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09/07/2010

Il me paraît absurde de m'attribuer un ouvrage ... mais la calomnie n'y regarde pas de si près.

 

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert


 

9 de juillet [1769]


 

Mon cher philosophe, je vous envoie la copie d'une lettre que je suis obligé d'écrire à l'auteur du Mercure [*]. Je vois que cette Histoire du Parlement qu'on m'impute, est la suite de ce petit écrit qui parut, il y a dix-huit mois, sous le nom du marquis de Bélestat [cf. lettre du 20 septembre à Mme du Deffand, où il dit que les deux derniers chapitres de l'Histoire du parlement sont du même style que l'Examen ...], et qui fit tant de peine au président Hénault [**]. C'est le même style ; mais je ne dois accuser personne, je dois me borner à me justifier . Il me paraît absurde de m'attribuer un ouvrage dans lequel il a deux ou trois morceaux qui ne peuvent être tirés que d'un greffe poudreux, où je n'ai assurément pas mis le pied ; mais la calomnie n'y regarde pas de si près.


 

Je vous demande en grâce d'employer toute votre éloquence et tous vos amis pour détruire un bruit encore plus dangereux que ridicule [***]. Ma pauvre santé n'avait pas besoin de cette secousse. Je me recommande à votre amitié.


 

J'attends M. de Schomberg [qui fut chambellan du duc d'Orléans et inspecteur général de la cavalerie]. Il voyage comme Ulysse qui va voir les ombres. Mon ombre vous embrasse de tout son cœur. »

 

 

*Cette lettre publiée par V* dans le Mercure reparle de l'Examen de la nouvelle histoire de Henri IV … par M. le marquis de B*** (Bélestat), et signale des erreurs historiques ; V* se dit surtout choqué par « l'extrême injustice avec laquelle on y censure l'ouvrage de M. le président Hénault » et 'l'injustice encore plus absurde » qu'on lui avait faite en lui attribuant cet Examen. On renouvelait cette injustice en lui attribuant l'Histoire du parlement : « pour composer un livre utile sur cet objet il faut avoir fouillé pendant une année entière au moins dans les registres ... » or il est « absent de France depuis plus de vingt années... uniquement occupé à d'autres objets. »


 


 

**Mme du Deffand, le 29 septembre 1768, dit à V* qui avait signalé à Hénault ce qu'on disait de son ouvrage dans l'Examen … :  « heureusement qu'il n'en a pas été fort troublé. » Cf lettres du 18 septembre, 26 octobre, 21 décembre 1768 et 13 janvier et 3 février 1769.



 

***Le 23 juin, Dupan écrivait : « Le livre où il est mal parlé du roi est intitulé l'Histoire des parlements … C'est une chose inconcevable que Voltaire ose attaquer le roi comme il l'a fait dans un chapitre de ce livre. »

V* dans une lettre à la duchesse de Choiseul, le 18 septembre, reniera particulièrement ces passages : « … comment croira-t-on que j'ai dit que le roi « donna » des pensions à tous les conseillers qui jugèrent Damiens, tandis qu'il est de notoriété publique qu'il n'en donna qu'aux deux rapporteurs ? … comment aurais-je dit qu'on « fit un procès à Damiens » et qu'on « perpétra » son supplice ? Tout cela est absurde, et aussi impertinent que mal écrit ».

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