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20/09/2010

Il faudrait que Mme de Pompadour fût une grande poule mouillée pour craindre ma fière dédicace

http://www.deezer.com/listen-4708926

 

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

envoyé de Parme, rue de la Sourdière à Paris

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

 

 

20 septembre 1760

 

Madame Scaliger, vous êtes divine, vous nous avez donc secourus dans la guerre, vous avez payé de votre personne. Vous avez pansé des blessés et mis les morts à quartier. C'est à vous que la dédicace devrait appartenir.[i]

 

Mes divins anges,nous jouâmes hier Alzire, nous allons rejouer Tancrède. Nous sommes à l'abri des cabales. C'est beaucoup. Nos plaisirs sont purs. M. le duc de Villars, grand connaisseur, nous encourage. Notre théâtre commence à être en réputation. Brioché n'avait pas si bien réussi chez les Suisses [ii]. Envoyez nous donc la pièce telle qu'on la joue à Paris. Vous donnez L'Indiscret [iii]. La pièce n'est-elle pas un peu froide ?

 

Le comique écrit noblement

Fait bailler ordinairement .[iv]

 

Si Tancrède avait un plein succès, il faudrait hardiment donner La Femme qui a raison [v]. Car qu'elle ait raison ou non elle est gaie. Et la morale est bonne. Il y a beaucoup de coucherie, mais c'est en tout bien tout honneur.

 

Il faudrait que Mme de Pompadour fût une grande poule mouillée pour craindre ma fière dédicace.[vi] Pardon , divins anges, de mon laconisme. Il faut marier demain notre résident de France [vii] dans mon petit château de Ferney. Nous sommes occupés à imaginer une façon nouvelle de dire la messe. Et je vais répéter deux rôles, Argire et Zopire [viii]. La tête me tournera si je n'y prends garde.

 

Je baise le bout de vos ailes humblement. »

 

i Cf. lettre du 8 septembre pour la « bataille » de Tancrède et dédicace à Mme de Pompadour.

ii Cf. le Pot pourri que V* commence à composer (voir lettre du 5 septembre 1760 ) . Brioché qui avait montré ses marionnettes à Soleure avait été accusé de magie par les paysans et emprisonné.

iii Pièce pour accompagner Tancrède à sa dernière représentation du 2 octobre.

iv Extrait de L'Impromptu de la folie, 1726, de Marc-Antoine Le Grand.

v Jamais jouée en public à Paris.

vi Cf. lettre du 8 septembre ; Mme de Pompadour fit supprimer quelques lignes de l'Épitre dédicatoire , elle fera demander par Choiseul que V* n'ajoute pas de préface pour ne pas être compromise.

vii M. de Montpéroux ; V* a entrepris la construction d'une nouvelle église à Ferney, et vient juste de finir les travaux de son château de Ferney.

viii Dans Tancrède et dans Mahomet.

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