Quatre vers le matin, six le soir, dix ou douze le lendemain, toujours rentrayant [c.à.d. cousant des morceaux avec couture invisible], toujours rapetassant, et ayant bien de la peine pour peu de chose. Renvoyez-moi donc ma guenille, afin que sur le champ elle reparte avec pièces et morceaux, et que la hideuse créature se représente devant votre face, toute recousue et toute recrépie.

 

                        Mais, ô mes divins anges, le drame de Cassandre [d’abord nommé Statira, puis plus tard Olympie ] est plus mystérieux que vous ne pensez. cassandre.jpgVous ne  songez qu’au brillant théâtre de la petite ville de Paris ; et le grave auteur de Cassandre a de plus longues vues. Cet ouvrage est un emblème ; que veut-il dire ? que la confession, la communion, la profession de foi etc. etc. sont visiblement prises des Anciens. Un des plus profonds pédants de ce monde, et c’est moi, a fait une douzaine de commentaires par A et par B à la suite de cet ouvrage mystique, et je vous assure que cela est édifiant et curieux [V* :  « J’ai choisi ce sujet moins pour faire une tragédie que pour faire un livre de notes à la fin de la pièce… »]. Le tout ensemble fera un singulier recueil pour les âmes dévotes.

 

                        J’ai lu la belle lettre de Madame Scaliger à la nièce [lettre de Mme d’Argental à Mme Denis ]. Nous sommes dans un furieux embarras. Mademoiselle-Dumesnil-.jpgSi Mlle Dumesnil est ivre, adieu le rôle de Statira. Si elle n’est pas ivre, elle sera sublime. Mlle Clairon, vous refusez Olympie [ ce n’est pas le premier rôle, et V* proposera de nommer sa pièce Olympie pour « qu’elle paraisse jouer le premier rôle »], mais vraiment vous n’êtes pas trop faite pour Olympie, et cependant il n’y a que vous : car on dit que cette de-largilliere-nicholas-mlle-dubois-.jpgDubois est une grande marionnette et que Mlle Hus n’est qu’une grande catin .Tirez-vous de là, mes anges. Vous serez bien habiles.

 

                        Et ma tracasserie avec cet animal de Guy Duchesne [= Pierre Guy qui travaille chez Duschesne, libraire qui sans permission, fait paraitre Zulime d’après une copie utilisée et très modifiée à la Comédie française ]? Vous ne me l’avez jamais mise au net. Encore une fois je ne crois pas avoir fait un don positif à Guy Duchesne, et je voudrais savoir précisément de quel degré est ma sottise.

 

                        Mon plus grand malheur, vous dis-je, est la mort d’Élisabeth. Je crois mon Showalow disgracié. On m’a dit la paix faite entre Pierre III et Frédéric III [en  comptant Frédéric –Guillaume, le traité sera signé le 5 mai]. Ma chère Élisabeth détestait Luc. Je n’y avais pas peu contribué, et je riais dans ma barbe, car je suis un drôle de corps. Mais je ne ris plus. Mlle Clairon m’embarrasse.

 

                        Je baise le bout de vos ailes.

 

                        Accusez-moi donc la réception de Jean Meslier, c’est un élixir pour les âmes chancelantes.

 

                        Voltaire

                        22 février 1762. »

 

 

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Mademoiselle_Hus

http://fr.wikipedia.org/wiki/Mademoiselle_Dumesnil

http://www.poster.net/de-largilliere-nicholas/de-largilli...