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27/01/2010

La baronne fut inflexible et voulut absolument dispenser toute sa maison de la douleur de la regretter

 

 http://www.dailymotion.com/video/x1smbz_freres-jacques-la...

 

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           Pomme sur confiture-gelée de coing maison

Si quelqu'un peut m'identifier cette pomme, à la chair très blanche et murissement tardif, qu'il ou elle parle sans peur et sans crainte ! ce n'est pas de la délation !...

 

 

 

Très agréable amis, parfois, que ceux de Voltaire ! Les envois de nourritures terrestres ( y compris des pâtés ) n'étaient pas trop rares et de temps en temps étaient source de bons empoisonnements et gastro qui ramonent . La baronne en question ci-dessous, n'aura pas eu le temps de voir la couleur des pots de confiture et grâce au déiste Voltaire aura gagné un billet de paradis (?) pour l'au-delà.

 

« A Jean-Baptiste-Nicolas Formont

 

Ce 27 janvier  [1733]

 

             Les confitures que vous aviez envoyées à la baronne [Mme de Fontaine-Martel], mon cher Formont, seront mangées probablement par sa janséniste de fille [Mlle d’Estain, sur laquelle il courut le bruit qu’elle était fille illégitime] qui a l’estomac dévot, et qui héritera au moins des confitures de sa mère à moins qu’elles ne soient substituées comme tout le reste à Mlle de Clerc. Je devais une réponse à la charmante épître dont vous accompagnâtes votre présent, mais la maladie de notre baronne suspendit toutes nos rimes redoublées ; je ne croyais pas il y a huit jours que les premiers vers qu’il faudrait faire pour elle seraient son épitaphe. Je ne conçois pas comment j’ai résisté à tous les fardeaux qui m’ont accablé depuis quinze jours. On me saisissait Zaïre [Rouillé, responsable de la Librairie, interdit que l’épître dédicatoire au négociant Fawkener paraisse dans l’édition de Zaïre publiée avec privilège] d’un coté, la baronne se mourait de l’autre, il fallait aller solliciter le garde des Sceaux et chercher le viatique. Je gardais la malade pendant la nuit et j’étais occupé du détail de la maison tout le jour. Figurez-vous que ce fût moi qui annonçai à la pauvre femme qu’il fallait partir. Elle ne voulait point entendre parler des cérémonies du départ ; mais j’étais obligé d’honneur à la faire mourir dans les règles. Je lui amenai un prêtre moitié janséniste, moitié politique qui fit semblant de la confesser, qui vint ensuite lui donner le reste. Quand ce comédien de Saint Eustache lui demanda tout haut si elle n’était pas bien persuadée que son Dieu, son créateur était dans l’eucharistie, elle répondit ah, oui ! d’un ton qui m’eut fait pouffer de rire dans des circonstances moins lugubres. Je fis tout ce que je pus pour engager la mourante à laisser quelque chose à ses domestiques et surtout à une jeune personne de condition qu’elle avait prise depuis peu auprès d’elle, et qu’elle avait arrachée à sa famille sur l’espérance qu’elle lui avait donnée de la mettre sur son testament [Mlle de Grandchamp, nièce de Mme Dandrezel ; la duchesse d’Orléans s’occupera d’elle.]. La baronne fut inflexible et voulut absolument dispenser toute sa maison de la douleur de la regretter. Il y avait trois ans qu’elle avait fait un testament pour déshériter sa fille unique autant qu’elle le pouvait. Mais depuis ce temps elle avait renouvelé deux ou trois fois sa maison et ses amis. Pour moi je suis à présent dans l’embarras de chercher un logement et de réclamer mes meubles qui étaient confondus avec ceux de la baronne. Sans tous ces malheureux contretemps ma nouvelle tragédie serait bien avancée [Adélaïde du Guesclin]. A l’égard des Lettres anglaises je les ai envoyées à Thiriot qui compte en tirer à Londres beaucoup d’utilité [En 1733, Thiriot fait imprimer à Londres les Letters concerning the English nation, comprenant les lettres écrites directement en anglais et une partie des lettres récentes écrites en français et traduites en anglais ; il avait commencé à les composer au printemps 1728 et les rédigera à nouveau en 1732 en français]. Je ne sais si je les ferai imprimer dans ce pays ci et si je me hasarderai à braver encore l’inquisition qui persécute la littérature. J’attends le retour de Jore [imprimeur rouennais] à Paris pour me résoudre. Adieu, je vais être trois mois entiers tout à ma tragédie, après quoi je veux me consacrer le reste de ma vie à de amis comme vous. Adieu, je vous aime autant que je vous estime.

 

             V. »

 

 

 

 

 

Dédicace spéciale à Jean-Baptiste-NICOLAS Formont  : http://www.ina.fr/fictions-et-animations/feuilletons-et-s...

 

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