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26/01/2010

Votre Majesté fait de beaux vers mais elle se moque du monde.

 "Je suis là pour qu'on me dise la vérité"

Nicolas S. je vous saurai gré que ce soit réciproque !! Tant de votre part que celle de vos ministres !

Auriez-vous copié sur Coluche pour préparer votre intervention qui , à mes yeux, est comme un emplâtre sur une jambe de bois  !  http://video.google.fr/videoplay?docid=790778664406252206...#

"... les perspectives électorales qui me concernent [présidentielles] ne rentrent en rien en ligne de compte dans mes décisions." : que Benoît Treize et trois ne referme pas le livre des saints  en devenir et commande une auréole (qui résiste aux détachants de droite et de gauche ! ) pour saint Nic ( tout le monde ! ).

Chère Carla, (très chère ), telle Marie de Magdala, je vous invite à parfumer les pieds de celui qui botte si facilement le cul de la France d'en bas afin de faire son bonheur malgré elle . On aura toujours aussi mal, mais on le sentira venir . Un peu comme le pou qui était éliminé par la Marie-Rose, "la mort parfumée des poux !" (publicité réaliste des années soixante ), nous serons condamnés mais nous aurons peut-être le temps de nous blinder. Après plusieurs applications, quelques-uns développeront des résistances salutaires . Ceux qui vont se gratter vont changer de coté !

Je suis un peu las -et là aussi !- d'entendre une version ministérielle un jour et son contraire trois jours plus tard ! 

Ras le bol aussi de ceux qui crient "au loup" quand on n'en voit pas même l'ombre !

Qui vous croira le jour où l'on en verra les dents, trop tard  ? H1 N1 ? Soldes monstres pour du vaccin ! Du bon, du vrai, qui protège l'industrie pharmaceutique d'abord .

M. Proglio ! pauvre hère ! une tête et deux casquettes !

Il est bien protégé donc je me permets de  taper sur sa tête golden globe : vous qui en dirigeant EDF n'allez plus payer de facture d'électricité (comme tous les EDFistes) -enfin , je veux dire une participation symbolique -, trouvez-vous normal d'augmenter les tarifs EDF pour le vulgum pecus dont je fais partie ?  Oui ? Doit-on admirer ce courage extraordinaire qui vous fait renoncer au plus petit des deux salaires ? Ou plus réellement doit-on féliciter votre conseiller fiscal ? Je penche bien sûr pour cette option .

                           

 

 

 

 

« A Frédéric II, roi de Prusse

 

A Cirey ce 26 janvier 1749

 

              Sire,

              Je reçois enfin le paquet dont votre Majesté m’a honoré du 28 novembre . Un maudit courrier , qui s’était chargé de ce paquet enfermé très mal à propos , dans une boîte adressée à Mme du Châtelet, l’avait porté à Strasbourg et de là dans la ville de Troyes où j’ai été obligé de l’envoyer chercher.

 

Tous les amiraux d’Albion

Auraient eu le temps de nous rendre

Les ruines du Cap Breton,

[réf à la prise de Louisbourg par les Anglais en 1745]

Et nous le temps de les reprendre ;

Pendant que cet aimable don

De mon Frédéric Apollon

À Cirey se faisait attendre.

 

 

apollon.gif

 

              On revient toujours à ses goûts, vous faites des vers quand vous n’avez plus de batailles à donner . Je croyais que vous étiez mis tout entier à la prose.

 

Mais il faut que votre génie

Que rien n’a jamais limité,

S’élance avec rapidité

Du haut du mont inhabité

Où baille la philosophie ;

Jusqu’aux lieux pleins de volupté,

Où folâtre la poésie.

 

              Vous donniez sur les oreilles aux Autrichiens et aux saxons, vous donnez la paix dans Dresde, vous approfondissez la métaphysique , vous écrivez les mémoires d’un siècle dont vous êtes le premier homme, et enfin vous faites des vers et vous en faites plus que moi qui n’en peux plus, et qui laisse là le métier.

 

              Je n’ai point encore vu ceux dont Votre Majesté a régalé M. de Maurepas, mais j’en avais déjà vu quelques uns de l’épître à votre président des xx,  et des beaux arts.

