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12/07/2010

L'ouvrage peut devenir nécessaire aux étrangers qui apprennent notre langue par règles et aux Français qui ne la savent que par routine

 

 

 

«  A Charles Pinot Duclos


 

Au château de Ferney, 12 juillet 1761.


 

J'apprends, Monsieur, par votre signature, que vous êtes à Paris. Le projet que vous avez approuvé trouve bien de la faveur [Édition critique de Corneille, qu'il a demandé à l'Académie d'entreprendre, ayant chez lui Marie-Françoise Corneille qu'il veut doter]. Le Roi daigne permettre que son nom soit à la tête des souscripteurs pour deux cents exemplaires, plusieurs personnes ont souscrit pour dix, pour douze, pour quinze. Je ne ferai imprimer le programme que quand j'aurai un assez grand nombre de noms illustres. Ne pourriez-vous pas, vous, Monsieur, qui êtes le premier moteur de cette bonne œuvre honorable pour la nation, et peut-être utile, me faire savoir pour combien souscriront nos académiciens, de rore coeli et pinguedine terrae ?[=de la rosée du ciel et de la graisse de la terre]


 

L'ouvrage peut devenir nécessaire aux étrangers qui apprennent notre langue par règles et aux Français qui ne la savent que par routine. J'ai déjà ébauché Médée, Le Cid, Cinna, j'ai commencé entièrement les Horaces. Je m'instruis en relisant ces chefs-d'œuvre mais je m'instruis trop tard.


 

Mon commentarium perpetuum [= commentaire au fil du texte] est attaché sur de petits papiers, avec ce qu'on appelle mal à propos pain enchanté,[= « pain enchanté » ou « pain à chanter » (la messe) = pain à cacheter] à la fin de chaque page. Je me suis servi du seul tome que j'ai recouvré dans ce pays barbare d'une petite édition que fit faire Corneille [à Duclos, il dira le 14 septembre qu'il veut continuer sur l'édition de 1664 ; dans sa bibliothèque on a trouvé les éditions de 1638, 1664, 1723,1747 … cf. lettre à Duclos du 14 septembre] dans laquelle il inséra toutes ses imitations de Guillain de Castro, de Lucain, et de Sénèque.


 

Si l'Académie l'agrée, si cela vous amuse, je vous enverrai le commentaire des Horaces tout griffonné qu'il est . L'Académie décidera de mes réflexions et vous aurez la bonté de me renvoyer au plus tôt cet exemplaire unique.


 

Ma nièce, celle de Corneille, et moi, nous vous remercions de l'intérêt que vous prenez à cette affaire et de tous vos soins généreux.


 

V. »

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