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06/01/2011

un génie malin qui se moque de nous tous, et qui abandonne tout Paris à son temps réprouvé. Cela s'étend aussi à la banlieue

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Le barreau étant, depuis bien des lustres, une tragi -"comédie", je mets mes pas dans ceux de Brassens : Gare au gorille , avec son épilogue qui me ravit :

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Et A voix basse , de Juliette :

"Un article du code pénal,

Poilu comme une moisissure,

S'est comporté comme un vandale

Se soulageant dans mes chaussures "

http://www.deezer.com/listen-909265 . Je ne cesse d'admirer le pouvoir créatif de cette femme .

 

 

« A Alexandre-Marie-François de Paule de Dompierre d'Hornoy

6è janv[ier] 1774

Je veux croire, mon cher ami, pour l'honneur du climat de Paris, que vous n'avez pas le quart des neiges que nous avons à Ferney, et que vous allez tous les jours par un chemin très sec de La Chevrette i à la capitale. Vous allez augmenter votre famille ii. Voila une belle génération de gentilshommes picards qui se forme . Mes compliments à madame d'Hornoy et à ses enfants, s'il vous plait.

J'ai plus de correspondance avec les Grandes Indes qu'avec Paris. Cependant je ne laisse pas d'être informé quelquefois de ce qui se passe dans votre ancienne patrie. On m'a fait parvenir tout ce qui s'est dit, écrit, et fait , dans le drôle de procès de cet intrépide et plaisant Beaumarchais, qui se bat seul contre neuf ou dix personnes iii, qui donne à l'une quelques soufflets, à l'autre force coups de pieds au cul, qui les jette tous par terre et qui rit à leur nez quand ils sont tombés.

Le barreau est devenu une comédie où l'on bat des mains, où l'on rit, et où l'on siffle.

J'ai été un peu scandalisé de la Correspondance et des Œufs rouges iv, dans lesquels on prétend que nous devons manger les meilleurs petits pâtés du monde attendu que votre oncle l'abbé Mignot est , disent-ils, le petit-fils de ce fameux pâtissier Mignot dont il est parlé dans Boileau ; mais Boileau dit expressément que ce Mignot était un empoisonneur v, ce qui fait grand tort à la bonne chère que nous devons faire.

Un polisson nommé Clément s'est avisé de répéter cette belle généalogie dans une lettre critique à moi adressée vi, et imprimée avec permission tacite, de sorte qu'il est décidé à présent dans Paris que l'abbé Mignot n'osera plus faire servir de la pâtisserie sur sa table, à moins qu'elle ne soit excellente.

Il semble qu'il y ait un génie malin qui se moque de nous tous, et qui abandonne tout Paris à son temps réprouvé. Cela s'étend aussi à la banlieue. On m'a envoyé de tous côtés le testament de mort des deux dragons qui se sont avisés de mourir comme Caton, après avoir bu bouteille. Mais je trouve ces marauds fort impertinents de m'avoir fourré dans leurs caquets vii. Je me serais fort bien passé de leurs louanges. Je les suivrai bientôt, ce sera d'une façon toute naturelle. Mes quatre vingts ans, et mes maladies continuelles m'avertissent de faire mon paquet.

Je suis fâché que la nouvelle Mme de Florian viii soit en train de m'accompagner. Il est difficile qu'elle échappe à la maladie funeste dont elle est attaquée. Elle est condamnée par les médecins de Genève et de Montpellier malgré les remèdes du charlatan suisse ix qui connait si bien les maladies et le caractère des gens par une petite bouteille d'urine envoyée par la poste. Ne faites pas semblant de savoir ce triste arrêt quand vous écrirez à Florian. A peine le sait-il lui-même ; il faut lui laisser la consolation de l'espérance. Pendant que nous mourons, continuez votre belle occupation de repeupler le monde. Faite-nous de gros garçons vertueux comme vous ; que la bénédiction de Jacob se répande sur toute votre famille, et sur celle de M. et Mme de Magnanville x.

Je vous écris le jour que trois grands rois apportèrent de l'encens, de la myrrhe et de l'or au divin enfant. Je ne vous en envoie point, parce que je n'en ai point.

On dit que le fermier général La Boissière avait deux millions en or dans une petite cassette quand il est mort. On n'en trouvera pas tant dans la mienne. Adieu, mon cher ami, bien des compliments à l'accouchée, ou à l'acccouchable. »

 

i Propriété du beau-père de d'Hornoy, Magnanville, près de Paris.

Voir aussi : http://amue.academia.edu/PierreYvesBEAUREPAIRE/Papers/240...

ii Une fille, Constance.

iii Affaire Goëtzmann ; cf. lettre du 17 janvier à d'Argental .A venir...

iv La Correspondance secrète ou familière de M. de Maupéou avec M. de Sor*** ou Maupéouana de Augeard ; les Oeufs rouges de monseigneur Sorhouet mourant . A Monsieur de Maupéou, attribués à Mairobert ou à Augeard. Cf. http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/12/29/j...

v Dans les « Satires » de Nicolas Despréaux/Boileau: « Car Mignot c'est tout dire, et dans le monde entier / Jamais empoisonneur ne sut mieux son métier. » ; voir fin page 21 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70170v/f32.image.pa...

 

vi La Quatrième lettre à M. de Voltaire ; cf. lettre du 30 décembre 1773 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/12/29/j...

 

vii Affaire racontée par Grimm dans la Correspondance Littéraire en janvier 1774 . Deux jeunes gens, Bourdeaux et Humain, se suicidèrent dans un cabaret à StDenis le jour de Noël 1773 et laissèrent un testament assez nettement matérialiste et uù ils ne mentionnaient pas V*.

Page 341-347 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57843695/f345.image...

viii Lucrèce-Angélique Rilliet, née Normandie, deuxième femme du marquis de Florian, divorcée et huguenote. La première femme du marquis ayant été Marie-Elisabeth Mignot le 7 mai 1762, veuve de Nicolas-Joseph de Dompierre de Fontaine en 1758, cette nièce de V* mourra en 1771. Cf. lettre à d'Argental du 1er avril 1772 . Et Page 128 lettre au cardinal de Bernis: http://books.google.be/books?id=1v1BAAAAYAAJ&pg=PA128...

 

ix D'après Wagnière, « Michel Schuppac, appelé le médecin de la montagne, qui demeurait à Langnau, auprès de Berne. » Il avait soigné la nouvelle madame Florian avec « une liqueur rouge inconnue... mordante et stimulante » qui selon V*, « excite la toux et donne la diarrhée » et « n'est autre chose qu'un vrai poison pour la poitrine. »

Page 217 : http://books.google.be/books?id=ETsuAAAAYAAJ&pg=PA363...

x Beaux-parents de d'Hornoy : Marie-Emilie Joly de Choin qui épousa (en 1744) Charles-Pierre Savalette de Magnanville.D'Hornoy a épousé leur fille Louise-Sophie, et naissent, en 1774 Charlotte-Marie-Sophie et Victor en 1776. http://gw1.geneanet.org/index.php3?b=garric&lang=fr;p...

 

 

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