 

Le neveu de Duguay-Trouin,

Demi-homme et demi-marsouin,

 

avait déjà fait fortune [épître à Maupertuis, de Frédéric II ; Maupertuis est de saint Malo comme Duguay-Trouin]. Nos connaisseurs disent : voilà qui est du bon ton, du ton de la bonne compagnie. Car, Sire, vous seriez cent fois plus héros, nos beaux esprits, nos belles dames vous sauraient gré surtout d’être du bon ton . Alexandre sans cela n’aurait pas réussi dans Athènes ni Votre Majesté dans Paris.

 

              L’épître sur la vanité et sur l’intérêt [Frédéric le 15 avril 1740 avait envoyé ce qui sera imprimé sous le titre d’Epître sur la Gloire et l’Intérêt.] m’a fait encore plus de plaisir que ce bon ton et que la légèreté des grâces d’une épître familière. Le portrait de l’insulaire

Qui de son cabinet pense agiter la terre ,

De ses propres sujets habile séducteur,

Des princes et des rois dangereux corrupteur,

etc.

 

est un morceau de la plus grande force et de la plus grande beauté . Ce ne sont pas là des portraits de fantaisie [Frédéric écrivait le 29 novembre 1748 qu’il envoyait « l’amas des portraits / Qu’a peints (sa) verve diffuse ».]; tous les travers de notre pauvre espèce sont d’ailleurs très bien touchés dans cette épître.

 

Des fous qui s’en font tant accroire

Vous peignez les légèretés.

De nos vaines témérités

Vos vers sont la fidèle histoire,

On peut fronder les vanités

Quand on est au sein de la gloire.

 

              Je croirais volontiers que l’ode sur la guerre [Frédéric : La Guerre présente] est de quelque pauvre citoyen, bon poète d’ailleurs, lassé de payer le dixième, et le dixième du dixième, et de voir ravager sa terre pour des querelles de rois. Point du tout , elle est du roi qui a commencé la noise [en décembre 1740, Frédéric avait envahi la Silésie, province autrichienne], elle est de celui qui a gagné les armes à la main une province et cinq batailles . Sire, Votre Majesté fait de beaux vers mais elle se moque du monde.

 

              Toutefois qui sait si vous ne pensez pas réellement tout cela quand vous l’écrivez ? Il se peut très bien faire que l’humanité vous parle dans le même cabinet où la politique et la gloire ont signé des ordres pour assembler des armées . On est animé aujourd’hui par la passion des héros . Demain on pense en philosophe. Tous cela s’accorde à merveille selon que les ressorts de la machine pensante sont montés. C’est une preuve de ce que vous daignâtes m’écrire il y a dix ans sur la liberté . J’ai relu ici ce petit morceau très philosophique . Il fait trembler . Plus j’y pense plus je reviens à l’avis de Votre Majesté. J’avais grande envie que nous fussions libres . J'ai fait tout ce que j’ai pu pour le croire . L’expérience et la raison me convainquent que nous sommes des machines faites pour aller un certain temps, et comme il plait à Dieu.

 

              Remerciez la nature de la façon dont votre machine est construite, et de ce qu’elle a été montée pour écrire l’épître à Hermotime [Frédéric : Sur l’avantage des lettres ].

 

Le vainqueur de l’Asie en subjuguant cent rois

Dans le rapide cours de ses brillants exploits

Estimait Aristote ; et méditait son livre.

Heureux si sa raison, plus docile à le  suivre,

Réprimant un courroux trop fatal à Clitus

N’eût par ce meurtre affreux obscurci ses vertus,

etc.

 

              Personne en France n’a jamais fait de meilleurs vers que ceux-là. Boileau les aurait adoptés. Et il y en a beaucoup de cette force, de cette clarté et de cette élégance harmonieuse dans votre épître à Hermotime. Votre Majesté a déjà peut-être lu Catilina, elle peut voir si nos académiciens écrivent aussi purement qu’elle [V* reprendra cette flatterie le 17 mars pour contrer Crébillon, que défend plus ou moins Frédéric].

