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17/03/2009

mais le travail est une jouissance

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental et à Jeanne –Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d’Argental

 

 

 

                                   Divins anges, la protection que vous avez donnée aux Calas n’a pas été inutile. Vous avez goûté une joie bien pure en voyant le succès de vos bontés [réhabilitation de Jean Calas le 9 mars 1765 et demande de pension en faveur de Calas]. Un petit Calas [Donat Calas] était avec moi quand je reçus votre lettre, et celle de Mme Calas, et celle d’Elie, et tant d’autres ; nous versions des larmes d’attendrissement, le petit Calas et moi. Mes vieux yeux en fournissaient autant que les siens ; nous étouffions, mes chers anges. C’est pourtant la philosophie toute seule qui a remporté cette victoire. Quand pourra-t-elle écraser toutes les têtes de l’hydre du fanatisme ?

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                                   Vous me parlez des Roués [Octave ou Le Triumvirat], mais le roué Calas est le seul qui me remue .Seriez-vous capable de descendre à lire de la prose au milieu de la foule des vers dont vous êtes entourés ? Voici le commencement d’une espèce d'histoire ancienne qui me parait curieuse [sa Philosophie de l’Histoire]. Si elle vous fait plaisir, je tâcherai d’en avoir la suite pour vous amuser ; elle a l’air d’être vraie, et cependant la religion y est respectée .N’engagerez-vous pas frère Martin à en favoriser le débit ? Je crois que les bons entendeurs pourront profiter à cette lecture ; il y a en vérité des chapitres fort scientifiques, et le scientifique n’est jamais scandaleux.

 

                                   Je crois qu’on tousse dans tout le royaume, nous toussons beaucoup sur la frontière, c’est une épidémie. Nous espérons bien que M. Fournier empêchera l’une de mes anges de tousser .Tout Ferney qui est sans dessus dessous est à vos pieds. Et pourquoi est-il sans dessus dessous ? C’est que je suis maçon ; je bâtis comme si j’étais jeune ; mais le travail est une jouissance.

 

                                   Me sera-t-il permis de vous présenter encore un placet pour un passeport ? Les Genevois m’accablent parce que vous m’aimez, mais je serai sobre sur l’usage que je ferai de vos bontés. Encore ce petit passeport, je vous en conjure, et puis plus ; vous me ferez un plaisir bien sensible, vous ne vous lassez jamais d’en faire.

 

 

                                   Voltaire

                                   18 mars 1765. »

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