 

              Sire, grand merci de ce que dans  votre ode sur votre académie [Frédéric : Le rétablissement de l’Académie], vous daignez aux chutes des strophes employer la mesure des trois petits vers de trois pieds ou six syllabes . Je croyais être le seul qui m’en étais servi . Vous la consacrez . Il y a peu de mesures à mon gré aussi harmonieuses, mais aussi, il y a peu d’oreilles qui sentent ces délicatesses. Votre géomètre borgne dont Votre Majesté parle n’en sait rien [Euler, né à Bâle]. Nous sommes dans le monde un petit nombre d’adeptes qui nous y connaissons, le reste n’en sait pas plus qu’un géomètre suisse. Il faudrait que tous les adeptes fussent à votre cour.

 

              J’avais en quelque sorte prévenu la lettre de Votre Majesté, en lui parlant de la cour de Lorraine, où j’ai passé quelques mois entre le roi Stanislas et son apothicaire, personnage plus nécessaire pour moi que son auguste maître, fût –il souverain dans la cohue de Varsovie.

 

J’aime fort cette Épiphanie

Des trois rois que vous me citez,

Tous trois différents de génie,

Tous trois de moi très respectés.

Louis mon bienfaiteur, mon maître,

M’a fait un fortuné destin.

Stanislas est mon médecin.

Mais que Frédéric veut-il être ?

 

              Vous daignez, Sire, vouloir que je sois assez heureux pour vous venir faire ma cour ? Moi ! voyager pendant l’hiver dans l’état où je suis ? Plût à Dieu, mais mon cœur et mon corps ne sont pas de la même espèce. Et puis, Sire, pourrez-vous me souffrir ? J’ai eu une maladie qui m’a rendu sourd d’une oreille, et qui m’a fait perdre mes dents . Les eaux de Plombières m’ont laissé languissant . Voilà un plaisant cadavre à transporter à Potsdam ! et à passer à travers vos gardes ! Je vais me tapir à Paris au coin du feu . Le roi mon maître a la bonté de me dispenser de tout service [Louis XV permet à V* de vendre sa charge de gentilhomme ordinaire de la chambre tout en gardant le titre.] . Si je me raccommode un peu cet hiver, il serait bien doux de venir me mettre à vos pieds dans le commencement de l’été. Ce serait pour moi un rajeunissement mais dois-je l’espérer ? Il me reste un souffle de vie, et ce souffle est à vous . Mais je voudrais venir à Berlin avec M. de Séchelles que Votre Majesté connaît . Elle en croirait peut-être plus un intendant de l’armée qui parle gras, et qui m’a rendu le service de faire arrêter à Bruxelles la nommée des Vignes laquelle était encore saisie de tous les papiers qu’elle avait volés à Mme du Châtelet et dont elle avait déjà fait marché avec les coquins de libraires d’Amsterdam [vente de lettres de V*, de Mme du Châtelet et de Frédéric à Ledet qui les imprima et intervention de Séchelles intendant des pays conquis]. Votre Majesté pourrait très aisément s’en informer [V* le racontait à Frédéric dès le 22 septembre 1746]. Je vous avoue, Sire, que j’ai été très affligé que vous ayez soupçonné que j’eusse pu rien déguiser [le 29 novembre 1748, Frédéric évoquait ironiquement l’éventualité d’un vol de la cassette de V* et d’une impression des vers qu’il envoyait et qui s’y trouveraient ]. Mais si les libraires d’Amsterdam sont des fripons à pendre, le grand Frédéric après tout doit-il être fâché qu’on sache dans la postérité qu’il m’honorait de ses bontés ?

 

              Pour moi, Sire, je voudrais n’avoir jamais rien fait imprimer, je voudrais n’avoir écrit que pour vous, avoir passé mes jours à votre cour, et passer encore le reste de ma vie à vous admirer de près . J’ai fait une très grande sottise de cultiver les lettres pour le public . Il faut mettre cela au rang des vanités dangereuses dont vous parlez si bien . Et en vérité, tout est vanité hors de passer ses jours auprès d’un homme tel que vous.

 

              Faites comme il vous plaira, mais mon admiration, mon très profond respect, mon tendre attachement ne finiront qu’ avec ma vie.

 

              V. »

 

 

             

 

 

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